MADRID - L'Espagne, championne d'Europe en titre, a conforté son statut de co-favori pour le Mondial 2010 de soccer en Afrique du Sud en survolant son groupe de qualifications.

"Huit victoires en huit matchs. Peu de sélections peuvent en dire autant", a commenté le milieu Cesc Fabregas après la victoire mercredi soir de "La Roja" sur l'Estonie (3-0), synonyme de billet pour Johannesburg.

Décomplexés: Habituée à briller en clubs sur la scène européenne avec le Real Madrid et le FC Barcelone, l'Espagne a rompu le maléfice de sa sélection en remportant brillamment l'Euro 2008.

Cette première victoire dans un grand tournoi international a servi de déclic, comme ce fut le cas pour la France avec sa victoire au Mondial 1998, couronnée par celle de l'Euro 2000. Alors pourquoi pas le doublé inversé pour "La Roja", qualifiée pour la neuvième fois d'affilée pour un Mondial, mais qui n'y a jamais dépassé le cap des quarts de finale.

Génération enchantée: La Roja s'appuie sur une myriade d'individualités de talent au service d'un collectif rapide et technique porté sur l'attaque. C'est une machine à garder le ballon, étourdir l'adversaire en le faisant tourner très vite façon handball... avant de porter l'estocade.

L'équipe repose d'abord sur un milieu de terrain exceptionnel mené par les deux complices du Barça, le métronome Xavi et le lutin Iniesta, épaulés par Cesc Fabregas, Xabi Alonso, Marcos Senna ou Sergi Busquets. Qui dit mieux?

Sans oublier David Silva, qui trouve les yeux fermés son comparse de Valence, le buteur David Villa, et le Kid de Liverpool Fernando Torres... Derrière, les buts sont solidement gardés par le gardien Iker Casillas, la classe mondiale, le capitaine Carles Puyol, l'increvable Sergio Ramos et le nouveau mur catalan Gerard Piqué.

L'héritage Aragones: En un an à la tête de la sélection, Vicente del Bosque a pris en douceur le relais du bougon Luis Aragones, architecte de ce groupe forgé dans la douleur sur le pari d'une très jeune génération et l'éjection de l'intouchable capitaine de l'époque, sa majesté Raul.

"Je n'ai pas eu la tentation de faire le malin", a expliqué del Bosque, ex-entraîneur du Real Madrid "Galactiques I" de Zidane et Ronaldo. Il a fait débuter 10 joueurs sans modifier la formule chimique du groupe. Pas d'interrogations métaphysiques, un vestiaire soudé, de la continuité.

Seul accroc: l'élimination surprise en demi-finales de la Coupe des confédérations en juin face aux États-Unis, qui avaient pris à la gorge le milieu créateur espagnol. Une piste pour les adversaires de l'Espagne?

Saison marathon: la plupart des titulaires évoluent dans l'élite de l'élite européenne, avec la Ligue des champions en ligne de mire. Certains arriveront en Afrique du Sud avec 70 à 80 matches dans les jambes. Dix évoluent au Barça (Iniesta, Xavi, Puyol, Busquets, Piqué) ou au Real (Casillas, Xabi Alonso, Ramos, Albiol, Arbeloa). Sans oublier Torres (Liverpool) ou Fabregas (Arsenal). Débarqueront-ils frais dans l'hiver sud-africain?