NYON - Les pertes des clubs européens de foot se sont encore aggravées, atteignant un record de -1,6 milliard d'euros en 2010 (+36%), une saison marquée par un marché des transferts plus calme, selon le dernier rapport de l'UEFA sur les finances du secteur.

Si les nouvelles exigences de l'UEFA, qui seront imposées dès 2013/2014, en matière de bonne gestion étaient immédiatement exigibles, « 13 clubs n'auraient pas réussi le test de l'équilibre financier », a annoncé le secrétaire général de l'UEFA, Gianni Infantino, lors de la présentation du rapport. En 2009, 11 clubs avaient raté l'examen.

Les nouvelles règles devront être validées par les 53 membres de l'UEFA lors du Congrès d'Istanbul en mars 2012. Les différentes exigences en matière de fair-play financier devant être introduites graduellement aux cours des deux prochaines saisons.

Les sanctions disciplinaires éventuelles pourront mener jusqu'à l'exclusion de compétitions futures.

L'UEFA ne dévoile pas la liste noire des clubs européens, elle se contente d'indiquer que la Belgique et le Danemark figurent parmi les rares pays qui ont réussi le test de « l'équilibre financier ».

Pourtant, les nouvelles semblent positives: plus de spectateurs sont venus dans les stades, la part des salaires est restée stable (64%) et les revenus des clubs ont progressé de 12 à 12,8 milliards d'euros en un an, selon les statistiques de l'UEFA.

Malgré tout, a expliqué M. Infantino, la hausse des revenus n'a pas permis de compenser la hausse des dépenses.

« La raison de l'augmentation » des coûts est due (...) « à la baisse des revenus liés aux transferts », a expliqué le secrétaire général de l'UEFA.

Le marché des transferts ayant été plus calme en 2010, cela a un effet négatif sur les comptes des clubs, a ainsi spécifié un expert financier de l'UEFA, Sefton Perry.

Un secteur « au bord du précipice »

Le rapport de l'UEFA établit à 3,3 milliards d'euros le montant total des dépenses de transferts réalisées durant l'année, le solde à payer étant de 2,3 milliards.

Au final, 56% des 655 clubs de première division dont les comptes ont été scrutés par l'UEFA ont enregistré des pertes nettes en 2010. Quant aux clubs affichant un chiffre d'affaires supérieur à 50 millions d'euros, 75% d'entre eux ont enregistré des pertes nettes.

Pour M. Infantino, « cette tendance doit être renversée très rapidement ».

« Aujourd'hui on est dans une économie particulière où il y a 1,7 milliard de déficit d'exploitation pour une année et 8 à 9 milliards d'endettement pour la totalité des clubs mais avec un chiffre d'affaires en croissance », a expliqué pour sa part à l'AFP le président de l'Olympique Lyonnais, Jean-Michel Aulas.

« Cela veut dire que l'on est au bord du précipice », a-t-il ajouté, n'hésitant pas à parler de « bulle ».

Une vision que partage Ernesto Paolillo, le dirigeant de l'Inter Milan.

« La situation dans l'industrie du football (...) me rappelle une situation déjà vue sur les marchés financiers », a-t-il dit.

M. Paolillo a également comparé les finances du foot avec la « situation actuelle des comptes en Italie, en Espagne, en Grèce », se félicitant de la mise en place des nouvelles règles de l'UEFA.

Selon ces dernières, les clubs ne devront pas avoir un déficit supérieur à 5 millions d'euros sur trois périodes. Mais, pour accompagner la mise en place graduelle du système, ils bénéficieront d'une certaine tolérance jusqu'en 2018.