La pandémie de la COVID-19 a joué les trouble-fêtes
Sports divers jeudi, 24 déc. 2020. 11:49 jeudi, 12 déc. 2024. 14:47Section spéciale : 2020 plus jamais les mêmes
MONTRÉAL - La propagation rapide du coronavirus a posé un énorme défi à l'ensemble de la société en 2020, et le sport n'y a pas échappé.
L'annonce par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) qu'on avait affaire à une pandémie a provoqué une onde de choc dans le monde des sports à la mi-mars. Et les organisations sportives et les athlètes continueront à en vivre les conséquences au cours de la prochaine année, à tout le moins.
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Si la vague de suspensions, d'annulations et de reports de compétitions et d'événements a laissé les amateurs en manque pendant plusieurs semaines, elle a surtout fragilisé l'économie du sport même si on en mesure encore mal l'impact à plus long terme.
Si les principales ligues professionnelles nord-américaines sont parvenues à compléter leurs saisons, LNH, NBA et MLS, ou à présenter les leurs, MLB et NFL, l'absence de spectateurs a plombé les finances de nombreux clubs. Et c'est encore plus vrai pour les sports qui ne bénéficient pas de lucratifs contrats de télédiffusion. Parlez-en au commissaire de la Ligue canadienne de football?
Les chiffres sont révélateurs: la NBA a vu ses revenus reculer de 1,2 milliard $ US ou 10 pour cent par rapport à l'année précédente, et elle a perdu 800 millions $ en recettes à la billetterie à la suite de sa décision de s'installer dans la bulle d'Orlando pour compléter sa saison, qui a aussi exigé des investissements de 150 millions $.
La MLB a pour sa part accusé des pertes de revenus de 7,7 milliards $ en cette année pandémique. Si vous ajoutez la NFL, dont la saison est en cours, les trois ligues majeures auraient vu leurs revenus fondre d'environ 13 milliards $, selon diverses sources.
Sacrifices en perspective
Cette réalité semble avoir eu peu de conséquences pour l'instant sur les contrats consentis aux joueurs vedettes. En juillet, les Chiefs de Kansas City, champions du Super Bowl, se sont assurés de conserver les services de leur jeune quart-arrière Patrick Mahomes. Ils lui ont consenti une prolongation de contrat de 10 ans d'une valeur de 503 millions $.
Quelques jours plus tard, les Dodgers de Los Angeles ont consenti 365 millions $ sur 12 ans au voltigeur Mookie Betts.
Et plus tôt ce mois-ci, le basketteur Giannis Antetokounmpo a accepté une entente de 228 millions $ sur cinq ans des Bucks de Milwaukee.
Il faut toutefois entrevoir un retour du pendule, surtout si les différents circuits doivent présenter leurs matchs à huis clos au début de 2021.
Le commissaire Gary Bettman a d'ailleurs servi un avertissement aux joueurs de la LNH récemment, affirmant qu'ils devront probablement compenser d'une manière ou d'une autre pour la perte de revenus du circuit lorsque s'amorcera la saison 2020-21.
Même réalité en MLS, qui estime ses pertes à près d'un milliard $ comparativement à 2019. Les joueurs ont déjà subi une diminution de salaire de cinq pour cent.
Des jeux en sursis
Les Jeux olympiques de Tokyo reportés d'un an constituent un dossier qui continuera de défrayer les manchettes au cours des prochaines semaines.
Les organisateurs japonais et le Comité international olympique (CIO) ont beau tenté de se faire rassurant et de susciter l'enthousiasme autour de ces Jeux depuis leur report en mars dernier, les doutent persistent quant à savoir s'ils pourront s'ouvrir comme prévu le 23 juillet prochain.
Des sondages effectués ces derniers mois ont montré que les Japonais sont partagés sur la tenue des JO, une majorité étant en faveur d'un nouveau report, voire d'une annulation pure et simple. Et le coût supplémentaire du report, estimé à 2,8 milliards $ US, portant le budget total à environ 20 milliards $, contribue à refroidir encore plus l'opinion publique japonaise.
Plusieurs questions demeurent en suspens sur l'organisation des jeux. Même si la disponibilité des vaccins contre la COVID-19 se veut une lueur d'espoir, la présence de spectateurs sera-t-elle permise sur les sites de compétition et, si oui, dans quelle proportion? De plus, les spectateurs étrangers pourront-ils entrer sur le territoire japonais?
Et avec une deuxième vague virulente du virus qui frappe de nombreux pays, les athlètes qui doivent encore assurer leur sélection olympique auront-ils le temps et les occasions de le faire?
Le CIO et le comité organisateur se sont donné au moins jusqu'au printemps pour finaliser leur plan pour accueillir 11 000 athlètes et des milliers d'arbitres, de juges, de journalistes, de dignitaires et de commanditaires.
Rappelons que le Canada a joué le rôle de chef de file en devenant, le 22 mars, le premier pays à annoncer qu'il n'enverrait pas ses athlètes à Tokyo si les jeux se déroulaient comme prévu en juillet 2020.
Levée de boucliers
La mort de George Floyd, un Afro-Américain mort asphyxié lors d'une interpellation policière en mai, a mobilisé le monde du sport partout sur la planète comme jamais auparavant.
Et les prises de position ont dépassé le seul cadre des quelques sports où l'engagement des athlètes sur les sujets sociétaux n'est pas récent. Même dans l'environnement ultra-conservateur de la LNH ou de la Formule 1, des voix se sont élevées pour qu'on s'attaque au racisme.
On en garde plusieurs images fortes. Comme cette scène au moment de la relance officielle de la MLS, début juillet, à Orlando, quand près de 200 joueurs ont envahi le terrain pendant huit minutes et 46 secondes, le temps qu'a passé un policier blanc agenouillé sur le cou de Floyd - avant le match entre Orlando City SC et l'Inter Miami pour s'élever contre les injustices raciales. Vêtus de chandails noirs, poings gantés levés bien hauts, ce moment fort en émotions a fait forte impression.
Cet élan de solidarité s'est amplifié dans la foulée de l'affaire Jacob Blake, un jeune Afro-Américain grièvement blessé par un policier fin août, déclenchant un mouvement de boycottage qui a obligé la NBA et la LNH à reporter des matchs pendant deux jours.
Pour l'attaquant Evander Kane des Sharks de San Jose, membre de l'Alliance pour la diversité dans le hockey, cette suspension des matchs a permis d'envoyer « un message clair que les droits de la personne passent avant les sports. »
Changement d'identité
Autre sujet controversé qui a progressé ces derniers mois, les noms et logos d'équipes sportives faisant référence aux nations autochtones.
Les clubs de Washington dans la NFL, d'Edmonton dans la LCF et de Cleveland dans la MLB ont tour à tour annoncé qu'ils changeront de noms pour tenir compte des préoccupations et revendications sociales au sein des communautés autochtones.
Obligée de se pencher sérieusement sur cette question, l'Université McGill a pour sa part adopté le nom des Redbirds pour ses équipes sportives masculines cet automne.
Reste à voir si cette tendance se poursuivra en 2021, alors que de nombreuses autres équipes, des circuits mineurs aux rangs professionnels, portent toujours des noms racistes ou stéréotypés.