ZURICH (Suisse) (AFP) - Matches de suspension, déduction de points, relégation ou disqualification: pour éradiquer le racisme dans les stades, la Fédération internationale de football (Fifa) a eu la main lourde en approuvant de nouvelles et très sévères sanctions, jeudi à Zurich.



L'Ivoirien Marc Zoro (Messine) à Milan ou le Camerounais Samuel Eto'o (Barcelone) à Saragosse qui, excédés par les cris de singe, menacent de quitter la pelouse, banderoles néo-nazies à Rome... la gangrène raciste ronge le football.

Pour ne pas être accusée de passivité - comme lors de l'émergence du hooliganisme dans les années 1980 -, la Fifa, dont le comité exécutif est réuni jeudi et vendredi à Zurich, a ainsi amendé son code disciplinaire (article 55) et prévu une batterie de sanctions, très lourdes, visant clairement à tout faire pour éradiquer le fléau.

Matches de suspension, déduction de points - 3 pour une première condamnation, 6 pour une récidive, et la relégation si les incidents se poursuivent - ou alors la disqualification de l'équipe: voilà de quoi faire frémir les clubs qui ne feront pas rapidement "le ménage" dans leurs tribunes!

"Agir de concert"

Et pas question pour les fédérations de se défausser, puisque elles devront inclure ces mesures dans leurs règlements, tandis que "toute association qui enfreindrait cet article pourra être privée de toute compétition internationale pendant deux ans".

Même si rien n'a encore été officiellement décidé, ces nouvelles règles disciplinaires devraient entrer en vigueur le 1er juillet.

"J'ai à plusieurs reprises souligné mon ferme engagement personnel et celui de la Fifa contre le racisme et la discrimination, a expliqué Joseph Blatter, le président de la Fifa, mais les récents événements ont prouvé qu'il faut agir de concert et sans tarder afin que des mesures plus strictes soient adoptées et que ce fléau disparaisse de notre sport".

Signe que la Fédération internationale entend montrer sa détermination, Lilian Thuram, qui a toujours été très concerné par la lutte contre le racisme, a été invité à s'exprimer devant le comité exécutif.

L'élégant défenseur français n'a pas caché qu'il était tout à fait favorable aux nouvelles sanctions disciplinaires qui vont obliger clubs et fédérations "à trouver des solutions" face à des "certaines personnes qui prennent le football en otage".

"Signal fort"

Mais, justement, ces sanctions, très dures, ne vont-elles pas se révéler inapplicables? Un président de club, par exemple, pourra toujours arguer qu'il ne peut pas contrôler les agissements de 40 ou 60.000 spectateurs.

"Même si des points légaux restent à rediscuter, il faut envoyer un signal fort, a rétorqué un dirigeant de la Fifa. Les sanctions seront décidées par les commissions de discipline des fédérations, des confédérations ou de la Fifa. Si un club est objectivement innocent, il y aura toujours moyen de discuter".

Et puis à l'avenir, la Fifa, même si elle veut d'abord montrer son intransigeance, entend aussi faire de la prévention. Et instaurer, par exemple, des rencontres entre les supporteurs racistes et les joueurs victimes de leurs insultes. Mais pour l'heure, il s'agit de manier le bâton.