En février 2002, j’étais de l’équipe hockey aux Jeux olympiques de Salt Lake City. Mon rôle était celui d’animateur. Claude Quenneville était à la description et Michel Bergeron était l’analyste du match de la médaille d’or entre le Canada et les Etats-Unis. Si ma mémoire est bonne, 12 millions de Canadiens ont regardé ce match, un record national, à l’époque du moins.

Je me souviens que je me trouvais dans le coin de la patinoire pour l’ouverture. À ma gauche, il y avait le collègue de la CBC, Ron Maclean. À moins de cinq minutes du début du match, Don Cherry fait son apparition sous les applaudissements des spectateurs en liesse. Cherry est assurément une grande vedette et il demande alors une autre ovation pour le « French guy » à ses côtés, ovation que j’ai reçue dans ma plus grande incompréhension.

À la CBC, les segments de Coach’s Corner sont les plus regardés en dépit du fait que Cherry dit plus souvent qu’autrement des insanités que je refuse de répéter à cette tribune. Cela dit, il réussit à conserver son poste malgré les protestations, les lettres et les poursuites, la plus récente pourrait impliquer trois anciens bagarreurs de la LNH. Pourtant, la CBC et Radio-Canada ont les mêmes politiques. Récemment, trois employés de la Société d’État montréalaise ont subi les foudres de la direction, Gilles Duceppe, Jacques Languirand et Pierre Sormany. Deux poids, deux mesures n’est-ce pas !

La CBC refuse de sévir à l’endroit de Cherry. La raison est simple. Cherry survit parce que les cotes d’écoute du hockey sont exceptionnelles. En fait, Hockey Night in Canada arrive à faire survivre plusieurs émissions d’affaires publiques qui seraient autrement éliminées de la programmation.

Vraisemblablement, il est impossible de le faire taire et la CBC refuse de le congédier par peur de le perdre au profit d’un réseau privé. La CBC répète que les propos de Cherry, qu’ils soient racistes, sexistes et assurément rétrogrades ne reflètent pas ceux de l’entreprise. C’est une façon élégante pour la CBC de s’en sortir et une preuve qu’elle n’a pas l’intention d’agir, ni maintenant, ni jamais et que son salaire annuel de 750 mille dollars représente une aubaine profitable.

De l’avis général, Cherry est un clown d’une autre époque, un fou du roi, bref un zinzin. Alors, comment se fait-il qu’il y ait autant d’amateurs suspendus à ses lèvres ?

Stéphane Langdeau

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