LEIRIA, Portugal (AP) - Une nouvelle fois menée au score, l'équipe de France de soccer a prouvé qu'elle a un coeur énorme en faisant match nul 2-2 face à une Croatie euphorique qui lui a donné beaucoup de fil à retordre au cours d'un match hallucinant jeudi soir à Leiria.

Avec quatre points, les Bleus sont en tête du groupe B après deux matches du premier tour de cet Euro 2004, contre trois à l'Angleterre, deux à la Croatie et un à la Suisse.

Ils joueront la qualification face à la Suisse lundi à Coimbra, alors que le choc Angleterre-Croatie s'annonce fabuleux.

Gagner valait la qualification pour les Français. Mais le stade de Leiria, situé juste sous les remparts fortifiés du château de la ville, avait d'abord donné des idées défensives à Jacques Santini.

Le sélectionneur avait titularisé au coup d'envoi le vieux "Marcelo", toutes ses dents mais des genoux branlants à bientôt 35 ans. Pour sa 116e sélection, Desailly faisait équipe avec Lilian Thuram (101e sélection), pour une charnière centrale de poids. Du lourd donc, mais aussi du haut dans les couloirs, avec à gauche Mikaël Silvestre et à droite Williams Gallas. Histoire de pouvoir répliquer sans problème dans le jeu aérien à la Croatie, la plus grande formation des 16 de l'Euro, avec 1,86 mètre de moyenne. Bixente Lizarazu pouvait souffler, comme Robert Pires remplacé par Sylvain Wiltord.

Pour cette revanche de la demi-finale du Mondial 1998 remportée par la France, la Croatie était plus nationaliste que jamais.

"Havla Ti Boze Sto Sam Hrvat" (Merci Dieu, si je suis croate), proclamait une banderole.

Les joueurs du sélectionneur Otto Baric, devaient absolument faire un résultat, après le nul concédé à la Suisse 0-0 en ouverture. D'autant que l'Angleterre venait de s'imposer 3-0 face aux Suisses ce jeudi.

Face aux damiers rouge et blanc, les Bleus prenaient l'option de la diagonale du fou, avec le toujours percutant Sylvain Wiltord. Trezeguet et Henry, à la recherche de leur premier but en sélection depuis 2003, avaient la bave aux lèvres.

Zinédine Zidane, avait lui le crâne rasé, lustré, comme si un bon coup de chiffon l'avait récompensé de ses deux buts décisifs inscrits dans le temps réglementaire face à l'Angleterre.

Le "maestro" obtenait un coup franc sur la droite à la 22e minute du match. Il enveloppait sa frappe, le ballon rebondissait dans la surface et pénétrait dans le but de Tomislav Butina, le gardien du FC Bruges.

La France menait 1-0 même si l'UEFA indiquait un but contre son camp du défenseur croate Igor Tudor.

Deux minutes plus tard, Zidane obtenait un nouveau coup-franc. Le miracle de l'Angleterre ne se reproduisait pas, le ballon filant dans le petit filet...

Les Croates, entreprenants, ne se créaient guère d'occasions. Deux tirs de 25 et 30 mètres de Dovani Rosso (26e) et Dario Simic (44e) bien capté par Fabien Barthez.

Entre-temps sur corner d'Henry, Zidane avait "inventé" une talonnade réflexe pour la tête de Gallas, le ballon filant au ras du cadre (43e).

A la mi-temps, les Bleus semblaient gérer leur match, les Croates s'acheminer vers une quatrième défaite en quatre matches face aux champions d'Europe en titre.

Coup de théâtre à la reprise. Mikaël Silvestre, déjà impliqué dans le penalty sauvé par Barthez face à Beckham contre l'Angleterre, bousculait Dovani Rosso. L'arbitre danois désignait le point de penalty, transformé par Milan Rapaic, le joueur d'Ancône (1-1, 48e).

Quatre minutes plus tard, les hommes d'Otto Baric, portés par un stade en fusion, prenaient l'avantage, sur une erreur de Desailly. Il manquait un contrôle devant Dado Prso bien servi par l'ailier Nenad Bjelica, et le Monégasque fusillait du gauche Barthez sous la transversale (2-1, 54e).

Le Bleus se réunissaient alors en cercle comme pour le serment du jeu de football, unis dans une conjuration contre le mauvais sort.

La révolte était intense. Faire oublier ces deux buts encaissés, une première pour les Bleus depuis la demi-finale de la Coupe des Confédérations face à la Turquie en juin 2003 (3-2).

Sur une passe en retrait, David Trezeguet touchait le ballon de la main, l'embarquait, pour frapper du gauche croisé et égaliser (2-2, 65e).

Ce 29e but en sélection de l'attaquant de la Juventus de Turin permettait aux Bleus de poursuivre leur série d'invincibilité en la portant à 20 rencontres. Les Croates manquaient la balle de match quand Ivica Mornar tirait à deux mètres au-dessus de la transversale (93e).