MUNICH (AFP) - Les "zones interdites de football" ont rallié peu de "supporteurs" en Allemagne et même les initiateurs de cette opération anti-football ont reconnu être victimes de l'euphorie contagieuse que suscite la Coupe du monde.

Juste avant le coup d'envoi de la compétition, le metteur en scène munichois Stephan Barbarino comptait faire un tabac en lançant un mouvement de résistance au déchaînement médiatique et populaire lié au Mondial 2006.

Son site internet www.fussballfreiezone.de, proposant conseils touristiques, culturels ou gastronomiques pour échapper au phénomène, enregistrait des pointes de 12.000 visiteurs par jour.

Mais, au fur et à mesure, il a été de moins en moins consulté, pour ne pas dire déserté.

"En ce moment, l'ambiance est telle que l'on se laisse volontiers entraîner dans l'euphorie", explique Stephan Barbarino, reconnaissant avoir capitulé et "regarder évidemment" les demi-finales.

Les quelques bars, restaurants ou cafés qui croyaient tout gagner en renonçant à installer des écrans géants ou des téléviseurs s'en mordent les doigts. Ils avaient misé sur les réfractaires en affichant sur leur devanture le logo représentant un ballon encastré dans un panneau de stationnement interdit.

La Mannschaft coupable

Les sondages indiquaient en effet en début du tournoi que 34% des femmes et 21% des hommes ne s'intéressaient pas à l'événement. Depuis, le vent a tourné: "Personne ne pouvait se douter que ce serait une Coupe du monde aussi réussie", se désole le restaurateur Richard Elster, de la brasserie Weissen Bräuhaus à Munich (sud).

Amateur de football, il doit se contenter de suivre les matches à la radio et d'informer ses clients quand il en a. Car "quand l'Allemagne joue, c'est vide".

Berlin, qui a connu pourtant l'afflux le plus considérable de supporteurs du pays, semble rester l'un des derniers échappatoires pour ceux qui boudent le football.

"Les restaurants dotés de téléviseurs restent vides parce que les gens préfèrent aller dans les grandes manifestations. Ceux qui n'en ont pas sont bien fréquentés", a souligné Klaus-Dieter Richter, vice-président de la Fédération des hôtels et restaurants berlinois.

Mais, selon M. Richter, seuls les cafés-restaurants situés à proximité de la "Fanmeile", zone de 2,5 km réservée aux supporteurs dans le centre-ville, ont réellement profité de l'afflux exceptionnel de touristes.

Et de pointer les coupables du doigt: l'équipe d'Allemagne de football et son sélectionneur Jürgen Klinsmann. "Pour les affaires, cela aurait été mieux s'ils avaient été éliminés avant"...