ISTANBUL (AFP) - Le Milan AC a vu s'échapper une finale de Ligue des champions de soccer qui lui tendait les bras en commettant l'impensable erreur de laisser Liverpool, moribond en première période, remonter trois buts en seulement sept minutes, mercredi à Istanbul (3-3 a.p., 3 t.a.b à 2).

La rutilante machine milanaise, que l'on croyait partie pour une victoire des plus aisées avec ce 3 à 0 à la pause, s'est incompréhensiblement enrayée à la reprise. Comme à La Corogne, la saison dernière en quart de finale de C1, le Milan AC, d'habitude d'un calme et d'une maîtrise à toute épreuve, a commis l'impardonnable.

Nul doute possible: dans un pays où la rigueur tactique est souvent élevée au rang d'art majeur du football, le comportement du Milan relève presque de la faute. Le club six fois champion d'Europe (C1) n'a pas su s'adapter à la montée d'un cran de Gerrard en deuxième période: il a joué sur ses acquis tactiques de la première période, où il a totalement étouffé les +Reds+.

Inexistant en première période, Gerrard a su jouer plus haut en deuxième, marquer, contrarier la relance de Pirlo et impulser un tempo plus élevé.

Mais Milan n'en est pas à son coup d'essai. A La Corogne, en Espagne, une simple formalité - gérer le 4-1 de l'aller - s'était déjà transformé en vilaine punition (4-0). Les Milanais ont dû ressasser ces images quand les Reds, portés par un public en transe, ont commencé à revenir.

jambes qui tremblent

Déjà, après la demi-finale retour au PSV Eindhoven, début mai, où Milan l'avait vraiment échappé de justesse (défaite 3-1) pour n'avoir pas pérenniser le résultat du match aller (2-0), la presse italienne avait parlé de "syndrome La Corogne". Celui-ci s'est incontestablement confirmé à Istanbul.

Ses symptômes: des jambes qui tremblent (Pirlo, Serginho et Shevchenko aux tirs au but) et des erreurs inhabituelles pour des joueurs de ce calibre (pas de marquage sur Gerrard sur le premier but, pas de pressing sur Smicer sur le 2e, faute idiote de Gattuso qui amène le penalty, que Dida relâche).

Quand Milan s'est repris, il était déjà trop tard. Si Old Trafford avait été le "théâtre des rêves" milanais, en finale 2003 remportée aux tirs au but devant la Juventus Turin, le stade olympique Ataturk sera celui des plus terribles désillusions pour les Rossoneri.

Milan a finalement manqué un rendez-vous avec l'histoire, malgré le formidable symbole offert par son capitaine Paolo Maldini, 36 ans dont 20 au Milan, qui avait ouvert le score dès la première minute de jeu.