YAOUNDE - Vedette en Europe, de la Liga au Calcio, Samuel Eto'o est de plus en plus contesté dans son pays : son penalty raté contre le Sénégal qui élimine presque le Cameroun de la course à la CAN-2012 a fait remonter à la surface toutes les difficultés de l'attaquant avec les Lions indomptables.

À la fin de la rencontre (0-0), des supporteurs ont brûlé son maillot et même menacé d'attenter à sa vie dans un climat délétère avec des violences qui ont fait plusieurs blessés.

Ce triste épisode rappelle le penalty raté par Pierre Womé contre l'Égypte en 2005 lors du temps additionnel qui avait privé le Cameroun du Mondial-2006. A cette époque, beaucoup avaient estimé qu'Eto'o, déjà une vedette, aurait dû prendre ses responsabilités et le tirer.

Lors des violences du 4 juin à Yaoundé, des manifestants, rappelant la mésaventure et l'exclusion de Womé de la sélection, ont estimé qu'Eto'o devait à son tour payer le prix du raté en quittant l'équipe.

"Eto'o apporte le désordre à l'équipe nationale. Il frustre ses jeunes coéquipiers. Il n'est pas indispensable", estime Michel Djameni, un supporteur de Yaoundé.

Presse pas tendre, attentes parfois démesurées, environnement compliqué autour de l'équipe: la pression sur les épaules d'Eto'o est très dure à supporter et le joueur a déjà dérapé à plusieurs reprises. En mars lors d'une conférence de presse, il avait menacé de faire virer un journaliste de la chaîne de télévision camerounaise Équinoxe Tv alors qu'en 2008, il avait donné un coup de tête à un journaliste camerounais.

Personne ne met en doute le talent d'Eto'o, vainqueur de la Ligue des Champions avec deux clubs différents (Barcelone 2006-2009, Inter Milan 2010). Il a d'ailleurs déjà brillé avec le Cameroun avec lequel il a remporté le titre olympique en 2000 ou les CAN-2000 et 2002 mais, son image avec la sélection nationale s'est brouillée.

Le 4 juin face au Sénégal, avant son penalty raté, il s'était ouvertement opposé au remplacement de Choupo par Bedimo. Le remplacement est intervenu quelques minutes plus tard mais entre Choupo et Chedjou. Eto'o et Clemente ont fait état, au terme de la rencontre, d'un malentendu entre le sélectionneur et ses adjoints sur les joueurs à remplacer et le moment.

Toutefois, la presse estime qu'Eto'o, promu capitaine par l'ancien sélectionneur Paul Le Guen, dicte ses volontés à l'équipe. Ce "pouvoir" ne serait pas bon pour le rendement collectif comme en témoigne la probable non qualification des Lions indomptables pour la CAN ou les trois défaites en trois matches au Mondial sud-africain.

Le presse lui a attribué la mise à l'écart de plusieurs joueurs après la mauvaise prestation des Lions indomptables à la Coupe du monde 2010, parmi lesquels le joueur d'Arsenal Alexandre Song, de retour depuis peu.

"Je pense qu'il (Eto'o) a été livré à lui-même, je dirai même abandonné. Tout le monde s'est effacé comme si personne d'autre n'avait de responsabilités dans cette équipe (nationale)", affirme Alexandre Song dans une interview au quotidien Le Jour.

"Depuis que je suis devenu capitaine, j'ai plus de problèmes (à gérer) qu'autre chose", a expliqué Eto'o dans une émission spéciale de la chaîne de télévision privée STV2 dimanche.

"Si je pose un problème d'indiscipline à l'équipe nationale qu'on me sanctionne. On l'a fait avec Ribéry et Evra (en France). Pourquoi on ne peut pas le faire avec l'équipe nationale (du Cameroun)?", s'interroge-t-il.

Il dit aussi que l'idée de quitter l'équipe nationale lui "traverse" souvent l'esprit du fait de l'environnement, souhaitant que cessent les polémiques visant à le "salir".