COLLABORATION SPÉCIALE

À l’image de la planète dans son ensemble, l’année 2021 a été mouvementée dans le monde du soccer. Tantôt vides, tantôt pleins, les stades et leurs alentours ont accueilli compétitions, célébrations et manifestations.

Le soulèvement populaire pour contrer la Super Ligue européenne nous a rappelé que les supporters détiennent toujours un certain pouvoir sur un sport business qui est plus business que jamais.

Plus près de chez nous, on vient de vivre une année inespérée.

La fierté de l’unifolié

Les Canadiens n’ont jamais été aussi fiers de leurs équipes nationales et des athlètes qui les composent.

Les femmes s’étaient donné la mission de changer la couleur de la médaille à Tokyo. Elles n’ont pas déçu.

L’héroïsme de Stéphanie Labbé (malgré une blessure et des problèmes d’anxiété), l’ultime récompense pour Christine Sinclair (après 21 ans en équipe nationale), les penalties de Jessie Flemming... Tout y était.

Chez les hommes, on peine à croire qu’au mois de juin, on craignait un barrage face à Haïti en qualifications pour le Qatar en 2022. Depuis, le Canada (privé d’Alphonso Davies et Jonathan David) a tenu tête au Mexique en demi-finale de la Gold Cup et trône maintenant au sommet de l’Octogonal, en position idéale pour atteindre une première Coupe du Monde en 36 ans.

Pour entretenir ce sentiment de vivre dans un monde parallèle, il s’agit de jeter un coup d’œil au sommet du classement des buteurs en Ligue 1. On n’y retrouve pas Neymar, Kylian Mbappé ou Lionel Messi. C’est plutôt un jeune attaquant d’Ottawa qui amorcera la nouvelle année comme meilleur marqueur du championnat français.

À ce rythme, David (21 ans) éclipsera très rapidement son propre record pour le transfert le plus onéreux de l’histoire (27 M€) pour un joueur canadien.

Deux univers

Analyser la dernière année du XI Montréal est d’une complexité indescriptible.

En début d’année, le club s’appelait toujours l’Impact de Montréal, Thierry Henry était l’entraîneur, l’équipe était délocalisée en Floride et Kevin Gilmore entamait la 3e année de sa présidence.

Un an plus tard, la nouvelle identité du CF Montréal polarise encore les partisans, Wilfried Nancy a pris la barre de l’équipe, les Ultras ont été bannis du Stade Saputo et Gilmore a quitté son poste.

On n’a même pas encore parlé du terrain...

En plus d’un titre de champion canadien qui ouvre la porte sur la Ligue des Champions 2022, le CF Montréal a offert à ses supporters le jeu le plus abouti qu’on a vu depuis des lunes à Montréal. C’est à mon sens la plus grande satisfaction de l’année.

En 2021, faire les séries aurait été un bonus. En 2022, ce sera une obligation. Cette évolution des attentes reflète celle de l’équipe sur le terrain.

Considérant la quantité de nouveaux venus qui ont intégré l’équipe et les conditions extrêmement difficiles jusqu’en août, c’est un impressionnant pas vers l’avant.

D’un continent à l’autre

Les compétitions continentales ont également présenté leurs lots d’histoires rocambolesques.

L’Argentine et la Colombie ayant jugé la situation sanitaire trop inquiétante, la Copa America a été déplacée vers le Brésil à deux semaines d’avis. C’est donc au Maracana que Lionel Messi a soulevé son premier trophée en sélection.

Un succès dont son idole n’aura pas été témoin puisque c’était le premier tournoi majeur de l’Argentine depuis le décès de Diego Maradona en novembre 2020.

Sur le Vieux Continent, l’arrêt cardiaque de Christian Eriksen à l’Euro a laissé le monde entier sous le choc. Heureusement, Eriksen en est sorti vivant. Son équipe, elle, s’est ensuite frayé un chemin jusqu’au carré d’as où elle s’est inclinée en prolongation contre l’Angleterre.

Ayant raté la dernière Coupe du monde, les attentes envers l’Italie étaient limitées à l’approche du tournoi. Les hommes de Roberto Mancini ont rapidement démontré qu’ils étaient en mode rédemption. Une rédemption qu’ils ont complétée avec succès en battant les Anglais à Wembley en grande finale.

Une rencontre qui aura été marquée par de tristes incidents entre supporters à la sortie du stade. Ces altercations annonçaient de nombreux débordements au cours de l’automne avec le retour massif des supporters dans les gradins européens.

Souvent pour le meilleur, parfois pour le pire, le monde du soccer a offert un reflet de la société dans son ensemble en 2021.

Souhaitons une année 2022 où le jeu sera remis au centre de nos discussions et les conflits relégués au second, voire troisième rang.