Il y a une quinzaine d’années déjà, un animateur bien connu de la Société Radio-Canada, mon ancien employeur m’avait expliqué la théorie du chaud et du froid en information. En apparence anodine, cette théorie est pourtant vérifiable tous les jours dans le monde des médias.

Lorsque la nouvelle est située près de nous, elle est chaude et si elle est loin de notre réalité, elle devient froide. L’exemple le plus éloquent que je servais à mes étudiants était celui de l’accident d’avion. Si un crash se produisait à Montréal, il aurait un impact beaucoup plus grand dans nos médias que le même accident à Mumbay en Inde.

Cette théorie a aussi une grande incidence sur les propos qui seront tenus à propos d’un événement donné.

Récemment, l’histoire de l’ancien lanceur des Dodgers de Los Angeles, Éric Gagné a refait surface lors de la publication du livre « Game Over » de mon ancien collègue, Martin Leclerc.

Pour faire court, Gagné explique dans ce livre comment et pourquoi il a consommé des drogues afin d’améliorer ses performances au monticule. La majorité des analystes de baseball vous diront qu’il n’y avait pas de règlement contre le dopage dans le baseball majeur. Mais qu’est-ce que cette phrase veut dire? Doit-on comprendre que s’il n’y avait pas de règlement, on pouvait se doper? Alors peut-on m’expliquer pourquoi Éric Gagné et tous les autres se cachaient pour se doper si c’était permis?

On peut aller plus loin et dire que pour 20 millions de dollars, plusieurs jeunes auraient consommé des produits dopants. N’ai-je pas entendu une phrase semblable à la télé?

Et puis, une autre histoire de dopage arrive à son dénouement. En fait, pas encore, mais ça s’en vient. Pourchassé par l’Agence américaine antidopage, Lance Armstrong vient d’être dépouillé de ses sept titres du Tour de France par l’Union cycliste internationale. Et voilà, les gorges chaudes n’ont pas mis de temps à se faire aller. En quelques minutes, le grand Lance est devenu le plus grand paria de l’histoire du sport. Armstrong s’est dopé dans le sport le plus dopé de la planète. Ce sport est tellement sale que sur 20 des 21 athlètes qui sont montés sur le podium avec lui au cours de ses sept victoires, un seul peut encore clamer haut et fort qu’il était propre. L’UCI n’avait donc d’autres choix que de ne pas redistribuer les titres perdus par le coureur américain. Ainsi, une fois cette histoire entièrement terminée, Armstrong sera financièrement ruiné, il portera un uniforme orange et se dirigera vers la prison la plus proche puisqu’il s’est parjuré en cour de justice.

Deux histoires de dopage, mais deux explications différentes dans la presse québécoise. Le premier semble protégé par la presse locale et l’autre, vilipendé sur la place publique.

En fait, il n’y a qu’au Québec où un voleur peut se présenter à la télévision et être applaudi comme une rock star!

Stéphane Langdeau

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