PARIS (AP) -- Jacques Chirac et Dominique de Villepin en rêvaient, l'équipe de France de soccer l'a presque réalisé. Avec leur qualification pour la finale du Mondial, les coéquipiers de Zinedine Zidane ont redonné jeudi des couleurs à un couple exécutif au plus bas dans les sondages.

Les messages de félicitations n'ont pas tardé mercredi soir après la victoire 1-0 face au Portugal. `Bravo à tous!', a réagi au quart de tour Jacques Chirac. `Face au Portugal, la France a démontré avec brio la force d'une équipe soudée dont la détermination sans faille a permis cette superbe victoire', a estimé le chef de l'Etat.

Jacques Chirac, qui avait déjà assisté au quart de finale face au Brésil, a annoncé qu'il se rendrait dimanche à Berlin pour la finale.

Dominique de Villepin, présent mercredi soir à Munich, a estimé que l'équipe de France `a la grâce', car elle `est portée par tout un peuple'. Le Premier ministre, écharpe bleu-blanc-rouge autour du cou, avait déjà assisté au match France-Suisse au début du tournoi.

Sans exagérer les conséquences politiques du parcours des Bleus, on espère à l'Elysée comme à Matignon qu'il redonnera le moral aux Français, et permettra au couple exécutif de reprendre quelques points dans les sondages. Comme en 1998, lorsque Jacques Chirac, jamais aussi à l'aise que dans ces rares moments d'unité nationale, avait profité de l'effet Mondial pour refaire surface, un an après la dissolution ratée de 1997.

`Si ça peut décomplexer un pays et désinhiber un peuple, et enclencher des inversions, c'est merveilleux', a confié mercredi Dominique de Villepin à quelques journalistes avant de s'envoler pour Munich, tout en se défendant de toute volonté de récupération.

Le Premier ministre, qui semble ne pas avoir totalement renoncé à la présidentielle en dépit de ses déclarations publiques sur son absence d'ambition en la matière, voit aussi dans le parcours des Bleus, `combat contre la fatalité', la preuve que `rien n'est écrit d'avance'.

L'équipe de France de football a compris `que pour réussir, il faut jouer collectif' et montre `qu'il faut être rassemblés', a renchéri le président de l'Assemblée nationale, l'ultrachiraquien Jean-Louis Debré.
Jacques Chirac et Dominique de Villepin suivent d'autant plus près les performances des Bleus qu'ils ont dans ce domaine une longueur d'avance sur Nicolas Sarkozy. Le ministre de l'Intérieur, retenu à Paris par la nécessité de gérer les manifestations d'après-match, n'a pu assister à France-Portugal.

Il est vrai que M. Sarkozy entretient des relations tendues avec un des piliers de l'équipe, Lilian Thuram. Membre du Haut conseil à l'intégration, le guadeloupéen l'avait accusé d'avoir mis le feu aux poudres lors des violences dans les banlieues fin 2005.

L'UMP a attendu jeudi pour déployer sur la façade de son siège parisien des banderoles `l'UMP avec les Bleus' ornées de ballons tricolores.

D'autres espèrent que le parcours des Bleus aura des effets positifs sur l'économie. Le ministre de l'Economie Thierry Breton, qui tenait jeudi sa conférence de presse mensuelle, a vu dans la qualification le signe que la France `loin d'être submergée par la mondialisation, peut rester en première division mondiale de l'économie'.

`Enfin on valorise les victoires, l'efficacité et l'esprit gagnant', s'est réjouie la présidente du MEDEF Laurence Parisot. La "patronne des patrons' a pronostiqué une victoire des Bleus 3-0 dimanche en finale. Comme en 1998.