MONTRÉAL - À force d'essayer de garder un pied ancré dans la NASL tout en soulevant l'autre afin de se préparer à faire le saut en MLS, l'Impact de Montréal s'est fait douloureusement écarteler en 2011.

Heureusement pour le club fondé en 1993, l'équilibre a été rétabli une fois qu'il a pu mettre la compétition de 2e division derrière lui et se lancer à pieds joints dans son rôle d'équipe d'expansion du circuit Garber.

Privé d'une participation aux séries de la NASL au dernier week-end de la saison, malgré une victoire de 4-0 à Atlanta le 24 septembre, (les Stars du Minnesota lui subtilisant ce privilège à l'aide d'un gain surprise de 2-1 contre les RailHawks de la Caroline le même soir), l'Impact a pu se mettre définitivement en mode MLS un peu plus d'une semaine après.

Le club montréalais a alors annoncé sa première nouvelle embauche en vue de la MLS, celle du défenseur colombien Nelson Rivas.

A suivi le repêchage d'expansion en novembre, fort scruté et commenté, notamment en raison de la sélection du récalcitrant Brian Ching. L'Impact a choisi de répondre au « bluff » du joueur du Dynamo de Houston, qui menaçait de prendre sa retraite s'il était choisi. Le dossier reste en suspens.

Vient ensuite le dévoilement en grandes pompes du nouveau maillot, le 1er décembre, puis la mise sous contrat du milieu québécois Patrice Bernier, le 19 décembre. L'addition du Brossardois qui évoluait en première division danoise a été un baume sur les blessures laissées par la libération hâtive des joueurs de la place Antonio Ribeiro et Ali Gerba, entre autres, en début d'automne.

Même si ces deux-là avaient déjà joué en MLS par le passé, ils n'ont pas été invités au camp d'essai automnal, sous l'égide du nouvel entraîneur-chef Jesse Marsch, dont l'embauche avait été annoncée le 10 août.

Reste que l'heure sera à l'optimisme, en janvier, quand l'Impact entreprendra le premier camp d'entraînement de son histoire dans la MLS, en préparation pour ses deux premiers rendez-vous, le 10 mars à Vancouver et le 17 au Stade olympique.

Au grand soulagement du président Joey Saputo et du directeur sportif Nick De Santis sans doute, puisque ceux-ci ont vécu un été très pénible.

Car durant la saison 2011, la dernière de l'Impact en NASL, le passé et l'avenir du club se sont entrechoqués avec force. Et ça n'a jamais été aussi évident qu'à l'occasion du match du 6 août.

C'est ce soir-là que le club devait dévoiler son nouveau logo. Mais c'est aussi à ce moment-là que les Ultras, les plus ardents partisans de l'Impact, ont choisi de sortir de l'enceinte avant le coup d'envoi, en laissant derrière eux une affiche sur laquelle il était inscrit « Faux supporteurs - absents ».

C'était en réaction aux propos de De Santis, qui avait dit des Ultras qu'ils n'étaient pas de vrais supporters.

Critiqué en coulisses par certains joueurs et ouvertement contesté par les partisans les plus farouches du club, De Santis avait été délesté de son poste d'entraîneur-chef une première fois en juin 2008, après un peu plus de quatre saisons à la barre de l'équipe. Il s'est de nouveau offert comme cible, fin juin 2011, à la suite de la démission de Marc Dos Santos.

Son retour au banc des siens a relancé la controverse au sujet de ses compétences comme entraîneur, et même comme directeur technique du club. Ce qui a notamment incité les Ultras à s'amener au stade avec la bannière « Dictateur technique ».

La cote d'amour dont profitait Dos Santos avait exacerbé la situation. Quand le Québécois d'origine portugaise a décidé de quitter, après le match du 26 juin à Edmonton, les Ultras savaient, comme plusieurs observateurs, qu'il y avait anguille sous roche. Ils savaient que Dos Santos n'a jamais pu se mettre en valeur, en 2011, à cause de l'instabilité causée par le fait qu'il n'avait pas de contrat au-delà de la saison en cours, à l'image de ses joueurs d'ailleurs.

Cette situation, jumelée au fait qu'il n'était pas vraiment considéré pour le poste d'entraîneur-chef en MLS même si la direction déclarait publiquement que c'était le cas, ont sapé son autorité, ainsi que les chances de succès du club.

Cela a donc engendré une tension entre ardents partisans et la direction du club, qui a explosé le 6 août. En entrevue télévisée à la mi-temps, Joey Saputo a «salué» le retour dans le stade des Ultras avec une tirade qui a vite fait oublier son boniment sur les vertus du nouveau logo.

Sa colère, contenue mais visible, l'a amené à lancer: « On n'aurait pas dû les laisser revenir, a-t-il dit en parlant des Ultras. C'est une erreur de mon personnel ».

« Des vrais supporteurs vous appuient en toutes circonstances, a-t-il ajouté. Tu peux critiquer l'équipe, mais pas une personne en particulier. Si tu n'es pas content, reste dans ton siège et ne dit rien. »

Même si Saputo a tenté de calmer le jeu dans les jours qui ont suivi, cette sortie a provoqué une série de réactions des amateurs, dont la diffusion d'une lettre ouverte des Ultras.

Les ponts semblent toutefois avoir été rétablis cet automne. Grâce, notamment, à la fondation d'un regroupement de partisans, l'Association des supporters de Montréal (ASUPMTL), qui a récemment rencontré la direction de l'Impact. L'entrée en scène de Marsch a également permis au club de retrouver son capital de sympathie.

Et l'histoire s'est également bien terminée pour Dos Santos, qui relèvera un nouveau défi à titre d'entraîneur-chef du FC Primeira Camisa au Brésil.

De Morace à Herdman

La sélection canadienne féminine a également connu une année 2011 en dents de scie.

Malgré de grandes attentes engendrées par le style de jeu plus fluide instauré par Carolina Morace, le Canada a vécu une Coupe du monde désastreuse, en Allemagne, en donnant une performance qui lui a valu trois défaites et la toute dernière place. Ce qui a mené à la démission précipitée de l'entraîneure italienne.

Son successeur, l'Anglais John Herdman, a vite remis l'équipe sur pied en menant celle-ci à la médaille d'or aux Jeux panaméricains, au Mexique, en octobre. Le prochain grand rendez-vous suivra en janvier, à l'occasion du tournoi de qualification olympique de la CONCACAF à Vancouver.

L'équipe masculine, de son côté, a bien entrepris les qualifications pour la Coupe du monde de 2014, en obtenant aisément son billet pour le tour suivant, qui sera disputé en 2012. Les Québécois Patrice Bernier, Olivier Occéan, André Hainault et Jonathan Beaulieu-Bourgault ont tous eu droit à des matchs.

Hainault s'est par ailleurs rendu en finale de la MLS, en novembre, avec Houston. Le Dynamo s'est incliné devant le Galaxy de Los Angeles, à l'occasion du dernier match de David Beckham dans la MLS.