J’avais une visite ce matin. J’étais confortablement couché. Ah oui, je n’étais pas chez le psychologue comme certains pourraient le penser mais plutôt j’étais allongé dans la chaise de madame Giguère. Elle est dentiste. Une visite annuelle quoi et quelques caries à réparer, sans plus. Je pouvais même regarder un film sur l’écran accroché au plafond. Après discussion, j’ai choisi « L’affaire Thomas Crown », le remake avec Pierce Brosnan et Renée Rousso. J’ai sûrement bien choisi parce qu’à chaque pause qu’elle avait, ma dentiste regardait le beau Pierce. Son assistante aussi reluquait l’écran. De mon côté, je n’avais pas à me plaindre. Renée Rousso est très jolie dans ce film, plus que Faye Dunaway dans la version originale.

Comme Renée n’était pas toujours à l’écran, je songeais aussi à la suspension bonbon imposée hier à Alexander Ovechkin. Je n’ai pas le choix, c’est mon métier après tout. Oups, un instant, voilà la séquence où Renée se présente, habillée en robe de soirée. Ma dentiste et son assistante regardent aussi, l’autre moitié de l’écran,sans doute, comblée par Pierce.

Alors, Colin Campbell, le préfet de discipline de la LNH est un imbécile. Jusque là, rien de bien nouveau. Son patron, Gary Bettman, commissaire de la Ligue n’est guère mieux. En fait, il est peut-être pire.

Depuis hier, je tente de comprendre comment une Ligue peut arriver à une sentence aussi stupide. Ovechkin est une superstar qui pourrait remporter cette année les Trophées Maurice-Richard et Art Ross. Ainsi, suspendre Ovechkin pour une longue période pourrait nuire à ses chances de remporter ces prestigieux prix. Je suis certain que Maurice Richard doit se retourner dans sa tombe aujourd’hui, lui qui a été privé du titre de champion marqueur en 1955 parce que Clarence Campbell l’avait suspendu pour les raisons que vous connaissez.

J’ai tenté de saisir, mais il n’y a rien à comprendre dans la décision de Colin Campbell. Cette Ligue punie à sa manière et tient compte du statut du joueur fautif et des pertes de revenues d’une absence prolongée. Il n’y a rien de logique, rien de compréhensible. Il n’y a pas de gros bon sens, même si c’est gratuit selon la publicité.

Et dans toute cette histoire, nous sommes tous un peu coupables. Nous sommes coupables de ne pas revendiquer davantage, de ne pas exiger le congédiement de Campbell et la démission de Bettman.

Pouvez-vous croire que certains, jugent que le défenseur Brian Campbell est fautif dans cette histoire, en dépit de ses fractures aux côtes et à la clavicule. Le défenseur des Hawks n’avait qu’à se protéger, un point c’est tout.

Imaginez un seul instant un récidiviste de l’alcool au volant dire au juge que le petit garçon qu’il a heurté avait tort de jouer sur le trottoir alors qu’il était ivre mort.

Fin de l‘histoire, Pierce a rendu le tableau, mais volé la belle Renée. Et moi, j‘ai la bouche engourdie.

Stéphane Langdeau