PRETORIA - L'Argentine et la Grèce se retrouvent dans un Mondial mardi à Polokwane, avec Diego Maradona en incontournable acteur : en 1994, il hurlait sa rage au monde entier pour ce qui devait être son dernier but en sélection, et en 2010, le voici vêtu du costume de sélectionneur.

21 juin 1994 à Boston. L'Argentine mène déjà (2-0) contre la Grèce lorsqu'à la 60e minute, à la suite d'une action collective devant la surface grecque, Maradona décoche une frappe puissante du gauche qui se loge dans la lucarne.

"Je me souviens très bien de ce but, de la phase de jeu et de mon tir dans la lucarne, a-t-il sobrement noté lundi. C'était un grand soulagement. Ce but nous avait pratiquement assuré la victoire".

C'est le dernier de ses huit buts en Coupe du monde, et l'ultime de ses 34 buts pour sa 90e sélection, son avant-dernière. Un but qui entre dans la légende "maradonienne" après la "main de Dieu" et le "but du siècle", deux buts inscrits en quart de finale contre l'Angleterre (2-1) au Mondial-1986.


"Ils m'ont coupé les jambes"

Ce 21 juin 1994, le visage déformé par une violente émotion, le capitaine argentin se lance vers une caméra pour exprimer sa rage revancharde. Il est de retour, et il veut le hurler à la face du monde entier!

Car Maradona revient de loin: depuis sa suspension de 15 mois en 1991 pour un contrôle positif à la cocaïne, le roi de Naples végète en club, entre une saison 1992-1993 moyenne au FC Séville et une parenthèse en Argentine à Newell's Old Boys (cinq matches joués seulement).

Mais son coeur bat pour la Seleccion: il se prépare intensément pour sa quatrième Coupe du monde, et la célébration de ce but contre la Grèce répond à tous ceux qui avaient enterré prématurément l'enfant terrible du football.

Maradona n'en avait pourtant pas fini avec ses démons. Après son second match aux tats-Unis contre le Nigeria (2-1, une passe décisive), il est à nouveau convaincu de dopage (éphédrine). Nouvelle suspension. "Ils m'ont coupé les jambes!", pestera-t-il.

Mardi, le 22 juin 2010 à Polokwane, soit seize ans et un jour plus tard, le capitaine devenu sélectionneur retrouve la Grèce. La "main de Dieu" guide désormais Messi et ses coéquipiers, et ses jambes ont repoussé pour sauter de joie à chaque victoire.