MUNICH (AP) - Les Bleus de 1998 sont morts, les Blancs de 2006 ont pris le pouvoir.

Face à la `Squadra Azzurra' dimanche en finale de la Coupe du monde, l'équipe de France de football évoluera de nouveau en maillot et short blancs, la couleur de ses matches à l'extérieur. Comme face au Togo, à l'Espagne, au Brésil et au Portugal, ce qui lui a bien réussi.

`J'aime bien les équipes qui jouent en couleurs unies, c'est symbolique aussi, je n'aime pas la `découpe' des couleurs', a expliqué jeudi le sélectionneur Raymond Domenech. `Pour les superstitions, les deux matches qu'on a joué `découpés', on ne les a pas gagnés. Pour les autres, on était unis, et on les a gagnés. Mais ça c'est purement pour les statistiques, ce n'est pas de la superstition. Pour moi, c'est de l'esthétisme. Je préfère tout bleu ou tout blanc'.

Surgie de nulle part après des éliminatoires et un premier tour franchis dans la douleur, la formation de Raymond Domenech est en passe d'imiter celle d'Aimé Jacquet. Devenir championne du monde. Huit ans après.

Elle s'est forgée dans la douleur sa propre identité. Même s'il elle s'appuie elle aussi sur une défense de fer -deux buts encaissés- et base ses succès sur la solidarité.

`On doit tous mourir ensemble'. Auteur sur penalty du but décisif en demi-finale face au Portugal mercredi soir à Munich (1-0), Zinédine Zidane a révélé le secret de ce groupe de 23, qui après deux matches nuls face à la Suisse (0-0) et à la Corée du Sud (1-1) a passé la surmultipliée.

Ce mot de passe quelque peu morbide colle à `Zizou', 34 ans, qui disputera à Berlin le dernier match de sa carrière, pour une apothéose que souhaitent lui offrir tous ses coéquipiers. Car quoiqu'il advienne, même si la France fait tomber un nouveau mur à Berlin, celui du `catenaccio' italien, Zidane ne survivra pas à la Coupe du monde.

Le `I will survive', le refrain des Bleus de 1998, lancé par Vincent Candela lors d'un `toro' à l'entraînement, a donc été rendu à Gloria Gaynor.

Zidane qui avait annoncé sa retraite après un Euro 2004 décevant, où personne ne tirait plus dans le même sens, comme l'a révélé Lilian Thuram, étincelant face au Portugal pour sa 120e sélection, a joué les phoenix en ressuscitant de ses cendres chaudes pour venir fédérer un nouveau groupe ambitieux.

Patrick Vieira a résumé la recette de la renaissance française, après un match contre le Portugal qualifié de `plus difficile' que celui face au Brésil champion du monde.

`C'était le match le plus dur, car on a eu un coup de pompe physique. Mais on s'est battus les uns pour les autres. On a bien défendu tous ensemble. C'est grâce à ces qualités-là qu'on est en finale', a-t-il dit.

Vieira, élu homme du match contre le Togo puis contre l'Espagne, a rendu hommage aux deux ailiers, Malouda et Ribéry, pour leur abnégation. `Flo et Franck ont fait un gros travail devant, à partir de là c'est plus facile après de défendre'.

Comme Vieira, Zidane et Thuram ont été élus eux-aussi par la FIFA "meilleur joueur' du match respectivement face au Brésil et au Portugal. Thierry Henry s'est lui aussi distingué avec trois buts inscrits en Allemagne et en provoquant le penalty transformé par "Zizou' à la 33e minute face au Portugal. Avec Fabien Barthez, ils forment l'épine dorsale de cette équipe de France carnassière, les cinq champions du monde 1998 alignés par Raymond Domenech depuis qu'il a trouvé son 11 idéal, lors du rendez-vous face à l'Espagne.

La France présente au monde ces `meilleurs vieux'. Avec fierté.

`Ce groupe est parti en mission', résume Jean-Pierre Escalettes, le président de la Fédération française de football. `Les gens avaient souffert de l'image de cette équipe de France, avec sa force de caractère elle a retrouvé les sommets.

Même s'il a dominé: huit corners contre trois, 12 tirs contre cinq, le coup franc direct de Ronaldo et 59% de possession de balle.

Barthez, Willy Sagnol, William Gallas, Thuram, Eric Abidal, Vieira, Claude Makelele, Zidane, Malouda, Ribéry, Henry. Ces 11 guerriers feront front dimanche face à la citadelle italienne, trois étoiles sur le maillot, mais qui n'a plus battu la France depuis 1978. Car aucun n'est suspendu pour la finale.

`C'est fou, c'est incroyable! Dire que je ne voulais pas revenir en équipe de France', a déclaré Thuram au sortir des vestiaires, où les `néo-Blancs' ont fêté la victoire la tête déjà tournée vers l'Italie.