Montréal - 'C'est l'départ...'. Le descripteur des courses Jean Desautels a prononcé ces paroles pour une 50 000e fois dimanche après-midi au départ de la cinquième épreuve à l'Hippodrome de Montréal. Un exploit que peu de descripteurs peuvent revendiquer.

"J'étais en fonction à une époque où il y avait six programmes de courses par semaine à l'Hippodrome de Montréal, ce qui m'a aidé à atteindre ce plateau. Mais ce dont je suis le plus fier c'est d'avoir décrit 50 000 courses sur le même tracé alors que plusieurs vétérans confrères en Amérique du Nord ont oeuvré sur différentes pistes de courses", de dire Desautels.

C'est sur la piste de chevaux miniatures de Laplaine que Jean Desautels a découvert son talent en 1966. "J'ai commencé à fréquenter Blue Bonnets (devenu l'Hippodrome de Montréal) dès l'âge de 17 ans et, en entendant Raymond Benoit faire la description des courses à l'époque, je rêvais de suivre ses traces. Puis, un samedi soir, alors que l'annonceur de la piste de courses de chevaux miniatures ne pouvait être présent, on m'a demandé de le remplacer. Ce fut le début d'une carrière. Mais mon rêve n'était pas pour autant réalisé. Mon objectif était toujours de faire la description des courses à Blue Bonnets. Un rêve que je croyais irréalisable".

Lorsque Raymond Benoit a mis fin à sa carrière de descripteur pour occuper les fonctions de directeur des relations publiques, Donald Pinard est devenu le descripteur attitré alors que le journaliste Robert "Bob" Arel était descripteur suppléant. Après quelques années, une opportunité s'est ouverte à Jean Desautels. "Mon frère, André, était entraîneur de chevaux de courses et il travaillait pour Serge Grisé", se remémore Desautels. "Comme j'avais entendu parler que Robert Arel voulait abandonner ses fonctions de descripteur remplaçant, j'en ai parlé à mon frère qui, à son tour, en a glissé un mot à Serge (Grisé), un bon ami de Donald Pinard. J'ai rencontré Donald et j'ai obtenu le poste".

Le premier jour

Comme un conducteur qui se rappelle toujours sa première victoire, Desautels se souvient très bien de sa première journée de travail. "J'ai commencé le 26 août 1979 et j'ai débuté immédiatement la compilation des courses que j'allais décrire uniquement dans le but de voir jusqu'où je me rendrais. J'ai failli arrêter à UN ! J'étais d'une grande nervosité évidemment et après ma première description, qui naturellement ne fut pas ma meilleure, je reçois un appel du secrétaire des courses Robert Paré, un joueur de tours hors-pair comme je l'ai appris plus tard. Il me fait part, sans élégance, de sa grande insatisfaction face à ma performance. Je croyais ma carrière terminée !", dit en souriant celui qui compte maintenant 26 ans de service à l'Hippodrome de Montréal.

Lorsque Donald Pinard a accédé à des fonctions supérieures, en 1982, Jean Desautels a pris le relais et est devenu le descripteur régulier. Aujourd'hui, il partage la tâche avec Danny Émond.

Des souvenirs...

Tout au long de sa carrière, Jean Desautels a eu l'opportunité de faire la description de courses regroupant les meilleurs chevaux du Québec, du Canada et même de l'Amérique du Nord. Parmi ses meilleurs souvenirs, le Prix d'Été 1991 vient en tête de liste avec la victoire de Die Laughing. "J'étais analyste à la télévision de Radio Canada cette journée là en plus de faire la description des courses. C'est Artsplace qui était le grand favori pour cette course mais je me souvenais que Die Laughing avait eu un mille difficile contre Artsplace la semaine avant le Prix d'Été. J'avais aussi parlé à Richard Silverman (le conducteur de Die Laughing) qui m'avait dit que son protégé, cette fois, aurait le meilleur sur Artsplace, en raison d'une position de départ plus avantageuse. Or, dans mon analyse, j'ai préféré Die Laughing à celui du choix populaire et j'ai vu juste".

L'avenir...

Jean Desautels se dit heureux d'avoir réaliser son rêve de jeunesse et d'avoir exercer le métier qu'il caressait. Si l'industrie des courses traverse une période difficile, il garde confiance en l'avenir pour poursuivre sa carrière encore quelques années. "J'ai été choyé d'avoir connu les plus belles années des courses de chevaux au Québec et mon souhait le plus cher serait de poursuivre le métier que j'adore. J'ai 58 ans et j'aimerais finir mes jours au micro", a conclu le jubilaire.