La longue traversée du désert de Pato
Soccer mardi, 18 juil. 2017. 06:40 samedi, 14 déc. 2024. 00:33SHANGHAI, Chine - Promesse du football mondial à 17 ans avant d'être rattrapé par une succession de blessures qui ont freiné sa carrière, Pato, le Brésilien au surnom de volatile, renaît en Chine, à Tianjin Quanjian, après une longue traversée du désert.
Dimanche, le buteur de 27 ans a ainsi signé une frappe chirurgicale de toute beauté lors de la démonstration 3-0 face à Shanghai Shenhua. Son 9e but en 16 matchs depuis son arrivée fin janvier.
Après avoir été plombé par les critiques pendant des années, Alexandre Rodrigues da Silva se remet à canarder, au point de devancer même les meilleurs gâchettes étrangères recrutées à prix d'or par la Chinese Super League (CSL). En mal d'intégration, l'Argentin Carlos Tevez n'a ainsi marqué que deux buts cette saison.
« Croyez en vous », s'est même permis de twitter le joueur à l'issue d'une victoire qui permet à son club d'occuper la 3e place.
Personne n'oserait comparer la CSL à la Liga, la Serie A ou la Premier League, les précédents championnats du natif de Pato Branco (« canard blanc »), la ville qui lui a donné son surnom. Mais, même en Chine, le voir marquer de nouveau des buts, délivrer des passes décisives, ressemble à un petit miracle.
« Je ne suis pas surpris par ces performances », a pourtant assuré son entraîneur Fabio Cannavaro. « On connaissait toutes ses qualités avant de l'acheter et il s'est parfaitement intégré dans la communauté chinoise ».
Pendant ces dernières années, Pato a surtout été titulaire dans les infirmeries. Mais au tout début de sa carrière, il était catalogué comme le « Golden Child » (« l'Enfant Sacré »). En 2006, l'adolescent permet à l'Internacional (club brésilien de Porto Alegre) de dominer le Barça lors de la Coupe du monde des clubs. Et il s'empare à 17 ans d'un record détenu par le grand Pelé en devenant le plus jeune buteur lors d'une compétition de la FIFA.
« On prie nuit et jour... pour le vendre »
Ce qui lui vaut un transfert retentissant à l'AC Milan. En Lombardie, il inscrit 18 buts en 42 matchs, remporte le titre d'espoir de l'année, décroche la première de ses 27 sélections en 2008 (10 buts)... et devient le compagnon de Barbara Berlusconi, la fille du propriétaire du club. Le monde est alors à ses pieds... mais il ne va pas le rester.
En 2011, après avoir remporté le titre national, les premières blessures parasitent sa progression. Après deux ans d'incompréhension, il repart au Brésil, aux Corinthians. Chez lui, ça va de mal en pis et des prêts à Sao Paulo ou Chelsea n'enrayent pas la spirale infernale. La Seleçao cesse de le convoquer dès 2013.
« On prie nuit et jour... pour le vendre », aurait même déclaré à cette époque le président des Corinthians Roberto De Andrade.
Contre toute attente, Villarreal lui tend pourtant la main en 2016 en rachetant son contrat pour 3 millions d'euros (4,3 M$ CAD). En janvier, la messe est pourtant déjà dite en Espagne et l'offre de 18 millions d'euros (26,2 M$ CAD) venue de Chine ne se refuse pas.
« Personne ne fait jamais d'erreur et il n'échappe pas à la règle, le protège désormais Cannavaro. Mais il sait se créer de nombreuses occasions et se sacrifier pour l'équipe. Je ne suis pas juste heureux, je suis aussi très fier de lui ». Droit au but, droit au coeur aussi.