GENEVE - L'UEFA a ouvert une enquête jeudi sur les incidents de la veille survenus lors du quart de finale de Ligue des champions entre l'AS Rome et Manchester United (2-1), alors que les parties britannique et italienne se renvoyaient la responsabilité de ces violences.

"Une enquête est ouverte, a annoncé jeudi l'UEFA. Nous attendons les rapports de nos représentants officiels pour voir si nous ouvrons une procédure disciplinaire."
Dix-huit supporteurs ont été blessés lors d'échauffourées opposant les supporteurs des deux équipes. Le plus sérieusement touché est un Anglais qui aurait été poignardé au cou, les 17 autres personnes n'ayant été que légèrement blessées.

Environ 300 supporteurs anglais, dont beaucoup avaient bu, sont entrés en contact avec des tifosi romains à proximité du stade Olympique une heure avant le coup d'envoi. Les forces de l'ordre sont alors intervenues, chargeant à plusieurs reprises, et l'ordre serait vite revenu.

Dans le stade en revanche, la police italienne a chargé dans une tribune réservée aux Anglais où des troubles se produisaient après le premier but de la Roma, peu avant la mi-temps.


Action "excessive" ou "correcte"?

Londres s'en est ému. "Les scènes que nous avons vues sur nos écrans de télévision sont extrêmement préoccupantes", a déclaré jeudi le secrétaire d'Etat britannique de l'Intérieur, Vernon Coaker, à la BBC. Nous avons besoin d'explications sur ce qui s'est passé et sur la manière dont la police a répondu."

Manchester United a accusé la police romaine de "réaction gravement excessive" et d'avoir "frappé sans discrimination" ses supporteurs. Déjà lors des incidents survenus à Lens contre Lille lors du tour précédent de la C1, MU avait rejeté la responsabilité sur la police française.

"L'action de la police hier (mercredi) à Rome a été, à mon avis, correcte, a réagi de son côté le préfet de Rome, Achille Serra. Pour l'heure, nous n'avons pas connaissance de blessés dus aux forces de l'ordre et ceci est une chose très importante."

"Je n'ai pas l'impression que nous avons assisté à une nuit de violence", a ajouté Achille Serra, reconnaissant "des incidents avant et après (la rencontre) mais certainement pas des incidents graves".

Le club anglais et le préfet romain s'étaient déjà opposés avant le match. MU avait prévenu ses fans d'un "réel danger". M. Serra s'était alors dit "abasourdi" par ce propos qui "excite les esprits et risque de provoquer des incidents".

Alcool

Arbitre à la retraite et spectateur du match, Anders Frisk a pointé du doigt la police italienne qui "a réagi très très agressivement à un ou deux incidents. C'est ce qui a enflammé la situation."
Le Suédois a également mis en cause les mesures de sécurité: "Quand je suis entré dans le stade, on ne m'a pas du tout fouillé. Et si vous ne fouillez pas les gens, ils amènent des bouteilles et des projectiles. C'était une erreur monumentale."

M. Frisk avait été blessé à la tête dans ce même stade par un projectile lancé des tribunes lors d'un match de C1 en 2004. La Roma avait été sanctionnée (défaite 3-0 et deux matches à huis clos).

La presse italienne a elle évoqué la vente illégale d'alcool aux abords de l'enceinte. "Trois camions-bar distribuaient même tranquillement les boissons à quelques mètres du stade", témoigne le journal romain Il Messaggero.

La veille, le Sénat italien avait rendu définitive une loi sur les nouvelles normes de sécurité des stades italiens, lancée à la suite de la mort d'un policier lors d'affrontements en marge du derby sicilien Catane-Palerme, le 2 février.

Surtout, ces incidents interviennent alors que le nouveau président de l'UEFA, Michel Platini, partisan de la "tolérance zéro" envers les violences, avait réuni le 21 mars les chefs des polices européennes pour leur demander "soutien et aide".