PYONGYANG (AFP) - La défaite de la Corée du Nord contre l'Iran (0-2), mercredi à Pyongyang, dans les qualifications du Mondial-2006 de soccer, a provoqué la fureur des 70 000 spectateurs nord-coréens, puis un déploiement de forces pour protéger l'arbitre syrien et les joueurs iraniens.

La Corée du Nord est l'un des pays les plus isolés de la communauté internationale et il est rare que des informations, a fortiori sur des manifestations ou des troubles à l'ordre public, sortent de ses frontières.

L'ambiance déjà électrique dans le stade Kim Il-Sung est montée d'un cran quand tous les joueurs nord-coréens, menés 2 à 0 depuis la 79e minute, se sont rué vers l'arbitre syrien, Mohammed Kousa, pour réclamer un penalty, un joueur iranien ayant, selon eux, touché le ballon de la main.

Le match, comptant pour le tour final de la zone Asie (Groupe B), a alors été interrompu pendant plus de cinq minutes et divers objets ont été jetés sur la piste d'athlétisme qui entoure la pelouse. M. Kousa a obtenu du renfort puis il a exclu le défenseur nord-coréen Nam Song-Chol.

Après le coup de sifflet final, l'arbitre, ses assistants et tous les joueurs iraniens ont dû attendre de longues minutes avant de pouvoir quitter la pelouse en courant, sous une pluie de bouteilles, sièges et autres objets lancés par le public furieux.

Danger

Des soldats ont pris position sur la piste d'athlétisme pendant que le public continuait à siffler. Plusieurs milliers de supporteurs se sont ensuite regroupés à l'extérieur du stade, obligeant les autorités nord-coréennes à déployer un quadruple cordon de sécurité, constitué de centaines de policiers.

"Mes joueurs ont essayé d'aller jusqu'au bus, mais ce n'était pas possible. C'était une situation très dangereuse", a déclaré le sélectionneur de l'Iran, Branko Ivankovic, à l'AFP.

Les forces de sécurité ont bousculé la foule mais il n'y a pas eu d'affrontements ou d'incidents violents, et la police présente tout autour du stade ne semblait pas armée, selon les journalistes sur place.

Les médias étrangers ne sont pas autorisés à avoir des correspondants permanents en Corée du Nord, mais une trentaine de journalistes venus du Japon, d'Iran, d'Australie et d'ailleurs étaient à Pyongyang pour assister à ce match.

Aucun joueur iranien n'a été blessé, mais tous se sont senti en danger, selon Ivankovic: "C'était une situation très hostile sur le terrain. Avant et après le match, il s'est passé beaucoup de choses qui n'étaient pas normales... Quand il y a autant de monde, tout peut arriver".

Le Japon à huis-clos ?

La défaite de mercredi laisse la Corée du Nord à la 4e et dernière place du groupe B, sans le moindre point après trois défaites en trois matches. Les deux premières équipes du groupe seront qualifiées pour le Mondial allemand.

La Corée du Nord s'était déjà estimée lésée par l'arbitrage lors de sa défaite la semaine dernière contre Bahreïn (1-2), mais aucune plainte officielle à la suite de ce match n'avait encore été reçue mercredi par la Fédération internationale de football (FIFA), a indiqué à l'AFP un porte-parole de la FIFA.

Ivankovic s'est dit convaincu que la FIFA allait se pencher sur ces incidents de Pyongyang et prendre les mesures de sécurité adéquates pour le prochain match de la Corée dans ce groupe, le 8 juin contre le Japon.

"Je suis sûr que la FIFA va faire quelque chose, a dit Ivankovic. Ils ont des règlements et ils essayent de faire quelque chose au niveau de la sécurité. Peut-être que ce match se jouera à huis-clos mais ce qui est sûr, c'est que ce ne sera pas facile pour le Japon".

Les relations entre le Japon et la Corée du Nord sont très tendues depuis l'occupation japonaise du pays entre 1910 et 1945.