LONDRES (AFP) - La jeunesse et le lyrisme d'Arsenal s'opposent à l'expérience et au pragmatisme de la Juventus Turin, mardi lors d'un quart de finale de la Ligue des champions de soccer marqué par le retour à Highbury de l'ancien capitaine des "Gunners", Patrick Vieira.

"Gunner" pendant neuf saisons avant d'émigrer cet été en Italie, Vieira a dû sourire au sort qui le ramène à Londres. Le Français devrait y être dignement reçu, tant par ses anciens coéquipiers que par des supporteurs qui n'ont pas oublié sa contribution.

Vieira s'est révélé avec Arsenal, club qui lui a donné trois titres de champion d'Angleterre. Mais l'Europe ne s'est pas offerte à lui de la même manière - deux seuls quarts de finale en 2001 et 2004 -, d'où sans doute ce départ vers l'Italie.

Car avec ses sept finales de C1, l'éternelle "Juve" pèse d'un autre poids sur la scène continentale. Leader du Championnat d'Italie avec huit points d'avance, elle s'appuie sur une équipe des plus homogènes, où l'âge vient comme une garantie de sérieux.

Le onze de départ italien face à Brême en 8e de finale présentait une moyenne d'âge de 29,8 ans. Ce qui n'a pas empêché la Juventus, que la chance semble ne jamais abandonner, de se qualifier par la grâce d'une énorme erreur du gardien allemand Tim Wiese dans les dernières minutes.

Face à la sagesse italienne, Arsenal compte au contraire sur la fougue de sa jeunesse. L'équipe de départ lors des deux matches de la qualification aux dépens du Real Madrid en 8e de finale (0-1, 0-0) avait une moyenne d'âge d'exactement 25 ans.

Tempérer ses élans

L'Italie évoque ainsi ce match en parlant des "maestros" contre les "bambinis". La dernière équipe de bambins à avoir remporté la Ligue des champions est l'Ajax de 1995. C'est pourtant l'objectif d'Arsenal, dont la participation à la C1 l'an prochain n'est pas assurée alors qu'il bataille pour la 4e place en Championnat.

La meilleure chance des Londoniens réside peut-être dans l'irrespect de leur insouciance. La Juventus, qui sera tout de même privée de deux joueurs importants avec Alessandro Del Piero et Pavel Nedved, aime imposer son rythme derrière un milieu de terrain compact.

Mais les "Gunners" ont les qualités techniques pour échapper au pressing italien dans ce secteur, à l'image de Cesc Fabregas, l'héritier de Vieira. "Patrick a été un joueur incroyable pour nous et je suis sûr que Cesc le sera aussi", estime d'ailleurs Arsène Wenger.

Le manageur d'Arsenal, qui retrouve à la Juventus un autre joueur qu'il a éduqué à Monaco, Lilian Thuram, n'aura finalement pas à effectuer un choix qui s'annonçait douloureux: choisir en défense centrale entre Sol Campbell et Philippe Senderos. Campbell s'est blessé légèrement à un orteil dimanche à l'entraînement et est forfait.

Pour imiter Liverpool, qui avait sorti la "Juve" l'an passé en quarts, Arsenal - dont la défense n'a encaissé que deux buts en huit matches de C1 - devra certainement tempérer ses élans offensifs, pour trouver le meilleur équilibre en vue du retour.