Montréal - Dimanche le 1er mai, l'Hippodrome de Montréal rendra hommage à l'entraîneur Colin Johnson, élu Entraîneur de l'année 2004 au Québec dans le domaine des courses de chevaux.

Avec en poche quatre championnats des entraîneurs à l'Hippodrome de Montréal et deux titres identiques à l'échelle canadienne, Colin Johnson est définitivement au sommet de son art depuis les dernières années. Il fait partie de cette nouvelle cuvée d'hommes de chevaux qui ont réécrit l'histoire des courses attelées au Québec.

Colin Johnson est né à Newcastle en Angleterre en 1966. Son père travaillait pour la compagnie Irving Oil dont le siège social est basé à St-Jean au Nouveau-Brunswick. Par commodité pour le paternel qui avait à voyager beaucoup, la famille a déménagé au Nouveau-Brunswick lorsque Colin était âgé de 15 ans.

"Je me souviens d'être arrivé au Canada et d'avoir trouvé cela bien différent, affirme Colin. C'était la première fois que je voyais un terrain de baseball et je ne comprenais pas ce qu'était le marbre car j'avais grandi seulement sur des terrains de soccer. Le style de vie était différent mais j'ai aimé grandir dans l'Est du pays pour ses opportunités. Maintenant, je me considère Canadien."

Poursuivant ses études au lycée, Johnson fait la rencontre d'un ami qui a complètement changé son orientation de carrière. "Scott Waddell, un ami à moi, était statisticien à la piste Exhibition Park Raceway au Nouveau-Brunswick. Après les classes, il me parlait de son travail et m'a amené un jour à la piste. J'ai été emballé par les chevaux."

Il n'en fallait pas plus pour que Colin fasse ses débuts auprès de la race chevaline. C'est à l'emploi de l'entraîneur Jody Hennessey qu'il a fait ses premiers pas. "Jody était sévère mais c'était le meilleur endroit pour apprendre. Je pense avoir nettoyer des stalles et des sulkies d'entraînement pendant un an avant d'avoir ma chance sur la piste avec un cheval."

En 1986, l'entraîneur Marcel Barrieau, natif des Maritimes, quittait son pays natal pour s'établir à Montréal. Il était à la recherche d'un employé et Colin, alors âgé de 20 ans, a décidé de le suivre. Barrieau lui aura appris à quel point il est important de bien préparer son cheval. Il est demeuré à cet endroit pendant trois ans avant de faire la rencontre de son épouse. Beaucoup de choses allaient changées.

"J'ai quitté Marcel lorsque j'ai rencontré mon épouse Debbie. Nous nous sommes relocalisés à Toronto où son frère vivait. Nous étions jeunes et nous voulions essayés autre chose dans la vie. J'avais également besoin de nouvelles connaissances si je voulais devenir entraîneur de chevaux."

À l'emploi de Tom Artandi, il a fait le Grand Circuit et il a pris soins de deux chevaux des plus talentueux, B J Scoot et Goalie Jeff.

À la naissance de leur premier enfant, Colin et Debbie reviennent à Montréal où selon eux, c'était le meilleur endroit pour élever une famille. Il se joint à l'écurie Rick Zéron, la tête d'affiche de l'époque sur la scène montréalaise. Trois ans plus tard, il fait la rencontre de Denis St-Pierre et tous deux deviennent associés. Des cinq chevaux qui composent l'écurie au départ, l'entreprise en compte 12 à 15 seulement deux mois plus tard.

En 1995, alors que les choses ne vont pas bien pour lui dans l'industrie des courses, il décide de prendre un certain recul et quitte le milieu des courses attelées pour être embauché par la compagnie de livraison United Parcel Service (UPS). "J'ai détesté chaque minute où j'ai travaillé là. Je ne suis vraiment pas fait pour un travail routinier; dans les chevaux, c'est différent chaque jour."

Un an plus tard, c'est à Toronto qu'il effectue un retour à ses anciennes amours. Après avoir entendu que Doug Berkeley, à l'époque un entraîneur de renom sur le circuit ontarien, est à la recherche d'un employé, il se joint à cette écurie de prestige et occupe cet emploi pendant deux ans et demi. Pour Johnson, côtoyer Berkeley lui aura permis d'apprendre de nouvelles technologies utilisées dans les soins apportés aux chevaux.

Par la suite, il refait surface sur la scène montréalaise et obtient de nouveau la confiance de plusieurs propriétaires. 1999 sera toutefois une année charnière. Ses protégés récoltent plus de 700 000 $ en bourses grâce notamment à Major Becquet, vainqueur de la Coupe des Éleveurs. La victoire de Canaco Simon dans la Gold Cup And Saucer disputée dans les Maritimes, sa terre d'adoption, aura aussi un cachet particulier.

Colin reconnaît que l'arrivée des Écuries Stena au sein de son équipe a contribué de façon importante à ses succès. On ne peut passer sous silence les exploits de l'ambleur Electric Stena qui a fait battre le cœur des amateurs et qui, aujourd'hui, est probablement la pierre angulaire de l'élevage au Québec.

Colin Johnson a connu sa meilleure saison en 2002 avec des gains en bourses de plus de 4 millions de dollars et 359 victoires, ce qui lui avait valu l'honneur d'être le plus jeune candidat en nomination au titre de "l'Entraîneur de l'année au Canada". Une distinction qui lui a échappée aux mains de Bill Robinson.

Cantonné à la Ferme Presqu'Ile, à quelques kilomètres de l'Hippodrome de Montréal, Johnson n'hésite jamais à parcourir des centaines de kilomètres pour prendre part à la compétition sur une autre piste du Québec et même de l'Ontario, si ses chances de réussite sont meilleures.

Âgé de 38 ans et père de deux enfants, il a réussi à bâtir une entreprise imposante et compte en carrière 1 715 victoires et des gains de 16.5 millions de $. Il a l'appui d'une bonne quinzaine d'employés pour l'aider dans l'entraînement d'une soixantaine de chevaux, parfois davantage selon la période de l'année.

Ses connaissances acquises au fil des années, sa riche expérience, l'esprit d'équipe qu'il a inculqué à ses troupes et ses longues journées de travail acharné sont les gages de sa réussite. Et grâce à ces éléments, les courses attelées au Québec connaîtront probablement encore longtemps la "dynastie Colin Johnson".