L'AC 72, un bateau qui vole
Sports divers jeudi, 9 mai 2013. 21:04 jeudi, 12 déc. 2024. 12:56SAN FRANCISCO - Le catamaran AC72 d'Artemis Racing qui a chaviré jeudi à San Francisco, tuant le marin britannique Andrew Simpson, est un catamaran de 22 m de long avec une aile rigide de 260 m2, un engin "volant" conçu pour donner une nouvelle jeunesse à la Coupe de l'America.
Ces multicoques sont des machines à fabriquer du vent, les rejetons improbables d'un couple avion-bateau, menées par des équipages de onze personnes qui doivent contribuer à envoyer au musée les monocoques élégants mais poussifs qui ont fait les lettres de noblesse de la "Cup" (sauf en 1988 et 2010).
Conçus par certains des architectes de voile les plus brillants au monde et construits avec autant de soin qu'une navette spatiale, les AC72 sont capables de marcher à plus de 40 noeuds (74 km/h) -plus de trois fois la vitesse du vent-, dotés de foils (dérives) de carbone en L majuscule qui soulagent la coque sous le vent et réduisent la traînée à sa plus simple expression.
L'AC72 néo-zélandais d'Emirates Team New Zealand (ETNZ), un des trois +challengers+ engagés qui essaiera de prendre le trophée au +defender+ américain Oracle, a ainsi atteint la vitesse de 42,5 noeuds (78,7 km/h) lors d'une sortie d'entraînement en décembre en baie d'Auckland.
Des sommes énormes ont été dépensées -entre 60 et 100 millions d'euros, selon les estimations- pour concevoir, construire et mettre au point ces extraordinaires araignées d'eau, qui n'ont toutefois pas été épargnés par les problèmes et avaries depuis leurs premières mises à l'eau l'année dernière.
Parce que les AC72 sont extrêmement puissants et que les courses auront lieu sur de petites distances, les équipages devront multiplier les virements de bord et il leur faut donc apprendre à dompter ces nouveaux bateaux à l'entraînement, ce qu'Artemis faisait quand la tragédie a frappé.
"D'un point de vue sportif, ça pousse les équipages dans leurs derniers retranchements, affirmait récemment James Spithill, le skipper australien d'Oracle. Lorsque les coques sortent de l'eau et montent sur leurs foils (plans porteurs), il est vraiment difficile de rester sur le bateau! Ne parlons même pas de se déplacer sur la plate-forme pour y effectuer des réglages."
En février 2010, le duel en deux manches entre le trimaran géant d'Oracle, propriété du milliardaire américain Larry Ellison, et le grand catamaran Alinghi du Suisse Ernesto Bertarelli avait posé les bases de l'introduction des multicoques, au grand dam des puristes.