GUATEMALA - Galvanisée par l'arrivée de Vladimir Poutine, lundi à Guatemala, Sotchi a poursuivi son lobbying intensif à deux jours du choix de la ville hôte des JO d'hiver 2014, alors que Pyeongchang et Salzbourg tentaient de rester au contact pour éviter une nouvelle désillusion.

Comment se distinguer de rivales, avec qui l'on partage peu ou prou la même qualité d'arguments, pour "vendre" aux quelque 100 votants du Comité international olympique (CIO) les meilleurs Jeux au meilleur endroit?

Sotchi la Russe ne déroge pas à sa communication à l'artillerie lourde. Sa stratégie tous azimuts, destinée aux quelque 3000 accrédités de la semaine olympique, a connu son apogée avec l'arrivée du "capitaine" Vladimir Poutine.

Le président russe, hôte d'honneur d'un petit pays qui vit au rythme de la 119e session du CIO, a atterri à 17h40 locales (11h40 GMT) pour tenter de jouer le même rôle que Tony Blair, douzième homme de la candidature victorieuse de Londres-2012.

Quelques heures après avoir quitté le président américain George Bush, Poutine devait rencontrer Jacques Rogge, sans avoir besoin de le convaincre puisque le patron du CIO ne vote pas. Une abstention qui tombe bien pour la candidature la plus onéreuse de l'histoire des Jeux d'hiver. Il y a quelques jours en effet, Rogge avait estimé que "l'argent n'avait pas de rôle à jouer" dans une élection. "Ce n'est pas une vente aux enchères."

Même empêchés par leur commission d'éthique de rendre visite au délirant "Sotchiland" habité chaque soir par les arabesques du champion olympique de patinage Evgueni Plushenko, relégués jusqu'à l'élection de mercredi dans les coulisses de la scène guatémaltèque, les Olympiens semblent pourtant sensibles aux efforts déployés par les Russes.


"Salzbourg fait les choses décemment"

"Les Jeux à Sotchi vont changer des millions de vies et mes collègues du CIO en sont conscients", déclarait lundi le membre russe du CIO Vitaly Smirnov lors d'une conférence de presse de la ville. Sur l'écran géant, à défaut d'infrastructures sportives et routières à construire, s'affichait le visage angélique d'une petite fille dont la vie serait bouleversée par les JO.

Privée de champion olympique de premier plan à mettre en avant, soutenue par un président, Roh Moo-Hyun, dont la présence à Guatemala est passé quasiment inaperçue, la candidature sud coréenne de Pyeongchang s'oriente, elle, désormais sur le sérieux et l'expérience. Celle acquise, depuis dix ans, en matière d'organisation d'événements hivernaux, mais surtout celle, amère, subie il y a quatre ans, lors d'une défaite sur le fil face à Vancouver pour l'organisation des JO 2010.

"Pyeongchang a tenu ses promesses depuis 2003 et présente un projet plus compact, un soutien populaire plus enthousiaste", insistait lundi le président du comité de candidature Han Sung-soo, soutenu par le président Roh Moo-Hyun désireux d'insister, mi-sérieux, sur l'importance du pari pour son pays: "En cas de défaite, je craindrais pour ma sécurité. Et pour mes conseillers".

A Salzbourg, on se refuse même à envisager une nouvelle défaite après celle, lourde, de la candidature 2010. La note médiocre accordée par la commission d'évaluation n'est qu'une péripétie pour les Autrichiens qui s'enorgueillissent à juste titre d'une riche tradition en matière de sports d'hiver.

"La commission d'évaluation a jugé que notre candidature pêchait sur le plan de la sécurité", a reconnu le Chancelier Alfred Gubenauser qui dit avoir, depuis, clarifié les choses auprès du CIO. "L'Autriche est l'un des pays les plus sûrs au monde. Chez nous la sécurité existe mais ne se voit pas. Nous faisons les choses décemment, nous." Sotchi et dans une moindre mesure Pyeongchang, apprécieront.