ATHENES (AFP) - Une marée humaine bleue et blanche de centaines de milliers de personnes a envahi lundi soir Athènes, et notamment le stade où s'est déroulée une cérémonie officielle en l'honneur de l'équipe grecque de soccer, championne d'Europe après sa victoire contre le Portugal (1-0) dimanche en finale de l'Euro-2004.

Le stade, d'une capacité théorique de 34.500 places, était déjà plein à craquer près d'une heure avant l'heure prévue pour le début de la cérémonie.

A l'intérieur, les supporteurs scandaient "Equipe grecque, grande équipe", frappaient sur des tambours ou réalisaient des "olas" spectaculaires. Ils débordaient même sur les allées à un point inquiétant pour la sécurité, et il est vite devenu impossible d'y pénétrer, au point que la police a finalement autorisé le public à envahir le centre du stade.

Les Athéniens étaient venus en famille, portant les maillots bleu et blanc de leur équipe ou arborant le drapeau national. Les dizaines de milliers de personnes restées dehors ont fini par bloquer totalement les avenues voisines.

"Miracle"

Selon la maire d'Athènes Dora Bakoyannis, les supporteurs à l'extérieur de l'enceinte étaient "plus de 100.000". Cette victoire "est le meilleur et le plus grand message que nous puissions adresser sur les Jeux: Athènes est prête et tout est merveilleux", a-t-elle affirmé.

Le Premier ministre Costas Caramanlis a pour sa part estimé que "des millions de Grecs dans le monde entier partagent aujourd'hui un bonheur indicible". "Tout le monde parle de la Grèce", a-t-il souligné, prédisant que "cette grande joie trouvera son paroxysme pendant les Jeux".

La plupart des personnalités grecques de premier plan se sont rendues au stade, dont le dirigeant de l'opposition socialiste Georges Papandréou et le chef de l'Eglise orthodoxe de Grèce Mgr Christodoulos qui a attribué à Dieu le "miracle" de la victoire.

L'avion de l'équipe nationale avait atterri vers 19h15 locales. Il est passé avant son arrêt sous une arche d'eau dessinée par les jets de deux camions de pompiers.

"Les meilleurs"

A leur sortie de l'avion, les joueurs et leur entraîneur allemand Otto Rehhagel ont été accueillis par le ministre des Sports Georges Orfanos et des employés de l'aéroport qui chantaient "Nous sommes les meilleurs, donnez-nous le Brésil", le champion du monde en titre, le tout retransmis en direct par la plupart des télévisions du pays.

Près de 1500 supporteurs s'étaient massés devant le terminal où devait arriver l'avion, malgré la demande des autorités qui avaient conseillé de se rendre plutôt au stade.

Des dizaines de milliers d'autres Athéniens se sont également placés le long du trajet entre l'aéroport et le stade. Des centaines de motos, dont les passagers agitaient leurs drapeaux bleus et blancs, suivaient l'autobus, sous la protection de nombreux policiers eux aussi à moto. Mais ils n'ont pas pu empêcher que le bus soit bloqué par la foule et la circulation, juste avant son entrée dans Athènes.

A l'avant du bus, qui a dès lors avancé mètre par mètre, Rehhagel montrait de temps en temps à des supporteurs en délire la coupe qu'il avait juste à ses côtés, alors qu'au fond du véhicule, les joueurs dansaient de joie.

Après avoir mis près de trois heures pour rejoindre le stade, ils ont été reçus en triomphe sur une scène dressée en son centre.

Un animateur a alors lu les noms de chacun des joueurs qui à chaque fois a été salué par un vibrant "olé!". "Lève-là, lève-là (la coupe), je ne peux pas attendre", chantaient les supporteurs, reprenant une chanson populaire devenue l'hymne des supporteurs grecs. "Il est fou l'Allemand", criaient-ils également à l'adresse de Rehhagel. Un compliment dans leur bouche.

La foule s'est déchaînée quand le capitaine Théodoros Zagorakis a enfin soulevé la coupe. Quelques joueurs ont enlevé leur chemise, salués par le cri "voici, voici, voici les champions!". Une nouvelle fois, la nuit allait être longue à Athènes.