COPENHAGUE - À mi-parcours dans son mandat de président de l'Union européenne de football (UEFA), le Français Michel Platini reste déterminé à instiller plus d'éthique que ce soit en matière de gestion financière et de protection des mineurs.

Deux ans après son élection à Düsseldorf (Allemagne), Platini a pu dévoiler durant le 33e congrès ordinaire la réalisation d'une de ses promesses électorales avec la création d'un panel d'experts chargés de contrôler l'attribution aux clubs des licences de participation aux compétitions européennes.

Si ce panel n'a pas les pouvoirs de la Direction nationale de contrôle de gestion, organe de contrôle du soccer français qu'il présentait en 2007 comme un modèle possible pour le football européen, le président de l'UEFA a promis qu'il ne s'agissait que "d'un premier pas".

"C'est une question d'éthique, une question de crédibilité et même une question de survie de notre sport", a insisté l'ancien capitaine de l'équipe de France.

"Un sport avant d'être un marché"

L'UEFA, inspirée par l'exemple du sport professionnel américain, étudie la limitation des effectifs et la taxation des transferts pour les plus gros clubs, tandis que l'hypothèse d'un plafond salarial semble s'éloigner, car trop difficile à mettre en place.

A Copenhague, Platini a rappelé qu'il avait réuni en deux années toutes les familles du soccer autour d'une même table, avec notamment la fin du G14 qui regroupait jusqu'en janvier 2008 les clubs les plus riches d'Europe.

Il a martelé les valeurs qui l'animent et qui serviront de fil rouge à la seconde partie de son mandat.

"Dans tout ce que nous faisons, le soccer doit toujours être le premier et plus important élément à prendre en considération, il est un jeu avant d'être un produit, un sport avant d'être un marché, un spectacle avant d'être un business", a souligné l'ancien No 10 des Bleus.

Son prochain défi, comme il l'appelle lui-même, concerne l'interdiction des transferts internationaux des mineurs.

"Quand on paye un enfant ou ses parents pour lui faire traverser un océan, pour le déraciner culturellement, pour lui faire perdre ses repères affectifs, j'appelle cela un trafic d'enfants", a-t-il accusé.

Les paris illégaux qui "peuvent tuer notre sport"

"C'est pour ces raisons morales et éthiques qu'il faut que nous réussissions à convaincre les institutions politiques de nous permettre d'interdire les transferts internationaux des moins de 18 ans", a souligné Platini, rejoint dans cette croisade par le président de la Fifa, Joseph Blatter.

"Il faut protéger ces mineurs et lutter contre cet esclavage des jeunes", a exhorté Blatter qui a inscrit la question au programme du prochain Congrès ordinaire les 2 et 3 juin à Nassau (Bahamas).

Si l'UEFA semble suffisamment bien armée pour affronter la crise économique, l'administration Platini a toutefois identifié un ultime danger, les paris illégaux qui "peuvent tuer notre sport".

Le comité exécutif va mettre en place un système d'alerte et de détection des fraudes dès la saison prochaine, qui sera opérationnel, a promis Platini, pour les championnats des 1re et 2e divisions des 53 fédérations-membres.

Autre ombre dans le paysage, l'Euro-2012 en Pologne et Ukraine. "Nous avançons", a déclaré le président de l'UEFA, qui, contrairement à une idée reçue, n'était pas favorable à cette double candidature, avalisée à la surprise générale par le comité exécutif. Reste à savoir à quelle vitesse se font ces avancées.