BERLIN (AFP) - Les polémiques et les contestations ont fleuri au premier tour du Mondial de soccer contre les décisions de certains arbitres, malgré les efforts méritoires entrepris pour mettre les directeurs de jeu dans les meilleures conditions possibles.

Joseph Blatter, le président de la Fifa (Fédération internationale de football), a reconnu vendredi que les arbitres avaient commis plusieurs erreurs: "Ce sont encore des êtres humains, nous devons travailler pour limiter le nombre d'erreurs, mais la perfection n'existe pas."

"C'est peut-être bien ainsi, a-t-il ironisé. S'il y avait un appel ultérieur avec la vidéo, il n'y aurait plus aucune discussion après les matches."

Le président Blatter peut être satisfait, les motifs de discussion pour soirées d'après-match n'auront pas manqué depuis le début du Mondial.

Vidéo ou oeil humain?

Selon que vous serez puissant ou misérable...

Aux yeux de certains, les "petites" équipes seraient systématiquement défavorisées. La Côte d'Ivoire, l'Australie ou les Etats-Unis ont vivement reproché aux arbitres de se laisser impressionner par les "grands" joueurs et de sortir plus facilement les cartons contre les équipes moins prestigieuses.

A ce compte-là, la France doit être une petite nation et Zidane un joueur méconnu: le capitaine français a reçu un carton jaune pour avoir tiré un coup franc avant le coup de sifflet de l'arbitre. Après un deuxième carton pour une action de match, il était suspendu vendredi pour le match décisif contre le Togo.

Les Français, encore, ont été en première ligne pour regretter l'absence d'une aide vidéo aux arbitres. Un but parfaitement valable leur a été refusé contre la Corée du Sud, le gardien coréen ayant ressorti du but un ballon qui y était nettement entré. L'Argentine s'est vu refuser un but dans des conditions similaires contre la Côte d'Ivoire.

"Pour l'arbitrage vidéo, c'est très clair, c'est non", a déclaré la Fifa après ces deux incidents. Mais les dirigeants du foot mondial n'ont pas exclu une aide technologique - dans le futur - pour signaler à l'arbitre en temps réel qu'un ballon a franchi la ligne.

Etranges incidents

La Fifa avait décidé, pour la première fois, de sélectionner non des arbitres uniques mais des trios d'arbitres - arbitre de champ et deux assistants - de même nationalité, habitués à arbitrer ensemble.

La mesure semble appréciée de tous, mais elle n'a pas empêché deux incidents étranges, comme si certains arbitres avaient perdu leur lucidité. Jeudi, l'Anglais Graham Poll, qui arbitrait Australie-Croatie, a sorti deux cartons jaunes consécutifs contre le Croate Josip Simunic, en oubliant de l'exclure... C'est finalement au troisième carton jaune que M. Poll a pensé à exclure le joueur.
Vendredi, c'est l'Argentin Horacio Elizondo qui a accordé aux Suisses un but alors que son assistant avait levé son drapeau pour signaler un hors-jeu et que la défense sud-coréenne s'était arrêtée de jouer.

A noter encore l'exploit de l'Allemand Markus Merk qui a réussi à se mettre à dos les deux équipes du match Etats-Unis - Ghana pour avoir sifflé un penalty contesté contre les Américains, puis pour avoir donné un carton jaune synonyme de suspension au Ghanéen Essien, auteur d'un tacle parfaitement correct.

Le Mondial entrait samedi dans la phase des matches à élimination directe. C'est à ce niveau-là, lors de la dernière Coupe du monde, en 2002, qu'avaient eu lieu les plus graves erreurs d'arbitrage. Elles avaient notamment permis à la Corée du Sud, pays organisateur, d'atteindre la demi-finale après avoir bénéficié de décisions contestables pour battre l'Italie puis l'Espagne en huitièmes et en quarts.