Monstrueux! Monaco a déjà disputé 54 rencontres officielles cette saison. Et l'équipe de Leonardo Jardim, qualifiée pour les demi-finales de la Ligue des champions, en jouera 63 au minimum. Voire 65, en cas de qualifications pour les finales de Coupe de France et de la C1.

Une saison hors norme

Jardim est convaincu que ses «joueurs vont rester dans l'histoire» de la Ligue des champions. Ils y sont déjà: jamais, depuis la refonte de la Ligue des champions dans sa version moderne en 1992/93 une équipe passée par le 3e tour préliminaire puis des barrages n'avait atteint les demi-finales.

L'accumulation des matches est démentielle. Et il faut ajouter les matches que les internationaux ont disputé avec leurs équipes nationales: ça concerne Subasic, Mendy, Glik, Sidibé, Lemar, Silva, Bakayoko, Moutinho, Mbappé et Falcao. Excusez du peu...

«On est l'équipe qui joue le plus en Europe, souligne Jardim. On sait que c'est dur. Mais on garde l'ambition de rester à un grand niveau. On ne peut pas dire aux joueurs de changer cette mentalité. Il faut simplement bien récupérer».

Le rôle du staff médical, dirigé par le docteur Philippe Kuentz, est donc déterminant. Depuis le début de la saison, il travaille en harmonie avec le staff technique. Depuis quelques semaines, il est même encore plus écouté. D'ailleurs, à chaque match, Jardim fait systématiquement tourner entre trois et huit joueurs. Pourtant, les organismes commencent vraiment à fatiguer. «C'est au mental que se jouera la fin de la saison», assure-t-on en interne.

La C1 plutôt que la L1

Dans une saison à rallonge, il faut faire des choix. Après la qualification, une seule voix est sortie des rails du discours officiel qui place la L1 au-dessus de la C1. Mais cette voix est la plus importante. C'est celle de Jardim. Le Madérien a enfin tombé le masque.

«C'est normal de préférer gagner la Ligue des champions, a-t-il souligné. Mais c'est plus difficile que de gagner le championnat. On va essayer d'aller aux limites dans les deux compétitions.»

Puis l'entraîneur en a remis une couche. Conscient que l'actuelle épopée européenne permet au club de séduire au-delà de ses propres supporters, il a lancé: «Cette Ligue des champions, c'est aussi celle de la France (...). On représente un pays.»

Vadim Vasilyev au beau dire l'inverse, son président, Dmitry Rybolovlev, est venu en Principauté avec le secret espoir de vivre ces moments-là. Et celui encore plus inavouable, de soulever la «Coupe aux grandes oreilles». Et s'il peut le faire au nez et à la barbe des dirigeants du Paris SG, ce n'en serait que plus jouissif pour le milliardaire russe.

Surexposition

La saison est longue et les recruteurs ont donc l'occasion de scruter minutieusement les pépites monégasques. A chaque fois que Monaco dispute un match européen en 2017, les yeux de l'Europe du football sont tournés vers l'équipe de la Principauté, qui «ne se fixe pas de limite», selon Vasilyev.

Tous les observateurs abondent dans son sens. Il semble qu'à chaque sortie, les talents individuels des plus jeunes s'épanouissent un peu plus.

«On est un groupe très soudé où il n'y a que des bonnes personnes, souligne Benjamin Mendy. On veut tous la même chose, on s'épanouit ensemble et ça se reflète sur le terrain.»

En quatre rencontres contre Manchester City et le Borussia Dortmund, Monaco a marqué 12 buts. Monaco a offert un football d'attaque. Monaco a séduit.

Les spectateurs et téléspectateurs ont vécu en direct la naissance d'une future étoile, Mbappé, la montée en puissance de Bakayoko, Mendy et Sidibé, la confirmation du talent de Lemar et Silva, l'émergence de Touré, ou encore l'émancipation de Fabinho.

Tous ces joueurs ont moins de 25 ans. Ils ont pour vocation de quitter Monaco en permettant au club de réaliser de fortes plus-values financières sur leurs transferts, afin de pérenniser le modèle économique du club. Ils sont déjà très sollicités. Et même si chacun semble garder la tête froide, c'est une forte source de déstabilisation potentielle avant la fin de la saison.