Montréal - Benoit Huot a fait honneur à ses titres de champion paralympique et de détenteur du record du monde, jeudi soir, aux Championnats du monde de paranatation disputés au Complexe aquatique du Parc Jean-Drapeau à Montréal. En action au 200 m quatre nages dans la catégorie S10, le Longueuillois a décroché la médaille d’or. Chez les femmes, Valérie Grand’Maison a pour sa part mérité sa deuxième médaille d’or des Mondiaux en terminant première du 50 m libre S13 tandis qu’Aurélie Rivard a profité de la journée pour ajouter deux médailles d’argent à sa récolte, au 200 m quatre nages S10 et au relais 4x100 m libre.

En finale masculine du 200 m quatre nages S10, Benoit Huot a inscrit un temps de 2 min 10,32 s pour devancer le Brésilien Andre Brasil, qui a ramené un chrono de 2 min 13,19 s et l'Américain Ian Jaryd Silverman, qui a parcouru la distance en 2 min 14,42 s.

« C’est un sentiment incroyable, a raconté le champion du monde. Il y avait la pression de bien faire à la maison alors c’est plus que satisfaisant d’y être parvenu. »

Le Québécois ne s’attendait pas à nager si vite. Huot n’est passé qu’à trois dixièmes de seconde de son record du monde, un temps de 2 min 10,01 réalisé aux Jeux paralympiques de 2012.

« Je pensais plus faire 2 minutes 11 secondes. J’aurais été quand même satisfait, a-t-il expliqué. Quand j’ai vu mon temps, j’étais un peu frustré. Je me suis dit, j’ai failli faire deux minutes neuf secondes! »

« J’avais quand même vraiment mal à la fin de la course alors je n’aurais peut-être pas pu faire mieux, a ensuite admis Huot. Je suis content d’être aussi près de mon meilleur temps. C’est vraiment excitant. »

Réaliser un tel chrono dans une année post-paralympique réjouit l’athlète de 29 ans. « Après l’année que j’ai eue, c’est vraiment bon. Oui, j’ai travaillé fort dans les six derniers mois, mais les six premiers n’ont pas été comme ceux de ma préparation pour les Jeux de Londres. »

Miser sur la brasse

Après 100 m, Huot pointait au troisième rang derrière Brasil et Silverman. Il accusait même un retard de 1,55 seconde sur le Brésilien après le papillon et le dos.

L'ordre a changé à la brasse où le favori de la foule a pris les commandes de la course, devançant son plus proche poursuivant par 3,31 secondes avant la dernière longueur. Si Brasil a grugé quelques dixièmes de seconde au crawl, ce ne fut pas suffisant pour rattraper Huot.

« Je sens que j’ai plus d’aisance sur les longues distances. Je me sentais aussi confortable à la brasse. Et avec la brasse que j’ai eue ce matin, je savais que ça allait être bon », a affirmé Huot.

Le Longueuillois avait moins confiance en sa première moitié de course. « Avant la finale, je me suis dit que si j’étais pour gagner, ça allait être sur le deuxième 100 mètres, surtout avec la brasse. »

« Je ne me suis pas cassé la tête, sachant très bien que les gars pouvaient vraiment être devant moi dans le premier 100 mètres. Il fallait seulement que je pousse à la troisième longueur. »

La deuxième moitié de la course a donné raison au paranageur. Et si le scénario idéal impliquait sûrement un record du monde, rien ne dépasse la sensation d’avoir réussi à gagner devant ses proches et dans sa piscine. « Après Londres, d’être capable de retourner sur la plus haute marche du podium à des Championnats du monde qui sont à la maison, devant ma famille et mes amis, c’est vraiment un moment spécial pour moi. Je ne veux que profiter du moment », a conclu celui qui sera de retour à l’action samedi, à l’occasion du 100 m dos.

Valérie Grand’Maison : en or pour la deuxième fois

Valérie Grand’Maison a été couronnée pour une deuxième fois en deux jours aux Championnats du monde. Après avoir remporté l’or mercredi soir au 100 m papillon dans la catégorie S13, la paranageuse en a rajouté jeudi au 50 m libre.

« Je n’avais jamais gagné de titre à cette épreuve. J’ai fini deuxième à Londres, deuxième à Pékin et troisième aux derniers Championnats du monde. C’est une nouvelle médaille que je n’avais jamais eue alors je suis très contente. »

Auteure d'un chrono de 27,96 s, la Montréalaise a devancé par quatre centièmes de seconde la Russe Anna Krivishina, qui a parcouru la distance en 28,00 s.

La médaille de bronze est allée à l'Allemande Elena Krawzow (29,21 s).

« Ç’a été toute une course. Je voyais la Russe à côté de moi et je me suis poussée le plus possible, même si ça faisait mal. Je suis restée concentrée sur ma course. Un 50 mètres se gagne dans le dernier cinq mètres donc il fallait nager le plus efficacement possible et avoir la meilleure touche possible », a expliqué la médaillée d’or.

L'ordre des préliminaires a été inversé en finale puisque c'est Krivshina qui avait été la plus rapide en matinée grâce à un chrono de 28,55 s. Grand’Maison avait suivi au deuxième rang avec un retard de deux centièmes de seconde, en 28,57 s. « Elle m’avait surprise. Je ne pensais pas qu’elle allait nager aussi vite. C’était donc la revanche ce soir. »

Valérie Grand’Maison a encore une épreuve à son programme. Après deux jours de repos, elle conclura ses Mondiaux en participant au 100 m libre, dimanche.

Deux fois l’argent pour Aurélie Rivard

Aurélie Rivard doit commencer à prendre goût au podium. L’athlète de Saint-Jean-sur-Richelieu a ajouté deux médailles d’argent à sa collection mercredi soir.

En finale du 200 m quatre nages chez les S10, Rivard a inscrit un temps de 2 min 33,68 s pour finir deuxième à égalité avec l’Australienne Katherine Downie.

C'est la Russe Nin Ryabova qui a remporté l'épreuve en 2 min 30,71 s.

« Je suis vraiment contente. C’est mon meilleur temps et surtout, je n’avais pas nagé cette épreuve depuis les Jeux de Londres, car je m’étais surtout concentrée sur le crawl », a expliqué l’athlète de 17 ans.

La Québécoise avait profité des préliminaires pour améliorer pour la première fois sa marque personnelle. Son temps de 2 min 37,04 s a été suffisant pour prendre la tête.

L’espoir de monter sur la plus haute marche du podium était donc présent, mais la Québécoise savait que ce n’était pas chose faite. « J’espérais un peu, mais je savais que personne n’avait donné son 100% ce matin. Avant aujourd’hui, j’étais consciente qu’il y avait trois filles plus fortes que moi et que c’était possible qu’elles me battent ce soir. Gagner l’argent c’est super. »

En fin de soirée Rivard a également participé au relais 4x100 m libre aux côtés de Morgan Bird, Katarina Roxon et Brianna Nelson. En tête de la course après les 300 premiers mètres, le quatuor canadien a finalement terminé deuxième grâce à un temps de 4 min 35,41 s. Les représentantes de l'unifolié ont terminé à 7,46 secondes des médaillées d'or, les Britanniques. Les Américaines ont ravi le bronze.

« C’est une vraie surprise, car nous étions classées cinquièmes. Nous sommes vraiment contentes. C’est une belle expérience à vivre en équipe », a dit Rivard.

C’est la quatrième médaille de la Québécoise cette semaine. Lundi, Rivard avait fini troisième du 100 m libre, puis mardi, elle avait ravi l’argent au 400 m libre. « Je suis vraiment contente de la façon dont je nage cette semaine. Ce sont seulement mes deuxièmes Championnats du monde et à mes premiers, je n’avais fait qu’une finale. D’avoir gagné jusqu’à présent quatre médailles, c’est vraiment le fun! »

Chez les hommes, les relayeurs canadiens ont fini septièmes. Jean-Michel Lavallière, Christopher Sergeant-Tsonos, Isaac Bouckley, Zack McAllister ont nagé pour le pays.

Valérie Drapeau (100 m brasse S5), Nicolas-Guy Turbide (400 m libre S13), Devin Gotell (400 m libre S13) et Maxime Rousselle (100 m brasse S14) seront les paranageurs québécois à surveiller vendredi.