LONDRES, (AFP) - Deux monuments du sport anglais sont en train de négocier, de manières très différentes, le tournant du 21e siècle: le circuit automobile de Silverstone vient d'obtenir un sursis de 15 ans et le stade de football de Wembley, un sursis de quelques semaines, voire quelques mois, au bénéfice du doute.

Le 2 décembre, le président du British Racing Drivers Club (BRDC) propriétaire de Silverstone, Jackie Stewart, annonçait que le GP de Grande-Bretagne de Formule 1 continuerait à être organisé, jusqu'en 2016, sur le circuit où avait eu lieu le tout premier Grand Prix de l'histoire de la F1, le 13 mai 1950.

Cette annonce mettait fin à une gigantesque partie de bras de fer et de poker menteur entre le BRDC et Octagon, multinationale du marketing sportif, avec comme arbitre très intéressé l'omniprésent Bernie Ecclestone, président de Formula One Management (FOM) et vice-président de la Fédération internationale automobile (FIA).

L'affaire avait commencé par une montée des enchères entre les circuits concurrents de Silverstone et de Brands Hatch, jusqu'à ce que Brands Hatch Leisure (BHL) rachète en mai 1999 les droits du GP de Grande-Bretagne à partir de 2002, pour l'organiser à Brands Hatch, à condition de faire des travaux, ou à Silverstone, avec la bénédiction du BRDC.

Le géant Octagon, présidé par Rob Lowe, a racheté BHL en décembre 1999, puis il a mis un an pour trouver un accord avec le BRDC, dont certains membres avaient été ébranlés par le changement de date de cette année, et surtout les difficultés météorologiques et financières qu'il a provoquées. Désormais, l'avenir est assuré et des millions vont être investis.

Revoir les plans

Selon l'hebdomadaire Autosport, Octagon a promis une mise initiale de 50 millions de livres (72 millions de dollars), le BRDC espère que le gouvernement britannique va en ajouter autant, notamment pour créer une "Académie du sport automobile", et d'autres investisseurs sont intéressés, comme l'inévitable Ecclestone.

A Wembley, le point commun avec Silverstone, ce sont les difficultés d'accès mais côté finances, c'est le problème inverse: le doute persiste et les financeurs ne se bousculent pas au portillon.

Les travaux de démolition et de reconstruction ont été reportés à une date inconnue, car les banques de la City de Londres hésitent à investir de 400 à 675 millions de livres (de 579 à 977 millions de dollars), selon les estimations, dans une aventure qui pourrait finalement leur coûter très cher.

Vendredi, le président de la Wembley National Stadium Limited (WNSL), Ken Bates, également président du club de Chelsea, a été conforté à la tête du projet, mais uniquement pour préserver les apparences et masquer la reprise en main par la Fédération anglaise de football (FA).

La priorité est de revoir les plans somptueux de Sir Norman Foster pour un stade futuriste de 90.000 places, mais aussi le "business plan" pour arriver à des chiffres de gestion plus raisonnables. Le complexe hôtelier et les bureaux ultra-modernes ne résisteront peut-être pas à la refonte du projet. Quant aux fameuses tours jumelles, promises aux démolisseurs, les nostalgiques se sont remis à espérer.