RIO DE JANEIRO, AFP - Edson Arantes do Nascimento dit Pelé, "le roi", l'ancienne gloire du soccer brésilien et mondial, idole intouchable et au-dessus de tout soupçon, voit pour la première fois son image éclaboussée par une escroquerie.

A 61 ans, le héros national, ancien ministre des Sports et même ex-aspirant à la présidence du Brésil, se concentre maintenant sur sa défense face aux accusations d'anciens associés.

Des dénonciations, récemment rendues publiques, selon lesquelles PS&M aurait détourné 700 000 dollars soit-disant destinés au Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) pour une opération de bienfaisance qui n'a jamais vu le jour sont au coeur de l'affaire.

Il y a une semaine, Pelé a entamé des poursuites judiciaires pour escroquerie contre Helio Viana, son ancien associé dans l'entreprise Pelé Sports & Marketing (PS&M) qui gère sa marque. Viana détenait 40% des parts contre 60% à celui qui fut élu "Footballeur du XXe siècle".

Pelé accuse son principal conseiller et ami pendant 20 ans d'escroquerie, détournement de fonds et appropriation illégale d'argent. "Nous sommes en procès contre Viana, qui a détourné l'argent de la PM&S quand il en était directeur-président", a confirmé l'avocat de Pelé, Nelio Machado.

Avec cette initiative, "le roi" a en fait pris les devants, car le ministère public s'apprêtait à faire un procès à Viana et à Pelé devant le Tribunal de la Justice du Travail.

D'après les accusations, PS&M a reçu les 700 000 dollars de la banque Patricios d'Argentine, comme partie d'un prêt de trois millions de dollars pour organiser l'événement. Peu après, la banque a fait faillite et PS&M aurait gardé les 700 000 dollars.

Les larmes de l'idole

D'après le quotidien Folha de Sao Paulo de vendredi, Pelé aurait utilisé une partie de l'argent (150 000 dollars), fin 1994, pour faire un prêt au club de Santos afin de financer le transfert du joueur Giovanni. L'ancien président du Santos, Samir Abdul-Hack, a confirmé l'assertion. Néanmoins, il reste à prouver que l'argent soit le même que celui de la campagne de l'UNICEF.

Pour préserver son image, Pelé a annoncé un audit et la fermeture de PS&M, et le transfert de toutes ses activités à la nouvelle société Pelé Pro gérée par son fils, Edino Cholby do Nascimento.

Avant ce scandale d'escroquerie, la PS&M avait déjà fait l'objet d'une enquête dans le cadre de celle menée par la Commission d'enquête du Sénat sur les irrégularités dans le soccer brésilien (CPI).

A deux reprises, Viana avait été longuement interrogé par les sénateurs, qui le soupçonnaient d'envois illégaux de devises à l'étranger.

Interrogé ensuite, Pelé avait été reçu, lui, en héros par les sénateurs, qui avaient évité les questions embarrassantes. L'idole, en veine d'émotion, avait pleuré copieusement à l'évocation de la Coupe du monde 1958, qui avait fait de lui un champion du monde de 17 ans.

Le rapport final de la CPI sera soumis à un vote des sénateurs, la semaine prochaine, ouvrant la voie, après quinze mois d'enquêtes et d'auditions, à des actions judiciaires. On ignore si le nom de Pelé y figurera.