Le soccer anglais malade de ses joueurs
Soccer vendredi, 17 oct. 2003. 12:32 jeudi, 12 déc. 2024. 10:58
LONDRES (AFP) - Après avoir souffert de la violence de ses "hooligans", le soccer anglais voit aujourd'hui son image entachée par ses propres joueurs, dont le comportement reflète de plus en plus celui des supporteurs, selon des sociologues spécialistes du ballon rond.
"L'attitude des joueurs est le miroir de l'attitude de leurs fans, mais ce n'est pas surprenant, ils viennent le plus souvent du même milieu", estime John Williams, directeur du Centre de recherches sur le soccer au sein de l'université de Leicester (centre), dans un entretien avec l'AFP.
Bagarres et insultes sur le terrain, viols présumés lors des "troisièmes mi-temps", rumeurs de dopage, menace de grève des internationaux: dans la presse britannique, les joueurs débordent de plus en plus souvent des pages sport pour la rubrique faits divers.
"En accédant à la célébrité, ces adolescents de 18 à 20 ans sont coupés de leurs racines, explique John Williams. Mais en même temps, ils n'ont pas la 'culture' pour exister dans un autre monde".
"Boisson et masculinité"
Difficile, il est vrai, de garder la tête froide quand on passe, parfois en quelques semaines, du statut de quasi-smicard à celui de millionnaire. Mais parallèlement aux salaires qui enflent, atteignant 30.000 livres par semaine pour certaines jeunes vedettes, la presse est également plus inquisitrice, traquant leurs faits et gestes.
Un jour, il s'agit d'une addition de 3000 livres réglée par Kieron Dyer (Newcastle), lors d'une sortie arrosée dans un bar du West End londonien. Mais parfois l'histoire est moins ragoûtante, comme ce viol collectif présumé sur une adolescente de 17 ans, qui aurait impliqué plusieurs joueurs de première division, le 27 septembre, dans un hôtel chic de Londres.
Chaque fois, un même commun dénominateur: l'alcool. "Boisson et masculinité sont étroitement liées en Angleterre, notamment dans les milieux populaires", explique John Williams.
Pour éradiquer cette culture profondément ancrée chez certains de ses joueurs, le club londonien d'Arsenal a enrôlé Tony Adams, une ancienne figure de l'équipe, dont la carrière avait été écornée par un goût prononcé pour la bière.
Anges ou démons ?
"Les seuls modèles dont disposent les jeunes professionnels anglais sont les joueurs étrangers", estime John Williams. Et de citer Nicolas Anelka (Manchester City), qui ne touche pas à la moindre goutte d'alcool, ou encore Patrick Vieira et Robert Pires (Arsenal), plus habitués des restaurants chics que des bars. Sans parler de Gianlucca Vialli (Chelsea), l'ex-international italien, qui passait son temps à la Tate Gallery.
Anges ou démons ? La presse tabloïde, qui brûle aussi vite ses idoles qu'elle les encense, a fait son choix. Andrew Parker, sociologue du sport à l'université de Warwick (centre), est plus modéré, dénonçant, notamment dans cette histoire de viol collectif, "un procès fait par la presse, sans preuve".
Sur le fond, "il n'y a rien de réellement nouveau", explique-t-il à l'AFP. Toutes les générations de joueurs anglais ont eu leur "mouton noir", rappelle-t-il, de George Best à Paul "Gazza" Gascoigne, en passant par Vinnie Jones et son "gang de Wimbledon".
"Mais le phénomène récent est l'intensité de la surveillance de la presse", insiste Andrew Parker. Et de souligner que les clubs professionnels anglais ont financé des programmes destinés à préparer les jeunes joueurs à la pression sociale, commerciale ou médiatique à laquelle ils risquent d'être soumis.
"Sans ces programmes (NDLR: dont il a participé à la conception), peut-être que nous aurions plus d'incidents", reconnaît-il cependant.
"L'attitude des joueurs est le miroir de l'attitude de leurs fans, mais ce n'est pas surprenant, ils viennent le plus souvent du même milieu", estime John Williams, directeur du Centre de recherches sur le soccer au sein de l'université de Leicester (centre), dans un entretien avec l'AFP.
Bagarres et insultes sur le terrain, viols présumés lors des "troisièmes mi-temps", rumeurs de dopage, menace de grève des internationaux: dans la presse britannique, les joueurs débordent de plus en plus souvent des pages sport pour la rubrique faits divers.
"En accédant à la célébrité, ces adolescents de 18 à 20 ans sont coupés de leurs racines, explique John Williams. Mais en même temps, ils n'ont pas la 'culture' pour exister dans un autre monde".
"Boisson et masculinité"
Difficile, il est vrai, de garder la tête froide quand on passe, parfois en quelques semaines, du statut de quasi-smicard à celui de millionnaire. Mais parallèlement aux salaires qui enflent, atteignant 30.000 livres par semaine pour certaines jeunes vedettes, la presse est également plus inquisitrice, traquant leurs faits et gestes.
Un jour, il s'agit d'une addition de 3000 livres réglée par Kieron Dyer (Newcastle), lors d'une sortie arrosée dans un bar du West End londonien. Mais parfois l'histoire est moins ragoûtante, comme ce viol collectif présumé sur une adolescente de 17 ans, qui aurait impliqué plusieurs joueurs de première division, le 27 septembre, dans un hôtel chic de Londres.
Chaque fois, un même commun dénominateur: l'alcool. "Boisson et masculinité sont étroitement liées en Angleterre, notamment dans les milieux populaires", explique John Williams.
Pour éradiquer cette culture profondément ancrée chez certains de ses joueurs, le club londonien d'Arsenal a enrôlé Tony Adams, une ancienne figure de l'équipe, dont la carrière avait été écornée par un goût prononcé pour la bière.
Anges ou démons ?
"Les seuls modèles dont disposent les jeunes professionnels anglais sont les joueurs étrangers", estime John Williams. Et de citer Nicolas Anelka (Manchester City), qui ne touche pas à la moindre goutte d'alcool, ou encore Patrick Vieira et Robert Pires (Arsenal), plus habitués des restaurants chics que des bars. Sans parler de Gianlucca Vialli (Chelsea), l'ex-international italien, qui passait son temps à la Tate Gallery.
Anges ou démons ? La presse tabloïde, qui brûle aussi vite ses idoles qu'elle les encense, a fait son choix. Andrew Parker, sociologue du sport à l'université de Warwick (centre), est plus modéré, dénonçant, notamment dans cette histoire de viol collectif, "un procès fait par la presse, sans preuve".
Sur le fond, "il n'y a rien de réellement nouveau", explique-t-il à l'AFP. Toutes les générations de joueurs anglais ont eu leur "mouton noir", rappelle-t-il, de George Best à Paul "Gazza" Gascoigne, en passant par Vinnie Jones et son "gang de Wimbledon".
"Mais le phénomène récent est l'intensité de la surveillance de la presse", insiste Andrew Parker. Et de souligner que les clubs professionnels anglais ont financé des programmes destinés à préparer les jeunes joueurs à la pression sociale, commerciale ou médiatique à laquelle ils risquent d'être soumis.
"Sans ces programmes (NDLR: dont il a participé à la conception), peut-être que nous aurions plus d'incidents", reconnaît-il cependant.