PRETORIA, Afrique du Sud - Au chapitre du charisme, ils sont peu d'entraîneurs de foot à pouvoir rivaliser avec l'Argentin Diego Maradona. Mais une discussion en profondeur sur la tactique?

Pas son style.

"Beau jeu, quelle bête!", crie souvent Maradona, avec affection, à l'endroit de ses joueurs durant l'entraînement. Même quand un ballon flotte loin au-dessus de la transversale, il affiche le même enthousiasme contagieux.

Ses critiques, qui l'ont qualifié de tacticien naïf à l'approche de la Coupe du monde, pourraient devoir ravaler leurs paroles si l'Argentine continue d'afficher sa forme exemplaire en Afrique du Sud et décroche un troisième titre.

Les Argentins ont remporté quatre matchs de suite et marqué 10 buts. Ce total aurait été plus reluisant encore n'eut été de bonnes prestations des gardiens adverses.

Maradona affirme qu'il préférait lui-même avoir l'esprit libre comme joueur. C'est pourquoi il évite de dire à l'actuelle superstar argentine, Lionel Messi, ce qu'il devrait faire.

"Je suis allé dire à Messi (à Barcelone) que personne ne m'avait jamais dit où jouer. Alors, je ne devrais pas dire à Messi où il doit jouer non plus", a affirmé Maradona.

"C'était à lui de décider où jouer. C'est un adulte. Je l'ai fait à mon époque - et maintenant, c'est à son tour."

L'ancien capitaine de la sélection d'Argentine a donné l'accolade et embrassé ses joueurs avant tous les matchs disputés en Afrique du Sud. Et on dirait que celui que plusieurs considèrent comme le meilleur joueur de tous les temps botte chaque ballon dans sa tête tellement il est agité dans la zone technique devant son banc, pendant les rencontres.

Et les joueurs semblent stimulés par cette approche.

Martin Palermo, un vétéran de 36 ans, semble être un bon exemple.

Plusieurs ont cru que Maradona l'a inclus dans sa formation pour des raisons émotives, ou à titre de porte-bonheur, après que l'attaquant du Boca Junior eut marqué le but qui a plus ou moins assuré l'Argentine sa place à la Coupe du monde 2010.

Quand l'Argentine avait de la difficulté à venir à bout de la défensive de la Grèce à son dernier match de la phase de groupe du Mondial, Maradona s'est fait conseiller par ses adjoints d'amener Gonzalo Higuain sur le terrain.

Il a plutôt choisi Palermo, qui a marqué quelques minutes plus tard.

Le conseil de Maradona au moment où Palermo a fait son entrée sur le terrain?

"J'ai dit, 'Vas-y. Termine le match pour moi."'

On est très loin de l'équipe dirigée par un entraîneur aussi tactiquement alerte que Carlos Bilardo, pour qui le résultat faisait foi de tout. Bilardo a guidé l'Argentine à sa conquête de la Coupe du monde en 1986.

Et on est aussi très loin de l'approche romantique et philosophique de Cesar Menotti, qui avait mené l'équipe au titre huit années plus tôt.

Quand Maradona a obtenu le poste de sélectionneur, Bilardo a été embauché à titre de conseiller tactique. Le duo a toutefois vite commencé à se disputer et, même s'ils sont tous les deux à la Coupe du monde, on croit que Maradona hésite à tenir compte de ses conseils.

Que l'approche de Maradona continue de fonctionner lorsque l'Argentine se retrouvera devant une équipe aussi alerte tactiquement que l'Allemagne, ce week-end en quarts de finale, cela reste à voir.

Et cela laissera une nation entière dans l'incertitude.

Lorsqu'un journaliste argentin lui a demandé, après la victoire de 3-1 sur le Mexique, dimanche, quelle serait son approche face aux Allemands, Maradona a sèchement rétorqué : "Laisse-moi savourer ce match-ci. Pourquoi penser à l'Allemagne? Vas-y, toi, nomme les joueurs que tu veux."