MOSCOU - Toute sanction imposée à la Russie en lien avec le scandale de dopage généralisé qui secoue le pays depuis quelques années déjà devra être respectée par le CIO, a déclaré le président de l'organisation Thomas Bach jeudi.

Les dirigeants de l'Agence mondiale antidopage (AMA) recevront les directives d'interdire à la Russie l'organisation d'événements sportifs internationaux pendant quatre ans et de retirer le drapeau ainsi que l'hymne national de toutes ces compétitions, lorsqu'ils se réuniront lundi à Lausanne.

Un comité d'experts de l'AMA a conclu que les autorités russes ont falsifié les bases de données provenant du laboratoire antidopage de Moscou - les détails des résultats positifs de certains athlètes russes ont été éliminés, et des preuves auraient été fabriquées pour nuire à la crédibilité d'un témoin vedette de l'AMA - avant qu'elles ne lui soient transmises en janvier.

Lorsque le comité de l'AMA a présenté son rapport et émis ses recommandations la semaine dernière, le CIO a qualifié le geste de «flagrante manipulation... une insulte au mouvement sportif».

Interrogé jeudi si le CIO doit reconnaître les sanctions provenant du comité exécutif de l'AMA, Bach n'a pas hésité : « Elles sont obligatoires ».

« Le CIO reconnaît, dans sa charte olympique, le code de l'Agence mondiale antidopage, et si une décision est prise... elle devient obligatoire », a mentionné Bach lors d'une conférence de presse tenue à l'issue d'une rencontre du conseil d'administration qui s'est étalée sur trois jours.

Bach a cependant refusé de spéculer sur la décision qui sera rendue par l'AMA, ainsi que sur les événements sportifs qui seront affectés par celle-ci.

La Russie promet de se défendre

Un peu plus tôt jeudi, le gouvernement russe a ordonné à ses représentants de « protéger nos intérêts » tandis que l'Agence mondiale antidopage se prépare à annoncer si le pays a modifié ou non des bases de données antidopage, a déclaré le premier ministre Dmitry Medvedev jeudi.

« Il est très probable que la décision sera très dure envers notre pays », a admis Medvedev pendant un entretien télédiffusé jeudi en Russie.

« Mais, de toute évidence, nos dirigeants sportifs, notre ministre des Sports et d'autres personnes ont reçu la directive de lutter pour protéger nos intérêts, les intérêts de chacun des athlètes, afin qu'ils puissent participer à des événements sportifs. »

Medvedev a aussi accusé l'AMA d'émettre «une série d'accusations sans fin contre les Russes», et d'enfouir les fautes des autres pays «sous le tapis».

L'AMA a réadmis l'Agence antidopage russe (RUSADA) l'an dernier, à condition que les autorités russes lui remettent les bases de données provenant du laboratoire antidopage de Moscou afin qu'on puisse faire toute la lumière sur ses opérations frauduleuses.

Cependant, les experts de l'AMA ont indiqué qu'ils avaient repéré des anomalies flagrantes dans ces bases de données au fil des jours et des semaines suivantes, avec une tendance marquée pour les tests positifs de certains athlètes.

La Russie nie toujours avoir modifié les bases de données, et mis le blâme sur l'ex-directeur du laboratoire de Moscou Grigory Rodchenkov. Il est le témoin clé de l'AMA, qui a même avancé que de faux messages impliquant Rodchenkov ont été dissimulés dans ces bases de données.

Yuri Ganus, le directeur de la RUSADA qui pourrait être déclarée inéligible lundi, a déclaré pour sa part que des sanctions «doivent être imposées, car elles sont justifiées».

Par ailleurs, l'Agence antidopage russe a demandé jeudi que tous les principaux entraîneurs russes soumettent leur candidature pour reprendre leurs emplois, dans le cadre d'un plan de réforme du programme antidopage.

La Fédération russe d'athlétisme pourrait être suspendue par 'World Athletics' après que cinq dirigeants, un athlète et un entraîneur aient été accusés d'avoir fourni de faux relevés médicaux afin de faire entrave à une enquête antidopage.