Russie: une autre victoire pour Poutine
Soccer jeudi, 2 déc. 2010. 12:14 samedi, 14 déc. 2024. 19:48
MOSCOU - Après avoir décroché pour la Russie les JO d'hiver et le Grand Prix de Formule 1 en 2014, Vladimir Poutine a obtenu jeudi celle du Mondial 2018 de football, en faisant du projet une affaire personnelle dans un pays réputé corrompu et qui manque cruellement d'infrastructures.
Le Comité exécutif de la Fédération internationale de football (Fifa) a désigné, jeudi à Zurich, la Russie pour organiser le Mondial 2018, préférant la candidature de Moscou aux duos Pays-Bas/Belgique et Espagne-Portugal, ainsi qu'à l'Angleterre, pourtant donnée grande favorite.
M. Poutine, qui avait mis tout son poids et les capacités financières du pays dans la balance, a aussitôt annoncé qu'il se rendait à Zurich pour remercier la Fifa.
"La Russie a tout ce qu'il faut pour mener le Mondial de football 2018 au meilleur niveau possible", a-t-il déclaré après l'annonce de la victoire.
Il avait annoncé mercredi qu'il n'irait pas à Zurich pour faire du lobbying avant le vote, dans un coup de théâtre qui se sera avéré gagnant.
En 2007 au Guatemala, Vladimir Poutine -alors président- était intervenu en anglais et en français pour défendre la candidature de la Russie pour les jeux Olympiques d'hiver de 2014 à Sotchi, une intervention couronnée de succès.
Stades, transports, hôtellerie: un énorme chantier
Son engagement personnel représentait le principal atout de la Russie qui doit rénover considérablement les stades dans les treize villes choisies pour abriter les compétitions, moderniser ses routes, ses aéroports et ses chemins de fer et améliorer la qualité des hôtels, chers et souvent désuets.
Les préparatifs des JO de Sotchi, dotés d'un budget astronomique et d'ores et déjà ternis par des scandales de détournements de fonds, étaient un argument à double tranchant pour la candidature russe.
Mais Gueorgui Tcherdantsev, l'un des plus célèbres commentateurs russes de football, affirmait avant l'annonce de jeudi que les avantages d'une victoire russe seraient "beaucoup plus importants que les effets négatifs".
M. Poutine avait d'ailleurs promis que les stades seraient construits même si la Russie n'était pas choisie pour le Mondial.
L'organisation de la Coupe du monde devrait pousser la Russie à améliorer les transports entre les villes choisies. La distance entre Kaliningrad et Ekaterinbourg est de 3000 km et la distance moyenne entre les villes retenues est dix fois plus grande qu'entre les villes de la candidature britannique.
Actuellement, la vitesse moyenne des trains en Russie est de 75 km/h contre 124 km/h en Angleterre et les vols à bas prix quasi-inexistants.
Changer l'image de la Russie
"La Coupe du monde permettra d'intégrer la Russie totalement et de manière irrévocable au sein de la communauté internationale", estime M. Tcherdantsev.
"Les Russes apprendront enfin l'anglais et les étrangers pourront découvrir une Russie en dehors de la place Rouge, s'assurer qu'on ne défile plus sous les drapeaux rouges et que les ours ne se promènent pas dans les rues", ironise-t-il.
Pour les adversaires du projet, le budget du Mondial, estimé à 45 milliards de dollars, sera détourné et profitera peu au Russe de la rue.
"Le football russe est totalement sous contrôle d'une bureaucratie corrompue. Tous les défauts de l'Etat russe -escroquerie, incompétence, vénalité- sont aussi ceux du foot russe", a écrit dans son blog l'opposant libéral Boris Nemtsov.
Les sommes promises "sont sans précédent" et "plusieurs personnalités influentes souhaitent en prendre le contrôle", a souligné le politologue Stanislav Belkovski, ajoutant que les "commissions occultes s'élèvent à 40-50%" dans ce genre de projets.
"Nous n'avons pas d'argent pour ce projet. Il y a en Russie des secteurs plus importants où il faut investir, comme l'éducation, la santé, les retraites. Quel Mondial ?!", s'est insurgé l'économiste libéral Evguéni Iassine, recteur de l'Ecole supérieure de l'Economie à Moscou.
"Ce sont les dirigeants de la Russie qui en ont besoin pour augmenter leur popularité", a-t-il conclu dans une interview au journal Troud.
Le Comité exécutif de la Fédération internationale de football (Fifa) a désigné, jeudi à Zurich, la Russie pour organiser le Mondial 2018, préférant la candidature de Moscou aux duos Pays-Bas/Belgique et Espagne-Portugal, ainsi qu'à l'Angleterre, pourtant donnée grande favorite.
M. Poutine, qui avait mis tout son poids et les capacités financières du pays dans la balance, a aussitôt annoncé qu'il se rendait à Zurich pour remercier la Fifa.
"La Russie a tout ce qu'il faut pour mener le Mondial de football 2018 au meilleur niveau possible", a-t-il déclaré après l'annonce de la victoire.
Il avait annoncé mercredi qu'il n'irait pas à Zurich pour faire du lobbying avant le vote, dans un coup de théâtre qui se sera avéré gagnant.
En 2007 au Guatemala, Vladimir Poutine -alors président- était intervenu en anglais et en français pour défendre la candidature de la Russie pour les jeux Olympiques d'hiver de 2014 à Sotchi, une intervention couronnée de succès.
Stades, transports, hôtellerie: un énorme chantier
Son engagement personnel représentait le principal atout de la Russie qui doit rénover considérablement les stades dans les treize villes choisies pour abriter les compétitions, moderniser ses routes, ses aéroports et ses chemins de fer et améliorer la qualité des hôtels, chers et souvent désuets.
Les préparatifs des JO de Sotchi, dotés d'un budget astronomique et d'ores et déjà ternis par des scandales de détournements de fonds, étaient un argument à double tranchant pour la candidature russe.
Mais Gueorgui Tcherdantsev, l'un des plus célèbres commentateurs russes de football, affirmait avant l'annonce de jeudi que les avantages d'une victoire russe seraient "beaucoup plus importants que les effets négatifs".
M. Poutine avait d'ailleurs promis que les stades seraient construits même si la Russie n'était pas choisie pour le Mondial.
L'organisation de la Coupe du monde devrait pousser la Russie à améliorer les transports entre les villes choisies. La distance entre Kaliningrad et Ekaterinbourg est de 3000 km et la distance moyenne entre les villes retenues est dix fois plus grande qu'entre les villes de la candidature britannique.
Actuellement, la vitesse moyenne des trains en Russie est de 75 km/h contre 124 km/h en Angleterre et les vols à bas prix quasi-inexistants.
Changer l'image de la Russie
"La Coupe du monde permettra d'intégrer la Russie totalement et de manière irrévocable au sein de la communauté internationale", estime M. Tcherdantsev.
"Les Russes apprendront enfin l'anglais et les étrangers pourront découvrir une Russie en dehors de la place Rouge, s'assurer qu'on ne défile plus sous les drapeaux rouges et que les ours ne se promènent pas dans les rues", ironise-t-il.
Pour les adversaires du projet, le budget du Mondial, estimé à 45 milliards de dollars, sera détourné et profitera peu au Russe de la rue.
"Le football russe est totalement sous contrôle d'une bureaucratie corrompue. Tous les défauts de l'Etat russe -escroquerie, incompétence, vénalité- sont aussi ceux du foot russe", a écrit dans son blog l'opposant libéral Boris Nemtsov.
Les sommes promises "sont sans précédent" et "plusieurs personnalités influentes souhaitent en prendre le contrôle", a souligné le politologue Stanislav Belkovski, ajoutant que les "commissions occultes s'élèvent à 40-50%" dans ce genre de projets.
"Nous n'avons pas d'argent pour ce projet. Il y a en Russie des secteurs plus importants où il faut investir, comme l'éducation, la santé, les retraites. Quel Mondial ?!", s'est insurgé l'économiste libéral Evguéni Iassine, recteur de l'Ecole supérieure de l'Economie à Moscou.
"Ce sont les dirigeants de la Russie qui en ont besoin pour augmenter leur popularité", a-t-il conclu dans une interview au journal Troud.