PARIS - Certains voient en lui un nouveau Pelé, d'autres un enfant doué mais gâté et surcoté : à 22 ans, Neymar est la vedette incontestée du Brésil qui compte sur lui pour remporter sa Coupe du monde même si ses performances en Europe font débat.

Depuis la retraite du « Roi », le Brésil cherche son successeur. Beaucoup estiment que Neymar, qui a fait l'essentiel de sa jeune carrière à Santos comme son glorieux ainé, est enfin cet héritier. L'attaquant a tout pour lui. Il est un dribbleur hors pair, il a une belle vision du jeu et marque des buts.

Il a porté Santos sur ses épaules pour le mener à une Coupe Libertadores, la Ligue des champions sud-américaine (2011), une Coupe des Coupes sud-américaine (2012), un titre brésilien et trois championnats paulista. Pas moins de 136 buts en 225 matchs... ses performances ont été si bonnes que les clubs du monde entier ont voulu le recruter, de Chelsea au Real Madrid, avant que le FC Barcelone n'arrache la star pour un transfert dont plus personne ne connaît le montant après un scandale judiciaire.

Par ailleurs, ses commmanditaires se comptent par dizaines, la star a crée une marque à son nom (NJR), une BD à sa gloire a été éditée... Au pays du soccer, il est la star du sport-roi, et le joueur, qui a longtemps arboré une crête dorée est un people dont les amours avec la top-modèle Bruna Marquezine ont fait fantasmer le pays.

Difficile das ces conditions de ne pas avoir la grosse tête. En 2010 alors qu'il était encore à Santos, il avait insulté son entraîneur Dorival Junior parce qu'il avait désigné un autre joueur pour tirer un penalty. Et Santos lui avait donné raison en licenciant l'entraîneur, une fois la saison terminée.

« On est en train de créer un monstre », s'était écrié René Simoes, technicien chevronné ayant entraîné des sélections brésiliennes de jeunes.

Défendu par Scolari

La phrase est restée célèbre. Mais Neymar avait aussi vu son ego dégonflé en décembre 2011 en finale du Mondial des clubs qu'il convoitait et jugeait à sa portée... 90 minutes et une leçon de soccer du Barça (4-0) l'avaient resitué dans la hiérarchie mondiale. « Avant de devenir Pelé, qu'il devienne déjà Messi », a d'ailleurs rappelé Romario, à ESPN. En Angleterre, une blague circule : « En regardant jouer Neymar, on est obligé de se dire quel immense talent, quelle habileté pure, quelle créativité doit avoir son agent ».

Mais le joueur a mis de l'eau dans son vin de supervedette. Au Barça, il a adopté un profil bas tout en se montrant souvent décisif pendant les périodes d'absence de Messi alors qu'il découvre le soccer européen.

Il a en Luiz Felipe Scolari, le sélectionneur brésilien, un fervent défenseur, qui l'utilisera dans un système qui lui convient : « Le cas de Neymar est très simple, seuls ceux qui ferment les yeux ne le voient pas. Neymar est très souvent critiqué par la presse espagnole parce qu'elle a intérêt à ce qu'il ne soit pas très mis en valeur », a dit Felipao à Globo.

Neymar a aussi muri hors du terrain. Interrogé sur le prix de sa célébrité, il a déclaré à TV Caras : « Je suis un mec normal. J'aime bien aller à une fête, au cinéma, au shopping... Mais, heureusement, et je dis bien heureusement, grâce à ce que je suis devenu, je ne peux plus aller au shopping ou à la plage. Ça me manque mais je remercie Dieu pour ce que j'ai".

il a une pression énorme sur les épaules. Les 200 millions de Brésiliens attendent de lui qu'ils fassent gagner la seleçao à domicile. S'il les déçoit, les quatre ans d'ici la prochaine Coupe du monde vont lui paraître longs. S'il les satisfait, il sera un Prince adulé qu'on continuera à comparer au Roi Pelé, dont le talent avait explosé à la face du monde en 1958 en Suède à l'âge de 18 ans.