LONDRES (AFP) - Les "pieds de cochon" contre "les pies", les "diables rouges" contre "les Saints" ou encore les "cordonniers" face aux "mineurs": loin des cours de la bourse et du sport-business, les surnoms des clubs de soccer anglais sont encore empreints d'une certaine poésie et révélateurs de l'histoire d'une région ou d'un pays.

Noms d'oiseaux (les "chouettes" de Sheffield Wednesday ou les "pies" de Newcastle) ou qualificatifs hauts en couleur (les "Reds" de Liverpool et les "Blues" de Birmingham), en passant par les spécialités locales (les "Toffees", ou bonbons d'Everton) ou les industries du cru (sidérurgie à Sheffield, mines à Barnsley dans le Yorkshire), l'origine des surnoms des clubs se perd parfois au crépuscule du XIXe siècle, à l'époque de leur création.

Sport d'élection des ouvriers, le soccer a le plus souvent pris son essor dans des clubs qui ont emprunté leur dénomination au corps de métier qui les a enfantés. Les stades, construits à proximité des usines, ont alors hébergé les "Blades" (lames) de Sheffield, première ville d'Angleterre pour ses aciéries et capitale du couteau, mais aussi les "Gunners" (artilleurs) d'Arsenal, qui travaillaient à l'origine dans les usines de munitions de Woolwich Arsenal, au sud-est de Londres.

Produits de l'exode rural et en quête de signes identitaires, les "cobblers" (cordonniers) ont fondé le club de Northampton, les "Hammers" (marteaux), ouvriers chaudronniers des bords de la Tamise à Londres, ont donné naissance à West Ham, et les joueurs de Stockport, haut lieu de la fabrication de chapeaux, sont devenus les "Hatters" (de +hat+).

Une faim de loup

Véritable ménagerie, le soccer anglais héberge également beaucoup de noms d'oiseaux. Les "Magpies" (pies) de Newcastle arborent toujours le noir et blanc sur leur maillot alors que les "Owls" (chouettes) de Sheffield Wednesday, du nom de leur ancien stade de Owlerton, leaders de la D2, ne se laissent pas impressionner par les "Eagles" (aigles) déplumés de Crystal Palace.

Très présents en Angleterre, les "Foxes" (renards) de Leicester, peu enragés cette saison en D1, devancent tout de même les meutes inoffensives des "Wolves" (loups) de Wolverhampton, encore sans victoire, tandis que les "Lions" de Millwall sont peu mordants en D2.

Pour les "Red Devils" (diables rouges) de Manchester United, l'enfer est loin du paradis quand les "Saints" de Southampton viennent à les battre, comme lors de la 4e journée (1-0).

Gourmands de titres, assoiffés de succès, les clubs anglais sont aussi gastronomes. Chez les "Trotters" de Bolton, la spécialité locale de la fin du XIXe siècle, "tripe and trotters" (tripes et pieds de cochon), aiguise peu l'appétit des partenaires de Youri Djorkaeff, qui n'occupent que la 14e place au banquet de la Premier League.

Quant aux supporteurs des "Toffees" d'Everton, ils tentaient chaque dimanche d'attraper au vol les "mint toffees" (chocolat fourré à la menthe) que leur lançait dans les tribunes une Toffee Lady, en souvenir de ce bonbon fabriqué dans ce faubourg de Liverpool.