VIENNE - Grâce à un but de son attaquant Fernando Torres, l'Espagne a battu l'Allemagne (1-0) en finale de l'Euro 2008, dimanche, et retrouvé le sommet de l'Europe, 44 ans après son unique sacre continental, obtenu en 1964.

Sur une ouverture à ras de terre, Fernando Torres, l'attaquant de pointe du "Sang er Or" a mystifié le défenseur allemand Philipp Lahm avant de piquer son ballon sous le nez du portier allemand Jens Lehmann à la 33e minute. Les triples champions d'Europe allemands, qui visaient un record de quatre titres à l'occasion de cette finale inédite, ne se sont jamais remis de ce but.

Pratiquement impuissante en attaque, la Mannschaft a souffert le martyre en défense face à une très bonne équipe ibérique qui a confirmé ses 13 buts marqués dans le reste du tournoi, même si durant ce dernier match, elle n'a su concrétiser ses innombrables occasions.

L'Allemagne, souvent réaliste dans les très grands rendez-vous a, cette fois, été décevante et s'incline logiquement face à une équipe d'Espagne très souvent malheureuse dans les grandes compétitions, mais dont le talent a enfin été récompensé.

Chance ratée

Une erreur de Sergio Ramos a bien failli coûté l'ouverture du score aux Espagnols dès la quatrième minute, mais heureusement pour eux, l'attaquant allemand Miroslav Klose n'a pu exploiter cette grosse bévue.

Les Allemands ont semblé démarrer la rencontre avec plus d'aplomb que les Espagnols, qui ont paru un peu crispés. Thomas Hitzlperger a d'ailleur adressé la première frappe cadrée du match, sans toutefois inquiéter Iker Casillas (9e).

Le grand défenseur allemand Christoph Metzelder est ensuite venu à deux doigts de marquer contre son camp sur les premiers assauts ibériques, à la 15 minute, mais Lehmann a été était vigilant.

Le match était alors lancé pour les Espagnols. Fernando Torres, seul en pointe en raison du forfait de David Villa - meilleur buteur du tournoi avec quatre buts - s'est battu comme un beau diable. Sur un centre de Sergio Ramos, il a expédié sa reprise de la tête au pied du montant droit de Lehmann, qui était battu (23e).

Les Allemands ont essayé de répliquer, notamment par des actions sur l'aile gauche, où Lukas Podolski a reç le soutien constant de Lahm, l'auteur du but victorieux de l'Allemagne en demi-finale face à la Turquie.

Les Espagnols ont cependant été les plus dangereux. Ils ont ouvert assez logiquement la marque par Torres. Sur une longue passe en profondeur, l'attaquant espagnol de Liverpool a contourné Lahm, fautif dans l'affaire, et a pu piquer son ballon au-dessus de Lehmann, qui était sorti de sa cage (34e).

Presque tout de suite après, David Villa, bien servi par Andrès Iniesta, a adressé sa volée aux nuages et a manqué l'occasion de tuer le match (35e).

Du renfort à l'attaque

Menée 1-0 à la pause, l'Allemagne a décidé de renforcer son attaque un peu avant l'heure de jeu quand son entraîneur, Joachim Low, a fait entrer Kevin Kurayni. Cet apport a été immédiatement bénéfique et Michael Ballack a décoché une reprise qui a flirté avec le montant gauche de Casillas.

La défense allemande, bien lente, a offert encore deux balles de match aux Espagnols. Sur la première, une tête de Sergio Ramos, Lehmann s'est détendu en hauteur pour mettre la balle en corner (66e). Sur la seconde, c'est le pied de Torsten Frings qui a suppléé Lehmann pour repousser un tir d'Iniesta (68e).

L'Espagne, qui n'avait plus joué de finale d'un championnat d'Europe depuis celle de 1984, perdue 0-2 face à la France, a continué d'afficher une belle maîtrise technique qui a maintenu la pression sur la défense allemande.

Pour tenter d'arracher l'égalisation, Low a sorti Klose pour lancer Mario Gomez, dont le père est espagnol (78e). Mais seule l'Espagne a été dangereuse. Senna, qui n'est pas un buteur, a bousillé une ultime occasion en ne parvenant pas à reprendre un bon service de David Guiza (81e).

Les déclarations du match

Luis Aragones (sélectionneur de l'équipe d'Espagne, au micro de la chaîne espagnole Cuatro): "Nous avons bien fait les choses. Nous avons gagné, point final (...). Je ne resterai pas (à la tête de l'équipe) car je n'ai eu aucune possibilité pour rester".

Fernando Torres (attaquant de l'Espagne, auteur du seul but du match): "C'est une joie immense. Il doit y avoir une fête énorme en Espagne. Pour moi, c'est un rêve qui se réalise. Une victoire dans un Euro, ça vaut presque un titre mondial. Je pense que nous avons pratiqué un très bon football tout au long du tournoi et ce n'est que justice si, à la fin, nous avons gagné."

Michael Ballack (milieu de terrain offensif et capitaine de l'équipe d'Allemagne): "C'est très triste de perdre quand on est arrivé aussi loin. Toute l'équipe a lutté. Ce tournoi arrive à la fin de la saison et physiquement cela a été dur. Aujourd'hui, nous avons commis quelques fautes de trop. Mais quand on regarde le niveau de l'Euro, celui de la concurrence avec l'Espagne, l'Italie, les Pays-Bas, et le fait que l'on ait joué la finale, alors je crois que nous pouvons être fiers de notre performance".

Joachim Löw (sélectionneur de l'équipe d'Allemagne): "Je dois complimenter toute l'équipe pour ce qu'elle a accompli au cours des semaines passées, cela a été fantastique. Les joueurs sont évidemment déçus, mais ils n'ont pas de raison de marcher tête baissée. Etre en finale, c'est déjà quelque chose de tout à fait particulier. Les Espagnols ont eu aujourd'hui (dimanche) les meilleures occasions de but et ont été meilleurs dans la construction du jeu offensif."

Cesc Fabregas (milieu de terrain de l'Espagne, au micro de la BBC-TV): "C'est fantastique ! C'est le plus beau jour de ma vie de joueur. Je ne pense pas que nous soyons encore réellement conscients de ce que nous venons d'accomplir. Après 44 ans (sans trophée majeur pour l'Espagne). C'était un de mes rêves et je l'ai réalisé. C'est vrai, nous avons gagné avec la manière. Nous nous sommes créé des occasions, nous avons joué un beau football et nous avons enfin obtenu le succès que nous méritions. Nous sommes une équipe jeune et nous nous battrons pour gagner la Coupe du monde dans deux ans."

Iker Casillas (gardien de but et capitane de l'équipe d'Espagne, au micro de la chaîne espagnole Cuatro): "Finalement, nous avons réussi. Quand l'arbitre a sifflé, il y a eu une immense joie mais maintenant c'est plus tranquille. On n'est peut-être pas tout à fait conscient de ce qu'on a fait".

Thomas Hitzlsperger (milieu de terrain défensif de l'équipe d'Allemagne): "Nous avons eu des problèmes au niveau de la maîtrise du ballon. Les Espagnols se sont ingéniés à bien faire circuler le ballon, si bien que nous n'avons eu pratiquement aucune chance. Ils ont encore démontré lors de cette finale, comme lors de leurs cinq précédents matches, qu'ils savaient s'adapter à chaque adversaire. Ils ont mérité de remporter le tournoi."

Bastian Schweinsteiger (milieu de terrain de l'Allemagne): "On peut être fier de nous. Cela ne s'est pas déroulé comme on l'espérait. On avait pourtant bien commencé la rencontre en les pressant haut et en obtenant de bons ballons. Mais le but nous a fait du mal. Dans ce genre de match, il ne faut pas avoir de passage à vide. On en a eu un, cela nous a coûté cher. Les Espagnols nous ont punis. Mais on sait que l'on a le potentiel pour aller plus haut."

Angel Maria Villar (président de la Fédération espagnole de football, au micro de la chaîne privée Cuatro): "C'est un succès de tout le football espagnol. C'est l'un de mes jours les plus heureux en tant que président. Nous étions aussi très heureux quand nous avons gagné la médaille d'or aux Jeux de Barcelone (1992). Après 44 ans, nous avons de nouveau réussi à gagner (l'Euro)".

Jens Lehmann (gardien de but de l'équipe d'Allemagne): "C'est difficile de dire à quel point la déception est grande. Ce soir (dimanche), nous ne sommes pas en position de faire la fête, cela revient à d'autres. Pour moi, c'était le dernier Championnat d'Europe et c'est donc une double déception. On a fait de bons et moins bons matches et, sur la distance, nous n'avons pas pu tenir le rythme. Mais être en finale, c'est quand même un grand résultat."

Philipp Lahm (défenseur de l'Allemagne): "J'étais ouvert à un pied. On a dû me poser cinq points de suture. Jouer dans ces conditions était vraiment très difficile. Le but que l'on a concédé est un enchaînement d'erreurs. On a perdu un ballon bêtement au milieu de terrain et je n'ai pas vu arriver derrière moi Torres. On a manqué d'efficacité dans le jeu offensif et perdu trop facilement des ballons que l'on aurait dû maîtriser. Personne ne m'a fait de reproche. On perd comme on gagne, tous ensemble. Tout le monde a donné ce qu'il avait dans le ventre. On n'a pas atteint notre rêve mais on peut quand même parler d'un bon Championnat d'Europe pour l'Allemagne. L'objectif est maintenant de se qualifier pour la Coupe du monde 2010. On a pas mal progressé par rapport au Mondial-2006 et on peut espérer encore le faire."

Christoph Metzelder (défenseur de l'Allemagne): "On peut être fier de ce que l'on a réussi. Mais l'objectif était de remporter le titre. On a manqué de réalisme contre une très bonne équipe espagnole, très mobile, très rapide. Il faut féliciter cette équipe d'Espagne qui a beaucoup d'avenir. C'est difficile de dire que l'on est satisfait d'être deuxième mais je suis sûr que dans plusieurs semaines, on se rendra compte que ce que l'on a fait était très bien."

Per Mertesacker (défenseur de l'Allemagne): "Etre aussi près du but et échouer, c'est une énorme déception. Dans les moments décisifs, on n'a pas pris les bonnes décisions. Je crois que l'on a fait une bonne partie d'un point de vue défensif, mais on a perdu trop de ballons devant. Il y avait moyen d'embêter un peu plus cette équipe espagnole. On est deuxième, on avait un autre objectif. C'est difficile de décrire ce que l'on ressent après une telle défaite."

Jens Lehmann (gardien de but de l'Allemagne): "Je n'ai aucun reproche à faire à Philipp Lahm (sur le but, ndlr). Torres a bien joué le coup et a été très rapide. Ce n'est pas dans mes habitudes de dire ce que l'on aurait dû faire. Dans ce tournoi, on a toujours joué à notre limite. On a fait preuve de beaucoup de solidarité et d'un état d'esprit irréprochable. On a joué à notre maximum tout le temps et on a montré que l'on était devenu depuis trois ans l'une des meilleures formations d'Europe. Je suis bien sûr déçu d'autant que l'on aurait pu avoir un penalty dans les dernières minutes. (A propos de son avenir en sélection) Je n'ai pas encore pris de décision."