L'élimination de la Nazionale sur la route du Mondial continue à faire des victimes : après le sélectionneur Gian Piero Ventura, c'est le président de la fédération Carlo Tavecchio qui a dû démissionner lundi, laissant l'Italie du soccer face à un grand vide.

Le compte à rebours avant ce grand ménage avait été enclenché il y a une semaine, quand les Azzurris ne sont pas parvenus à battre la Suède en barrages (1-0; 0-0), tirant un trait sur la Coupe du monde l'été prochain en Russie, la première qu'ils manqueront depuis 1958.

Âgé de 74 ans, Tavecchio avait été élu président de la Fédération (FIGC) en août 2014. Son choix de ne pas démissionner dans la foulée de l'élimination de l'équipe nationale avait été critiqué par de nombreux acteurs du monde du soccer, mais aussi par le président du Comité olympique italien (CONI), Giovanni Malago.

Sa position était donc de moins en moins tenable et il a été finalement abandonné lundi par ses soutiens de la Ligue Amateurs, lors d'un conseil fédéral, ce qui l'a contraint à la démission.

Lors d'une spectaculaire conférence de presse, Tavecchio, très en colère, a regretté d'avoir été le seul à remettre sa démission. « J'avais aussi demandé celle de tout le conseil fédéral. Mais personne ne l'a remise. Il n'y a eu que la mienne », a-t-il éructé.

Le choix de Ventura

« Des décisions graves ont été prises alors que les deux acteurs les plus importants, la Serie A et la Serie B, étaient absents », a-t-il aussi déploré.

Des élections à la tête des deux instances sont en effet prévues avant la fin du mois de novembre et Tavecchio souhaitait attendre jusque-là pour présenter à l'ensemble des composantes du soccer italien son plan de relance.

Ses opposants ne l'ont pas accepté et de nouvelles élections fédérales sont prévues dans un délai de 90 jours. Le président démissionnaire devait se charger de les organiser, mais Giovanni Malago a annoncé dès lundi que le CONI allait demander mercredi la mise sous tutelle de la FIGC.

Toujours très remonté, Tavecchio a aussi défendu son bilan, rappelant tantôt que l'Italie aurait dès la saison prochaine quatre équipes qualifiées directement en Ligue des Champions, tantôt son poids dans l'élection d'Aleksander Ceferin à la tête de l'UEFA.

Mais comme tout ramène au terrain, le président démissionnaire a surtout rappelé qu'il « paye pour avoir choisi Ventura » après l'Euro 2016. 

Il a tout de même précisé que son choix s'était à l'époque plutôt dirigé vers Marcello Lippi, l'entraîneur des champions du monde 2006, qui devait former un binôme technique avec Ventura. Lippi n'avait finalement pas été nommé, du fait des activités d'agent de son fils.

« Quatre ou cinq entraîneurs »

En attendant, la sélection italienne n'a donc pas d'entraîneur, la piste Carlo Ancelotti (dont le Bayern s'est séparé cet automne) s'étant nettement refroidie selon plusieurs médias italiens.

« J'ai parlé avec quatre ou cinq grands entraîneurs. Ils pourront dire ce qu'ils ont à dire mais aucun ne dira qu'il ne veut pas venir à cause de Tavecchio. C'est un mensonge », a tonné l'ancien président de la FIGC.

À cause de Tavecchio, peut-être pas. Mais on peut penser que l'état actuel du football italien ne donne pas très envie de s'engager.

L'urgence n'est cependant pas absolue, puisque l'Italie n'a que deux matches amicaux au mois de mars à son programme des six prochains mois. La possibilité de voir un intérimaire (comme le sélectionneur des Espoirs Luigi Di Biagio) prendre en charge la Nazionale est donc grandissante. 

Mais pour d'autres dossiers, comme la formation, le semi-professionnalisme ou la réduction du nombre de clubs professionnels, il ne faut pas traîner.