RIO DE JANEIRO (AFP) - En présentant une impressionnante litanie de fraudes en tous genres, le rapport parlementaire publié mardi sur la Confédération du football brésilien (CBF) est accablant pour ses dirigeants, et en particulier pour son président Ricardo Teixeira.

Enrichissement illicite, corruption, détournements de fonds, fraude fiscale, violation des statuts, paiements occultes, gaspillage, fausses factures, dépenses somptuaires: en 1600 pages, le document de la commission d'enquête du Sénat (CPI), fruit d'une enquête de quinze mois, met en évidence des irrégularités graves, mais aussi un manque total de transparence de la gestion et des comptes de la CBF et un manque de contrôle des dépenses de l'organisation.

La commission, dont le rapport sera voté dans les prochains jours, recommande que les autorités judiciaires fédérales, la Banque centrale, la Police fédérale, la Direction des impôts et l'organisme de contrôle des opération financières poursuivent le travail de la CPI et prennent éventuellement des sanctions administratives et pénales.

Selon le rapport, il existe des "indices nombreux et irréfutables et des preuves d'actes illégaux" au sein de la CBF.

300 pages sur Ricardo Teixeira

"Si la CBF était une entreprise, elle aurait fait faillite depuis longtemps", a déclaré le rapporteur, le sénateur Geraldo Althoff.

Le rapport signale entre autres que la CBF n'élaborait pas de budget, payait des commissions exorbitantes à des agents de change, des agences de voyage et des cabinets d'avocats.

Les salaires importants payés aux dirigeants de la CBF était approuvés en assemblée alors que celle-ci, de par ses statuts, n'avait pas de pouvoir de décision sur les questions de rémunérations.

Parmi les innombrables exemples de gabegie financière et de possibles détournements de fonds, le rapport cite l'organisation du championnat des clubs de 2000 à Rio de Janeiro et Sao Paulo qui a couté 17 millions de réais (plus de 9 millions de dollars à l'époque), sans les justificatifs necessaires et sans soumettre ses comptes à un audit de la Fédération internationale (FIFA).

Le rapport s'interroge sur des versements effectués à des Fédérations régionales de football favorisant certaines d'entre elles aux dépens d'autres sans justification apparente ainsi qu'aux donations effectuées par la CBF à des associations ou des représentants de partis politiques.

Sur les 1600 pages du rapport, 300 sont exclusivement consacrées à Ricardo Teixeira, citant notamment "d'évidentes infractions à la législation fiscale", à l'origine de sa fortune et à l'acquisition récente d'une villa à Buzios, une plage à la mode du nord de l'Etat de Rio.

La lecture du rapport ne devrait s'achever qu'en fin d'après-midi mardi.

La CPI du Sénat avait été mise en place en septembre 2000 pour enquêter sur d'éventuelles irrégularités au sein de la CBF, des fédérations régionales de football, sur les clubs, leurs dirigeants et les joueurs.