DOHA (AFP) - Le président de la Fédération internationale de soccer (FIFA), Joseph Blatter, a estimé vendredi à Doha, dans un entretien avec l'AFP, que "l'on joue trop au soccer" et que l'on "n'a jamais eu autant de blessés".

Le président Blatter s'exprimait à la veille du congrès de la FIFA consacré à la réforme des statuts de l'organisation dirigeante du soccer mondial, qui devrait également prolonger d'un an le mandat de son président pour le faire concorder avec la fin du plan financier qui se termine le 31 décembre 2006.

Q: En juillet dernier, à Londres, vous aviez souhaité que le nombre des clubs participants aux Championnats nationaux soit limité à seize. Cela ne va-t-il pas à l'encontre des intérêts du "foot-business" en plein développement?

R: "C'est vrai que cela va contre les intérêts du +business+. Mais cela joue en faveur de la santé des joueurs. Nous n'avons jamais eu autant de blessés à ce stade de la saison. On joue trop au soccer. On doit se pencher sérieusement sur ce problème. On doit protéger avant tout le jeu, et donc les joueurs. J'en ai parlé jeudi avec Lennart Johansson (le président de l'Union européenne de soccer, UEFA) pour faire baisser la fréquence des matches. C'est un dossier brûlant qui est sur la table. Par ailleurs, je trouve déplacées les réactions de certains clubs. Ce sont ceux - qui font trop jouer les joueurs - qui n'aiment pas le soccer."

Q: Karl-Heinz Rummenigge, président du Bayern Munich, dirigeant influent du G 14 et du forum européen des clubs, demande à la FIFA de prendre en charge le salaire des joueurs internationaux quand ils sont placés à la disposition de leur sélection et appelle au boycott du Championnat du monde des clubs. Qu'en pensez-vous?

R: "C'est un homme intelligent. C'était un excellent joueur. Mais il ne connaît pas les structures du soccer La FIFA invite les fédérations à participer au Mondial. Elle indemnise ces fédérations d'une manière très importante. C'est à ces fédérations de répartir ensuite l'argent qu'elles ont reçu. Cet appel au boycott est une sorte de pression qui me laisse indifférent."

Q: Mais ce Championnat du monde des clubs aura-t-il lieu?

R: "Bien sûr. Il aura lieu en 2005, mais pas en Europe. Soit à l'Ouest, aux Etats Unis, soit à l'Est, au Japon, soit au Sud, en Afrique du Sud. On aura besoin de douze clubs, dont seulement deux ou trois d'Europe. Nous n'aurons aucun problème pour les trouver."

Q: La candidature commune Tunisie-Lybie pour l'organisation du Mondial-2010 peut-elle être prise en compte?

R: "La co-organisation n'est pas prévue dans nos statuts. Cela a été le cas en 2002, car nous n'avions que deux candidats d'égale valeur (Corée du sud et Japon). Mais aussi longtemps que nous aurons des candidats individuels capables d'organiser le Mondial - et il y en a pour 2010 - le comité exécutif ne choisira pas l'incertitude d'une co-organisation."

Q: La FIFA, notamment à travers le projet "Goal", investit beaucoup dans des pays comme l'Irak et l'Afghanistan...?

R: "Ce n'est pas seulement avec de l'argent que l'on peut aider ces pays. Ma philosophie du soccer va beaucoup plus loin. Nous travaillons notamment intensément à la reprise du soccer en Irak. Nous avons déjà autorisé l'équipe nationale à revenir dans les compétitions internationales. Nous avons aussi un dialogue avec les autorités provisoires de coalition (CPA) pour leur faire comprendre les principes d'autonomie et d'indépendance du mouvement sportif."

Q: Pourquoi la FIFA avait-elle besoin de réviser ses statuts, comme cela va être le cas dimanche et lundi?

R: "Des points nécessitaient des adaptations sur le rôle que joue le soccer dans notre société, qui a évolué depuis les statuts de 1961, déjà révisés en 1970. Par ailleurs, il fallait bien définir les prérogatives du président et du secrétaire général pour éviter une crise interne semblable à celle de 2002."