FRANCFORT (AFP) - "Je laisse la sélection, mais je ne cesse pas d'aimer le Brésil", a affirmé l'arrière gauche Roberto Carlos, annonçant après la déroute de la Seleçao en quart de finale du Mondial-2006 de football qu'il mettait un terme à une carrière internationale boulimique et riche en titres et émotions.

125 sélections, plus de 10.000 minutes soit 7 jours pleins joués avec le maillot jaune. Ce n'est pas rien, surtout pour un pays comme le Brésil qui regorge de joueurs et où il est difficile de garder sa place.

C'est peu dire que Roberto Carlos, 33 ans, est un monument au Brésil, même s'il a quelque peu égratigné sa réputation avec une Coupe du monde complètement ratée. Mais peu importe, dans quelques mois, on oubliera son erreur de marquage sur Thierry Henry et ses performances médiocres en Allemagne, pour se souvenir du Roberto Carlos aux cuisses de béton, aux montées ravageuses, à la rapidité fulgurante, aux dribbles d'ailier gauche pur, aux tacles précis, à l'habileté digne du cirque, au tir de mammouth.

Fabien Barthez se souviendra sans doute longtemps d'un des onze buts du Brésilien avec le maillot jaune: un but d'anthologie au Tournoi de France en 1997. Un tir canon à l'effet improbable qui avait même fait l'objet de recherches universitaires dont certaines faisaient appel à la physique quantique...

Palmarès

Avec la Seleçao, Roberto a gagné tout ce qu'il était possible de gagner: une Coupe du monde en 2002, deux Copas America en 1997 et 1999, deux Coupes des Confédérations en 1997 et 1999, remportant également la médaille de bronze olympique à Atlanta. Sans compter la finale du Mondial-1998. Au bilan final: derrière son alter ego sur le flanc droit Cafu, il est le deuxième Brésilien à avoir joué le plus de fois avec le maillot auriverde et le quatrième Brésilien en nombre de matches en Mondial (17). Et tout cela en se payant le luxe de refuser par exemple de jouer la dernière Copa America ou la Coupe des Confédérations 2005.

Boulimique en nombre de matches et titres pendant toute sa carrière (il a aussi tout remporté en clubs: C1, Intercontinentale, championnats nationaux...), Roberto Carlos commence à accuser le poids des ans à l'image de cette Coupe du monde. Mais auparavant, il était un des rares joueurs à ne jamais demander de repos au Real Madrid comme en sélection, accumulant aussi les heures de vol entre l'Amérique du Sud et l'Europe.

S'il affirmait il y a une semaine à peine, qu'il "était triste" quand on lui parlait de retraite internationale et qu'il voulait aller jusqu'au Mondial sud-africain, il a dû se résoudre à "laisser la place aux jeunes et à la rénovation". Il n'a plus l'âge.

Contacté par Chelsea

Né à Garça dans la campagne pauliste, fils d'ouvriers agricoles, Roberto Carlos a été appelé dès sa majorité en sélection (1992) même s'il avait regardé le Mondial-1994 à la télévision. Dès 1995, il est devenu un incontournable de la Seleçao, restant dans une équipe à la tête de laquelle ont défilé les sélectionneurs...

Arrivé en Europe à l'Inter Milan puis au Real Madrid, "RC", qui adore parler avec les journalistes, est devenu une star sur le Vieux continent où il compte encore jouer cette année. Poussé vers la sortie au Real, il avait été approché par Chelsea en quête d'un arrière gauche. Ses performances au Mondial vont sans doute freiner les négociations mais d'autres clubs anglais, le Celtic Glasgow et des clubs turcs seraient également sur les rangs.

Même des clubs qatariens ont fait des offres. S'il n'a plus le physique, reste le nom. Un nom qu'il doit à une des plus grandes stars du Brésil: le chanteur Roberto Carlos (sorte de Johnny Hallyday sirupeux) dont ses parents étaient fans et dont une des chansons sur le Brésil affirme: "Seul celui qui a ce bonheur dans la poitrine, cette manière d'être, sait ce que c'est d'être brésilien. Il est bon en samba et avec un ballon".