Moins de 30 secondes après le coup d’envoi, l’inquiétude s’est installée chez les supporters du Crew de Columbus qui recevaient dimanche soir la finale de la MLS Cup. Une énorme gaffe du gardien Steve Clark a permis à Diego Valeri des Timbers de Portland, de marquer le but le plus rapide de l’histoire de cette finale. Six minutes plus tard, c’était au tour d’un arbitre assistant de laisser tomber les locaux. Un ballon clairement sorti du terrain n’a pas été signalé et les bucherons en ont profité pour asséner un deuxième coup de hache au Crew. Un but de Kei Kamara a réduit l’écart à la 18e minute, mais les troupes de Greg Berhalter n’ont jamais trouvé l’étincelle pour mettre en marche une machine pourtant bien huilée.

Caleb Porter et les siens ramènent donc à Portland un premier titre sportif majeur depuis le sacre des Trail Blazers de la NBA en 1977. À l’image de leur ville, les Timbers n’aiment pas faire comme les autres. Voici trois leçons à retenir de ce groupe un peu excentrique.

Bons voyageurs

C’est bien connu à travers le circuit Garber et plus particulièrement à Montréal, les victoires sur la route sont une denrée rare en MLS. Avec leurs sept victoires à l’étranger en saison régulière (meilleur total, ex æquo avec Vancouver) et trois en séries éliminatoires, Portland est une anomalie.

Ayant eu la chance de discuter avec lui plus tôt cette saison, Caleb Porter a un petit côté parieur qui coûte parfois cher, mais qui peut aussi rapporter gros sur la route. L’entame de la rencontre dimanche en est le meilleur exemple, alors que la pression des Timbers a complètement surpris une équipe du Crew qui s’attendait à un début de match plus conservateur. Trop d’équipes en MLS ont sacrifié au moins deux points avant même de mettre le pied sur l’avion pour un déplacement. Un match nul les satisfait et ce manque d’ambition se traduit sur le terrain.

Portland, en revanche, quitte la maison sans complexe. Comme dirait l’autre, c’est entre les deux oreilles que ça se passe.

Pas besoin de méga-stars

Que ce soit sur la rue Ste-Catherine à Montréal, le boulevard des Forges à Trois-Rivières ou la Grande-Allée à Québec, vos chances de trouver quelqu’un pour discuter de la carrière de Drogba, Pirlo ou Beckham sont plutôt bonnes. Pour enchaîner sur Diego Valeri, Liam Ridgewell ou Fanendo Adi, vous aurez plus de difficulté. Ces derniers viennent pourtant de soulever la MLS Cup. Voilà un aspect admirable des Timbers qui ont triomphé sans superstar.

Les Timbers ont évité les dépenses extravagantes pour un joueur désigné de premier plan. Ils ont plutôt misé sur un groupe soudé et un système de jeu aux principes forts. À Montréal, la venue de Didier Drogba a fait un bien énorme sur le terrain et aux guichets. Pour un club dont le stade est déjà plein, la pression de faire des coups d’éclat pour satisfaire son public est moins grande. Pour créer un tel environnement, l’arrimage des secteurs techniques et « business » est essentiel, mais difficile à accomplir. Portland servira peut-être de modèle aux autres clubs après leurs succès en 2015.

Arriver à maturité

Pour les clubs qui misent sur un travail de fond plutôt que sur la signature de joueurs désignés de premier plan, la notion de cycle est absolument cruciale. La marge d’erreur est mince et un titre se prépare deux ou trois ans d’avance. La continuité lors de cette période est clé et la décision de maintenir Caleb Porter en poste lors de moments plus difficiles cette saison doit être saluée.

Depuis son arrivée à la barre en 2013, plusieurs visages ont changé, mais l’identité de l’équipe est restée la même et le recrutement s’est fait en conséquence. Les Timbers étaient arrivés à maturité cette saison, mais il restait quelques décisions difficiles à prendre. À l’image du Sporting KC qui a laissé son joueur désigné Claudio Bieler sur le banc au profit d’un jeune Dom Dwyer en 2013, Porter a choisi de laisser de côté le Canadien Will Jonhson.

Curieusement, les joueurs qui mènent une équipe au fil d’arrivée ne sont pas toujours les mêmes qui lui permettent de le franchir. Les entraîneurs qui ont accompagné leurs troupes sur plusieurs saisons sont beaucoup mieux équipés pour faire cette distinction.

Une note à mettre au calepin de l’Impact de Montréal.