SAO PAULO, Brésil - Deux ans après la tragédie aérienne qui a décimé Chapecoense, le club brésilien de football se prépare à jouer un match crucial dimanche pour tenter d'éviter la relégation en deuxième division.

Le 28 novembre 2016, le vol LaMia 2933 qui transportait l'équipe s'est écrasé sur une montagne près de Medellin, en Colombie, faisant 71 morts parmi les 77 passagers à bord, dont 19 joueurs, 14 membres du staff et une vingtaine de journalistes.

Parmi les six survivants, Alan Ruschel, symbole de la renaissance du club, qui a rejoué huit mois à peine après l'accident et fait toujours partie de l'effectif.

Il sait comme personne l'importance du match de dimanche à domicile contre le Sao Paulo FC, pour le compte de la dernière journée du championnat national. La « Chape » doit impérativement gagner pour assurer son maintien sans dépendre d'autres résultats.

« Nous avons déjà assez souffert avec tout ce qui s'est passé et ce ne serait pas juste de notre part de laisser le club en deuxième division », a affirmé le latéral la semaine dernière, à la chaîne SporTV.

Le match aura lieu au stade Arena Conda de Chapeco, où les supporters ont pleuré leurs héros lors d'une veillée funèbre déchirante, sous des trombes d'eau, il y a deux ans. Quelques jours plus tôt, ils y fêtaient la qualification historique en finale de la coupe Sudamericana, l'équivalent latino-américain de la Ligue Europa.

C'est lors du voyage vers la Colombie pour disputer le match aller de cette finale que le rêve de ce modeste club qui évoluait encore en quatrième division en 2009 s'est fracassé.

Manque de carburant

Les dirigeants du club ont à peine eu le temps de faire leur deuil : un nouvel effectif a été bâti de toutes pièces un mois après le drame.

La nouvelle Chapecoense avait débuté sur les chapeaux de roue, en remportant le titre de champion de l'État de Santa Catarina dès le mois de mai 2017. Le club du sud du Brésil avait également terminé à une très honorable huitième position du championnat brésilien.

Mais cette année, la « Chape » s'est retrouvée en bas de tableau pratiquement toute la saison et n'a qu'un petit point d'avance sur le premier relégable avant la dernière journée.

Les déboires sportifs du club sont cependant sans commune mesure avec la détresse des familles de victimes, qui continuent à demander que les responsabilités du drame soient clairement établies.

« L'accident a commencé bien avant la chute de l'avion, à cause d'une série de négligences », a affirmé à l'AFP Fabienne Belle, présidente de l'association de familles de victimes AFAV-C, qui a perdu son mari, kiné du club.

« Si l'accident avait eu lieu sur le vol qui transportait l'équipe d'Argentine, si Messi avait été tué, les familles auraient-elles été traitées de la même façon? », a-t-elle ajouté, en référence au voyage des footballeurs argentins avec la même compagnie bolivienne LaMia quelques semaines avant le drame. 

Les autorités colombiennes ont conclu que l'avion s'était écrasé par manque de carburant, mais l'association n'a pas accepté l'indemnité de 225 000 dollars par victime offerte par les assureurs si les familles retiraient leurs plaintes.