LONDRES (AFP) - Miné durant les années 80 par le hooliganisme, le soccer anglais, où les joueurs n'ont jamais été aussi riches, est dans la tourmente après des rumeurs de viol et de dopage et de nombreuses affaires d'indiscipline, passées au crible de la presse populaire.

En l'espace d'une semaine, deux affaires de viols présumés sur deux jeunes femmes, impliquant selon la presse plusieurs joueurs de 1re division anglaise, ont éclaté.

Le 30 septembre, la police avait confirmé avoir ouvert une enquête à la suite d'une plainte pour viol d'une jeune fille de 17 ans.

Vendredi, le joueur international de Newcastle, Kieron Dyer, dont le nom avait été évoqué dans la presse, a expliqué n'avoir "aucune implication dans cette affaire". Dyer, 24 ans, se trouve à Istanbul avec l'équipe anglaise qui doit rencontrer samedi la Turquie en match qualificatif à l'Euro 2004 de soccer.

Selon les journaux populaires, la jeune fille de 17 ans aurait affirmé avoir accepté des relations sexuelles avec un seul homme, Nicholas Meikle, un organisateur de soirées de 29 ans gravitant autour du monde du football, à Londres, dans la nuit du 26 au 27 septembre.

Sept autres hommes dont certains, selon les médias, des joueurs de première division, l'auraient ensuite violée ou auraient abusé d'elle.

Au total, quatre hommes ont été arrêtés cette semaine dans le cadre de l'enquête: M. Meikle ainsi que trois autres hommes âgés de 19, 22 et 27 ans. La police n'a pas précisé s'il s'agissait de footballeurs. Tous ont été relâchés sous caution et devront se représenter à la police.

Mardi, une autre affaire du même type a éclaté avec l'arrestation de deux hommes dans une affaire de "grave agression sexuelle" sur une jeune femme de 20 ans, lundi à Leeds (nord).

L'un des deux hommes serait un joueur du club de Leeds (1re div. anglaise), selon la presse.

Jeudi, le club qui n'a cependant établi aucun lien avec l'agression sexuelle, a suspendu un de ses joueurs, Jody Morris, le temps de conduire une enquête interne.

Exclu des compétitions européennes à la fin des années 80 à la suite du drame du Heysel en 1985, le football anglais est depuis lors parvenu à éradiquer le fléau du hooliganisme.

Mais depuis plusieurs années, des affaires de violences, de la part cette fois de ses joueurs, surgissent.

Cette semaine, l'attaquant gallois de Newcastle (1re div. anglaise) Craig Bellamy a été condamné à une amende pour trouble à l'ordre public en état d'ébriété. Il était accusé d'agression raciste.

A la suite de l'agression d'un étudiant asiatique en janvier 2000, Lee Bowyer, à l'époque à Leeds, avait finalement été blanchi, mais son coéquipier Jonathan Woodgate, 21 ans, avait été condamné en décembre 2001 à 100 heures de travaux d'intérêt général.

Largement touché dans les années 80 par le problème "culturel" de l'alcoolisme, selon l'une de ses victimes repenties, l'ex-joueur d'Arsenal, Tony Adams, ou de violence conjugale, concernant Paul Gascoigne entre autres, le foot anglais l'est désormais par des affaires d'indiscipline.

Cette semaine, les internationaux anglais ont menacé de boycotter un match en Turquie, pourtant décisif pour la qualification à l'Euro 2004 au Portugal.

Estimant que l'affaire n'aurait pas dû être rendue publique, ils protestaient contre la décision de la Fédération anglaise d'avoir écarté leur partenaire de Manchester United, Rio Ferdinand, pour ne pas s'être soumis à un contrôle antidopage. Ferdinand risque jusqu'à deux ans de suspension.

"Notre travail, comme les joueurs, a changé dans les années 90 à cause de l'argent, avait récemment expliqué l'entraîneur français d'Arsenal, Arsène Wenger. Ils sont plus riches, plus jeunes et plus exigeants".

"Ces jeunes qui gagnent des millions et sont célèbres, sont difficiles à gérer. Ils posent toujours la même question: pourquoi? Il faut donc passer du temps à les convaincre, ils veulent être traités conformément à leur statut".