Depuis 10 jours, j’ai tenté de lire et d’écouter tout ce qui a été dit dans l’affaire Pacioretty-Chara. Certains collègues m’ont demandé pourquoi je tardais tant à me prononcer. La question était bonne mais je n’étais pas prêt. En fait, j’attendais la conclusion de la rencontre des Gouverneurs en Floride et intérieurement, j’espérais.

Mes espoirs sont aujourd’hui déçus comme c’est le cas de plusieurs autres, sans doute.

Les dirigeants de la LNH avaient une occasion idéale d’instaurer de nouveaux mécanismes d’arbitrage afin de protéger davantage leurs marchandises, c’est-à-dire leurs joueurs. Mais voilà, ces athlètes ne sont finalement que des marchandises renouvelables lorsque périmées.

Pourquoi alors s’atermoyer sur le sort de Pacioretty ou de celui de Crosby ou bien de toutes les autres victimes de coups déloyaux, acceptés par cette ligue « nazionale », dirigés par des généraux sous le joug d’un puissant dictateur dont le mandat se poursuivra pour les cinq prochaines années.

Bien sûr, quelques uns ont manifesté leur indignation. Cette bande des six a cependant été rapidement isolée par ce système gangrené qui continue de se nourrir de son propre cancer.

Zdeno Chara savait très bien où il était sur la patinoire. Son équipe perdait 4–0 et ne pouvait remonter la pente. Chara devait faire passer son message et Pacioretty était la cible idéale. Il ne voulait pas lui fracturer la quatrième vertèbre cervicale mais il voulait le punir. La suite, vous la connaissez aussi bien que moi.

Pendant ces trois jours de discussions en Floride, on a réussi à noyer le poisson et ce poisson, c’est nous. Pouvez-vous croire qu’à la troisième journée de rencontres, le principal point à l’ordre du jour était de savoir si la rondelle est toujours en mouvement lorsqu’un joueur exécute un spinorama lors des tirs de barrage. Ma foi, c’est quasiment aberrant de discuter de ces sottises quand Pacioretty porte encore un collet cervical et qu’il aurait pu devenir quadriplégique.

J’oubliais, ces bonzes veulent redéfinir la réglementation pour les infractions d’assaut et donner de la bande. Me semble justement que Pacioretty a été agressé de la sorte.

Depuis hier, si un joueur reçoit un mauvais coup, accidentel ou intentionnel, il devra retraiter au vestiaire et être observé par un médecin avant d’être renvoyé au front. C’est mieux que rien et c’est une progression.

Qu’en est-il cependant des baies vitrées? Va-t-on les modifier, les rendre moins dures, les inclinées à 45 degrés aux bancs des joueurs? Va-t-on retirer les baies vitrées entre les bancs de deux équipes pour diminuer de 50% les risques?

En novembre dernier lors de son passage dans l’Antichambre, le président du Canadien, Pierre Boivin disait qu’il avait une primeur pour nous. Il racontait que les baies vitrées allaient être remplacées après les plaintes de certains joueurs, notamment de Michael Cammalleri. Nous sommes en mars, les séries approchent et rien n’a encore été fait.

Montrer d’un doigt accusateur les coupables, c’est facile. Mais à la fin, si nous continuons de cautionner ces gestes et ces décisions ne sommes-nous pas aussi coupables par association?

Stéphane Langdeau

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