PARIS (AFP) - Le coup de tête de Zinedine Zidane sur Marco Materazzi en finale de la Coupe du monde de soccer a réussi l'impensable: éclipser le sacre de l'Italie dans la presse mondiale lundi.

Seuls les quotidiens italiens ont logiquement mis l'accent sur le quatrième titre mondial des "azzurri": "Sur le toit du monde" (La Stampa), "Italie, coeur mondial" (Il Messaggero), "Le monde nous appartient" (La Repubblica).

"Partout sur la planète Terre, le passeport blanc-rouge-vert sera timbré avec admiration", résume l'éditorial du principal tirage italien, Corriere della Sera.

La presse internationale lance elle aussi un "Viva Italia" de circonstance à l'image du quotidien belge La Dernière Heure, mais enchaîne rapidement sur "l'incompréhensible fin de carrière" de Zidane, exclu en prolongation après un coup de tête violent dans le buste de Materazzi.

Dans les colonnes du New York Times, Zidane passe ainsi de "l'homme le plus cool de la planète", qualificatif utilisé jeudi, à la "star qui chancelle", auteur d'un "acte spectaculairement stupide".

Le quotidien francophone algérien Liberté note que "ce qui devait être l'apothéose pour un véritable génie du football a finalement viré au cauchemar pour tout un peuple".

"La plume et son propriétaire restent désemparés au moment où il faut parler des incidents aussi choquants que celui du coup de tête de Zidane administré à Materazzi. A quoi bon? Pourquoi? Est-il devenu fou?", lance incrédule le quotidien de sport polonais Przeglad Sportowy.

"Pourquoi Zidane? Pourquoi? Dans cette nuit qui devait être parfaite, comment a-t-il été possible de perdre la tête de cette façon?", s'interroge également le quotidien sportif portugais A Bola sous le titre: "La nuit où Zizou a rimé avec fou".

"Merde, Monsieur Zidane"

"Zidane avait tout pour gagner. Et à la fin il a tout perdu", écrit encore le quotidien, qui estime que par ce geste "l'artiste" a jeté "un seau d'encre noire" sur "l'oeuvre d'art qu'il avait patiemment créée".

Le quotidien de référence Publico, sous le titre "Zidane, de héros à vilain", estime même que le capitaine français par son geste "indigne" a "déshonoré le football".

"Zidane perd la tête et la couronne", titre au Brésil le quotidien de Rio de Janeiro O Globo. Dans Folha de Sao Paulo, Tostao, ancien champion du monde brésilien de 1970, estime que "l'unique étoile grandiose de la Coupe s'est éteinte dans ce geste".

Le quotidien populaire O Dia n'y va pas par quatre chemins sous la plume de l'éditorialiste sportif Teixeira Heizer qui titre, en français, "Merde, Monsieur Zidane".

"Le plus élégant et raffiné joueur du monde, Zinedine Zidane, a entaché sa carrière et la Coupe elle-même avec un geste insensé vu par 200 millions de supporteurs incrédules. Le coup de tête criminel sur Materazzi a été un exemple à ne pas suivre par la jeunesse et il a aussi contribué à déstabiliser psychologiquement ses équipiers", écrit Heizer.

La presse allemande se montrait tout aussi sévère. "Zidane détruit son auréole de saint", affirme la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Le quotidien Süddeutsche Zeitung titre sur "la face sombre du génie".

Pour le quotidien populaire Bild, "Zidane est responsable de l'aspect le plus sale de notre Mondial".

La Berliner Zeitung souligne que la star française a montré ses "deux visages: Dr Jekyll et Mr Hyde". "Zizou le magicien s'est une nouvelle fois oublié", ajoute-t-il.

"Criminel!"

Le journal sénégalais Sud quotidien estime aussi que Zidane a montré "une facette du personnage que le monde avait oubliée, celle qui lui avait coûté le Ballon d'Or en 2000".

"Il est un virtuose du ballon, mais également très susceptible, abonde le quotidien néerlandais L'Algemeen Dagblad. Il n'a jamais cessé d'être le footballeur de rue de La Castellane", son quartier d'origine à Marseille.

"Le dieu du football, le génie, l'ange bleu, qui nous a tant donné (...) a quitté la scène mondiale comme un homme violent, un criminel", note pour sa part le quotidien danois Politiken.

Beaucoup de médias, à l'image du quotidien russe Sport Express, s'interrogent: "Qu'est-ce que Materazzi a dit à Zidane?"

D'autres se demandent si "le moment de folie de Zidane lui a coûté la Coupe du Monde?" (Daily Mail). Certains osent la réponse comme le journal koweïtien Al-Raï al-Aam qui titre en Une: "La Coupe aux Italiens, c'est la faute à Zidane".

En France, la presse titrait "Cruel"
(Libération), "Regrets éternels" (L'Equipe), "Le rêve brisé" (Le Figaro) et voulait dans l'ensemble pardonner à Zidane son "geste de folie".

Mais beaucoup avaient du mal à le comprendre, à l'instar de L'Equipe, qui demande au néo-retraité dans son éditorial: "Comment cela a-t-il pu arriver à l'homme que vous êtes?"