BIARRITZ - Le président de l'UEFA, Michel Platini, a incité vendredi les ministres des sports européens à agir afin d'interdire les transferts des joueurs de moins de 18 ans dans l'Union européenne et de mettre un terme au trafic des jeunes footballeurs.

Dans son discours adressé aux ministres des sports des 27 nations de l'UE, l'ancien capitaine de l'équipe de France a tiré la sonnette d'alarme, expliquant se trouver face à "un cas urgent d'assistance à l'enfance en danger".

"Avec la FIFA, nous étudions des remèdes à cette traite, mais d'ores et déjà, des mesures peuvent être prises pour interdire les transferts internationaux des mineurs et ce, même au sein de l'Union européenne, a déclaré Platini. Dans de nombreux états européens, il existe des règles très strictes qui empêchent les clubs, sous peine de sanctions sportives, d'aller braconner dans les centres de formation de leurs concurrents. Mais ces règles n'existent pas au niveau de l'Union européenne."

En voulant interdire les transferts de mineurs, Platini souhaite clairement protéger les clubs formateurs, régulièrement pillés par les clubs plus riches. En Europe, les transferts sont autorisés à partir de l'âge de 16 ans.

Platini, rappelant que moins d'un enfant sur 10 entrant dans un centre de formation fait une carrière professionnelle, a exprimé son inquiétude au sujet de la protection et de la formation des jeunes footballeurs.

"Il y a aujourd'hui dans le monde et en Europe un trafic d'enfants, a-t-il dit. Je ne mâche pas mes mots parce que la situation est grave. Comment appelez-vous un phénomène qui fait traverser les océans et les frontières à des enfants de 12 ou 13 ans en les arrachant à leur milieu et à leur culture pour les faire se joindre à une entreprise en contrepartie d'un paiement? Et c'est ce qui est en train de se passer dans le football."

Le Français a également déclaré que le sport et le football ne pouvaient pas être considérés comme de simples activités économiques, ni comme des produits.

"Le sport n'aspire pas à se situer au-dessus des lois, mais il est spécifique, a-t-il souligné. Le sport n'est pas une activité économique comme les autres. Le sport, c'est le partage, le dépassement de soi, l'échange, le respect. Le sport, ce sont des émotions. Le football est un jeu avant d'être un produit, un sport avant d'être un marché, un spectacle avant d'être un business."

Platini est favorable à la mise en oeuvre de la règle dite du "6+5", qui obligerait les clubs à aligner un minimum de joueurs nationaux et permettrait de réduire les départs vers les championnats les plus fortunés. Mais cette règle, inacceptable aux yeux de l'UE jusqu'à aujourd'hui au nom du principe de la libre circulation des personnes et de non discrimination en son sein, pourrait prochainement être étudiée et aménagée.

"Sur la question du '6+5', je dirai plutôt d'une proportion minimale de joueurs sélectionnables en équipe nationale dans les clubs (...), nous avons unanimement demandé à la Commission européenne d'étudier comment aller plus loin et poursuivre l'étude de la compatibilité d'une proportion minimale de joueurs sélectionnables en équipe nationale avec le droit européen", a précisé Bernard Laporte, le secrétaire d'Etat aux Sports, en conclusion de cette réunion des ministres européens des Sports.

"L'équité sportive et l'équilibre des compétitions ne peuvent être soumis à l'arbitraire des lois du marché, a souligné Platini. L'Europe doit changer son fusil d'épaule, elle doit s'inspirer du sport au lieu de lui imposer ses modèles idéologiques bancals et préfabriqués ailleurs."