TRAPANI (Italie), (AFP) - Après une saison 2005 marquée par la domination d'Alinghi, détenteur suisse de la Coupe de l'America, la Coupe-Louis Vuitton reprendra en mai 2006 à Valence avec l'espoir que les bateaux plus performants construits pendant l'hiver apportent plus de suspense aux régates.

"Les gars sont fatigués, les bateaux encore plus", constate Bertrand Pacé, le tacticien français du voilier américain BMW Oracle, seul à avoir véritablement menacé Alinghi à Trapani.

Après des actes 2005 à Valence, Malmoe et Trapani, la caravane de la Coupe Louis-Vuitton va donc enfin poser ses valises, pour six mois. "On se repose un peu, mais dès la semaine prochaine, une bonne partie de l'équipe sera à Valence pour une semaine de debriefing. Puis nous poursuivrons le travail technique sur le nouveau bateau", ajoute Pacé, qui a quitté Sète (Hérault) avec femme et enfants pour s'installer à Valence.

Pour Ernesto Bertarelli, patron d'Alinghi, la révolution qu'il a souhaitée, consistant à étaler la Coupe de l'America sur quatre ans et à créer des actes en-dehors de la ville d'accueil, Valence, est "un vrai succès, avec 1 million de spectateurs depuis 2004".

25 mètres, 25 tonnes

"Sur un plan sportif, les nouveaux bateaux pourraient permettre en 2006 d'apporter encore plus d'intérêt en resserrant les écarts. Beaucoup d'équipes attendent leur nouvelle coque", ajoute-t-il.

"Mais la question est de savoir quelles équipes sortiront leur nouveau bateau. Je ne suis pas sûr que les meilleures équipes les montrent", relève encore Bertarelli.

Une seule équipe à ce jour navigue sur un voilier neuf, les Sud-Africains de Team Shosholoza, qui disposent depuis avril d'un bateau dessiné par le Britannique Jason Ker. Peu en vue en match-racing à Trapani, RSA-83 a en revanche brillé dans les régates en flotte, terminant 5e de l'acte IX.

D'ici le 11 mai 2006, date du début de l'acte X, la flotte des Class America (25 m de long, 25 tonnes), devrait de fait présenter une nouvelle physionomie. "Il est impensable de continuer sur ce bateau dans l'état actuel. Cela passe par un démontage total, car la semaine a été extrêmement difficile pour le matériel", explique Pierre Mas, le barreur français du défi China Team. 11e de l'acte IX à Trapani, China Team navigue sur CHN 69, l'ex-Défi Areva, construit en 2002 et quart de finaliste de la Coupe Louis-Vuitton en 2003 à Auckland.

Les Chinois en quête de savoir-faire

Le premier syndicat chinois de l'histoire de l'épreuve, qui représente la ville de TsinTao, connue pour sa bière remontant à l'occupation allemande de 1897 à 1914, est aujourd'hui non seulement en quête de soutien financier mais aussi d'un chantier chinois pour y construire sa future coque, comme l'y oblige le règlement de la Coupe.
La tâche a été confiée à Thierry Barot, membre de l'équipe navigante mais surtout bon connaisseur de la Chine lui qui y vit depuis dix ans. "La Chine ne possède pas le savoir-faire indispensable. Nous pourrions donc y installer un chantier de toute pièce et faire venir de France le personnel compétent", explique Barot.

"Nous sommes arrivés à la limite de la capacité du bateau", explique de son côté Stéphane Kandler, le patron du défi français K-Challenge, qui navigue sur le plus vieux bateau de la flotte construit en 2000. "Il nous faut au plus vite trouver l'argent pour engager la construction", ajoute M. Kandler, certain que les bons résultats de son équipe en 2005 (victoires face à Alinghi et Emirates Team New Zealand à Trapani et en flotte à Malmoe) lui permettront de trouver les 30 millions d'euros nécessaires pour poursuivre jusqu'en 2007.