MADRID - Métamorphosé depuis plusieurs mois, le discret Luka Modric s'est enfin imposé dans le clinquant effectif du Real Madrid et, sans faire de bruit, le milieu ambitionne de replacer la Croatie dans le gotha planétaire lors du Mondial au Brésil cet été.

Modric, c'est l'histoire d'un joueur passé en un an du statut de bête noire à celui de chouchou du public madrilène, lequel apprécie son abnégation dans l'entrejeu et sa capacité à transpercer les lignes adverses.

Ce milieu de poche (1,74 m, 65 kg) avait pourtant été élu pire transfert de l'année 2012 par les internautes du journal madrilène Marca. Mais il a réussi à retourner l'opinion cette saison et à devenir un élément-clé du onze merengue.

L'international aux 73 sélections (8 buts) sait désormais qu'il porte une bonne partie des espoirs de la Croatie, versée avec le Cameroun et le Mexique dans le groupe A du Mondial, celui du Brésil, le pays-hôte.

Dans une poule aussi dense, les chances de qualification sont très aléatoires mais si Modric a tiré son épingle du jeu au Real, pourquoi les Croates n'y parviendraient-ils pas au Mondial?

« Personnellement, je ne sous-estimerais pas la Croatie, a mis en garde Modric il y a quelques mois. Nous avons toujours bien joué dans les grandes compétitions, que ce soit à l'Euro ou à la Coupe du monde [...] Nous sommes dans un groupe difficile mais nous espérons y parvenir. »

Surmonter les épreuves et déjouer les pronostics a longtemps été le quotidien de Luka Modric, dont la famille a été durement ébranlée par les années de conflit en ex-Yougoslavie.

« Pas de pression »

Trop petit, trop frêle, le joueur recruté par le Dinamo Zagreb a dû pour sa part partir s'endurcir à 17 ans dans le championnat de Bosnie, avec un prêt au Zrinjski Mostar, pour convaincre enfin.

Recruté par Tottenham après un Euro 2008 brillant - Modric avait été retenu dans l'équipe-type de la compétition -, le Croate a ensuite fait son trou en Angleterre, musclant son jeu pour pouvoir rivaliser physiquement.

Au Real Madrid, qui l'a acquis à l'été 2012 pour une quarantaine de millions d'euros, l'adaptation a mis un peu de temps. Mais le départ du milieu allemand Mesut Özil à Arsenal et l'arrivée de l'entraîneur italien Carlo Ancelotti ont favorisé la montée en puissance de ce meneur moderne et technique, précieux pour son apport défensif, sa vision du jeu et sa percussion.

« Quand l'équipe adverse est très regroupée derrière, la possibilité (qu'il offre) de générer des un contre un nous donne davantage de chances », a résumé Ancelotti.

Cheveux blonds mi-longs, voix grave et sourire timide, Luka Modric aborde désormais la Coupe du monde avec son habituelle réserve, mais pas sans ambition malgré une entrée en lice qui s'annonce délicate en match d'ouverture, le 12 juin contre le Brésil.

« Je ne pense pas que ce soit la pire situation pour nous, a-t-il dédramatisé en décembre dernier. Sur un match, nous pouvons battre n'importe qui. Le Brésil est l'un des favoris mais nous sommes convaincus que nous leur compliquerons la tâche. Ils ont besoin de gagner, alors que nous, nous n'avons pas autant de pression. »

Fiche de la Croatie :

Palmarès

Coupe du monde : 3e en 1998, 4e participation

Championnat d'Europe : 4 participations

Coupe des Confédérations : aucune participation

Jeux olympiques : aucune participation

Classement FIFA (au 8 mai 2014) : 20e

Sélectionneur : Niko Kovac (depuis 16 octobre 2013)

Principaux clubs : Dinamo Zagreb, Hajduk Split, Rijeka

Joueurs vedettes : Luka Modric, Mario Mandzukic, Ivan Rakitic, Darijo Srna

Parcours en qualification : 2e du groupe A de la zone Europe, vainqueur du barrage contre l'Islande (0-0, 2-0)

Équipe-type: Pletikosa - Srna, Corluka, Lovren, Pranjic - Rakitic, Modric - Olic, Kovacic, Perisic - Mandzukic